L’homme africain "est entré dans l’histoire", a soutenu, jeudi, à Dakar,
le Premier ministre français Manuel Valls, s’inscrivant en faux contre
les thèses d’une allocution prononcée en 2007 dans la capitale
sénégalaise par Nicolas Sarkozy.
M. Sarkozy, président de
la République, avait prononcé une allocution à l’université Cheikh Anta
Diop (UCAD) de Dakar, dans le cadre d’une tournée africaine, devant des
étudiants, des enseignants et des personnalités politiques.
Il déclara que la colonisation fut une faute mais que "le drame de
l’Afrique" vient du fait que "l’homme africain n’est pas assez entré
dans l’Histoire. […] Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le
présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance. […] Dans cet
imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour
l’aventure humaine ni pour l’idée de progrès".
Ce
discours est resté controversé et avait suscité de très nombreuses et
critiques et réactions de chercheurs, d’universitaires africains et de
la société civile, mais également de personnalités occidentales.
Neuf ans après, le Premier ministre français Manuel Valls, lui aussi
en visite au Sénégal, a pris le contrepied de Nicolas Sarkozy, déclarant
: "Je crois profondément que l’homme africain est entré dans l’histoire
et que notre avenir se joue ici ensemble".
La France "est
une société métissée, mélangée par l’apport de l’immigration, toutes
les immigrations", a indiqué Manuel Valls, au cours d’une rencontre avec
les ressortissants français au Sénégal.
"Nous sommes un
peuple qui se retrouve dans ces valeurs. Et si nous sommes Français, ce
n’est pas à travers nos origines, nos religions où la couleur de notre
peau. C’est tout seulement parce qu’il y a une histoire que nous
partageons", a estimé M. Valls.
Ces propos du chef du
gouvernement français font échos aux dernières déclarations de M.
Sarkozy, candidat à la primaire de la droite pour la présidentielle
2017, à l’occasion de laquelle il compte briguer un nouveau mandat.
"Dès que l’on devient français, nos ancêtres sont gaulois", a par
exemple déclaré l’ancien président français, au cours d’un meeting le 19
septembre dernier.
Le destin de l’Europe et de l’Afrique
"doit se jouer ensemble sur un pied d’égalité, avec la ferme intention
de faire vivre encore ces valeurs", a rétorqué Manuel Valls.
Déjà, le président François Hollande, avait lui aussi déclaré que le
continent africain était "non seulement l’Histoire", mais aussi "une
partie de l’humanité", lors d’un déplacement à Dakar, dans le cadre du
dernier sommet de la Francophonie, tenu en novembre 2014 dans la
capitale sénégalaise.
dakaractu
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