Le journaliste Bara Diouf, premier sénégalais à diriger l’Agence de
presse sénégalaise (APS) après George Guiraud, décédé dans la nuit de
mardi à mercredi, confiait être venu à la tête de cette structure "par
accident" du 20 juillet 1961 au 21 février 1964.
’’Je suis venu par accident à l’APS", révélait Bara Diouf, dont
Mamadou Dia président du Conseil à l’époque ne voulait pas du fait de
ses ascendances ivoiriennes. Bara Diouf faisait un témoignage lors de la
cérémonie officielle de commémoration du 50-ème anniversaire de l’APS,
fondée en 1959.
"Quand Obèye Diop est parti voir
Mamadou Dia pour lui parler de moi, celui-ci lui a fait comprendre que
je ne pouvais pas intégrer le milieu de l’information, du fait que
j’étais peut-être un membre des jeunesses d’Houphouët Boigny, parce qu’à
l’époque les relations n’étaient au beau fixe avec la Côte d’Ivoire",
racontait M. Diouf dont la venue sera pourtant autorisée quelques années
plus tard par le même Mamadou Dia.
Ayant grandi en Côte
d’Ivoire, Bara Diouf a ensuite rejoint la France où il a suivi des
études en journalisme, nourri à la sève des revendications estudiantines
des jeunes africains de l’époque mais surtout imbu des valeurs
panafricanistes en tant que militant de la Fédération des étudiants
d’Afrique noire française (FEANF).
A la fin de ses études
qui ont coïncidé avec "l’éclatement de la FEANF", Bara Diouf racontait
qu’il ne savait plus où aller et c’est ainsi qu’il s’est retrouvé à
travailler pour le quotidien français Le Monde.
"Un jour un
certain Obèye Diop, ministre de l’Information est descendu à Paris à la
recherche d’un journaliste. Il a rencontré des gens du Monde qu’il
voulait faire venir à Dakar dans le cadre de la coopération pour l’aider
dans son travail. On lui a parlé de moi et le
lendemain on a pris un café au Richelieu", se souvenait-il.
"Il est revenu sur Dakar et a demandé à Mamadou Dia de me faire venir.
Mais comme les relations entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire n’étaient
pas au beau fixe, et comme j’avais grandi en Côte d’Ivoire
et que
j’avais même bénéficié de bourses de Houphouët Boigny, Mamadou Dia n’a
pas voulu, me soupçonnant de faire partie des jeunesses d’Houphouët"
précisait celui qui, quelques temps après, a été autorisé à diriger
l’APS par le président du Conseil.
’’Mais en 1959, au
sommet de la communauté française à Saint Louis, j’ai été désigné par Le
Monde à faire partie de la liste des journalistes qui devaient couvrir
l’évènement", ajoutait-il.
’’Alors Obèye Diop à qui on
avait envoyé la liste des journalistes accrédités est retourné voir
Mamadou Dia pour lui dire : +Le journaliste dont tu ne voulais pas, la
France l’envoie pour couvrir le
sommet. Et celui-ci de lui dire :
Alors faites tout pour qu’il ne reparte pas !+", racontait celui qui
sera le deuxième directeur de l’Agence qui va quitter en 1964 laissant
la place à Na Diallo.
dakaractu
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