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mardi 1 septembre 2015


Fermeture du campus social de l’ucad : Les étudiants plient bagages avec des complaintes
  • Par : Le Soleil | Le 01 septembre, 2015 à 16:09:17 |
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content_imageFermeture du campus social de l’ucad : Les étudiants plient bagages avec des complaintes         Prévue le 15 août dernier, puis prolongée jusqu’au 31 août, la fermeture du campus de Dakar est effective depuis ce lundi. Hier, dans la matinée, les derniers occupants étaient en train de plier bagages.  
En cette matinée de lundi fin août, un vent frisquet balaie les alentours de la cité des filles Aline Sitoé Diatta ex-Claudel du campus de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. L’ambiance enfiévrée habituelle a cédé la place à une atmosphère plus tranquille. Devant la grande porte de la cité, des valises et des bagages de toutes sortes sont alignées. A un rythme régulier, leurs propriétaires hèlent des taxis et embarquent. Au même moment, à l’intérieur de la cour, une jeune fille voilée traîne péniblement une grosse valise qui semble faire le double de son poids. Elle s’appelle Ndèye Arame Lô et est étudiante en Licence 3 à la Faculté de Droit. Comme  certaines de ses camarades, elle est dans l’obligation de quitter le campus ce lundi à 18 heures au plus tard, « délai de rigueur », précise Mme Thiam Ndèye Astou Sarr, chef du service de l’hébergement de la cité Claudel.
La fermeture du campus social de l’Ucad avait été fixée par les autorités du Coud au 15 août dernier avant que la mesure ne soit prolongée jusqu’ au 31 du même mois afin de permettre à certains étudiants de terminer leurs examens. « Cette fermeture est temporaire, les attributaires de chambres peuvent revenir et récupérer leurs clés en octobre et les occuper à nouveau jusqu’à la prochaine codification », ajoute Mme Thiam. Elle explique que cette mesure s’explique par un souci de procéder à la désinfection, à la dératisation et aux travaux de réfection des bâtiments, « comme cela se fait chaque année ».   Si l’on sait les conditions de vie et d’hébergement difficiles dans les chambres universitaires, cette décision est bien salutaire. Car à la cité Claudel, on compte quatre grands pavillons et huit petits pavillons pour un total de 988 lits.

Un gap de 149 lits
Le gap de 149 lits occasionné par la démolition du pavillon B2 n’est pas encore comblé. Du coup, les étudiantes sont obligées de s’entasser dans les chambres. Par exemple, à la chambre 76 du pavillon B3, le plus grand de la cité Claudel, Yaye Fatou Sène et ses amies y vivent à huit. Pour une pièce conçue pour deux occupantes, la promiscuité est plus qu’étouffante. « Nos deux lits ont été envahis par les punaises, nous avons été obligés de les sortir de la chambre et de dormir sur des matelas à même le sol. Nous espérons qu’à notre retour et après les opérations de désinfection, on nous en débarrassera », dit-elle tout en rangeant ses dernières affaires. Avec deux de ses amies, elles sont les dernières occupantes de la chambre. « Les cinq autres sont parties depuis longtemps. Nous, nous étions restées pour les besoins d’un concours », justifie cette étudiante en Licence 1 à la Faculté de Droit, ressortissante de Gagnick, un village situé dans la région de Kaolack.  Un étage plus haut, dans la chambre 136 presque vide, à part deux gros sacs rangés dans un coin, Yaye Assiétou Kébé, cheveux raz, couchée sur un matelas, éventail en main, est plongée dans ses cours.
Contrairement à ses sept camarades avec qui elle partage cette chambrette, cette étudiante en Master II d’Anglais est encore retenue par ses examens. « Je dois passer mes épreuves orales cet après-midi à partir de 15 heures. Mais le problème, c’est que les étudiants qui doivent passer sont nombreux et donc, il y a des risques que je sois renvoyée jusqu’à demain », souligne-t-elle d’une voix timide. La fermeture du campus étant fixée à 18 heures, elle est du coup en proie à un grand dilemme. Mais, prévenante, Yaye Assiétou a expliqué sa situation à la chef de résidence du pavillon qui lui a demandé de repasser pour voir ce qu’elle peut faire pour elle. « Si la dame n’accède pas à ma demande de dérogation, je serais obligée d’aller chez des parents à Dakar ; ce que je ne souhaite pas », confie-t-elle.

Cas des étudiants en Master
Selon elle, les autorités du Coud doivent se pencher sur la situation des étudiants en Master dont le calendrier est différent de celui des étudiants des autres niveaux. « Nous n’avons même pas encore fini notre premier semestre, puis nous avons nos mémoires et nos rapports à rédiger. Nous avons besoin de faire des recherches et de rencontrer nos encadreurs. Pour mon cas, en rentrant à Saint-Louis, je n’aurai pas cette opportunité », soutient-elle. Sur les raisons de la fermeture du campus, Yaye Assiétou pense qu’elles sont justifiées mais nourrit quand même quelques inquiétudes. « Chaque année, c’est le même refrain, mais quand je vois combien les chambres sont délabrées et sales à la rentrée, je me demande si réellement les opérations de désinfection ont été bien faites. Cette année, nous avons passé presque toutes les nuits sur les balcons à cause des punaises », confie-t-elle.
Au campus des garçons, où l’ambiance est beaucoup plus bruyante qu’à Claudel, c’est également l’heure du déménagement. Au pavillon B, l’écho des voix que renvoient les couloirs donne une idée de la situation : la quasi-totalité des occupants ont plié bagages. Ce que confirme M. Diack, le responsable du pavillon. « Presque tout le monde est parti, il y en a même certains qui n’ont pas attendu le deadeline pour remettre leur clé. Ceux qui sont encore sur place partiront d’ici 18 heures », dit-il. Il ajoute que les restaurants fermeront après le service du repas de midi. A la chambre 65 du pavillon B, Adama Sambou a fini de faire ses valises. Pour cet étudiant en 6ème année à l’Inseps, année de sortie, c’est son dernier hébergement au campus. « Je ne pourrai plus loger au campus, j’ai dû trouver une piaule dans le quartier de Liberté 4 », confie-t-il.

Elhadji Ibrahima THIAM

Le Soleil

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