Au moment où le débat public est centré sur les pétrodollars, des pétro
fantasmes diront les affidés au pouvoir. A l’heure des veillées
nocturnes pour la préparation des joutes électorales pour le HCCT et
les échéances à venir, nous autres « gorgorlous » la question que l’on
se pose est : Où vont nos impôts ?
J’ai lu un rapport de l’afro
baromètre sur le système sanitaire au Sénégal qui sans aucun doute a mis
le doigt sur les problèmes et sur le ras le bol des Sénégalais.
Au-delà des chiffres et autres analyses statistiques, par malheur,
j’ai fais une immersion ce vendredi que je qualifierais de « vendredi
blanc » (vendredi noir est idéologiquement chargé). Oui ce vendredi
avait la blancheur du linceul et des blouses de médecins
En
réalité les mots et les vocables n’ont pas la même signification dans le
milieu hospitalier et sur toute la chaine d’assistance des personnes
en danger de mort. Je vous propose un abécédaire des hôpitaux de
Dakar.
1-Sapeurs Pompiers
Un ami a eu la malchance de
croiser le chemin d’un chauffard de taxi à la station de Sebikotane,
ce vendredi à 9h 14mn, les pompiers aussitôt alertés, sont arrivés sur
les lieux de l’accident deux heures plus tard. L’accidenté était déjà
mal en point et avait perdu beaucoup de sang.
Le manque
d’équipements et de matériels de sauvetage chez les pompiers est criard,
ils se débrouillaient avec une planche qui servait de brancard et des
morceaux de tissus pour nettoyer la tête entaillée du pauvre accidenté.
Comment peut –on prétendre sauver où périr, si le pompier lui-même
est en danger ? Ils ne sauvent rien, pour ne pas périr dans ces
conditions.
2-Urgences
L’hôpital de pikine inaugurait
récemment avec faste et fanfares par la dame de l’OMS est supposé être
une structure militaire, donc sérieuse et compétente. Eh bien ! Que
nenni !, c’est plutôt un casino. Les accidentés à même le sol
gémissaient et gisant dans leur sang, devant l’indifférence totale du
personnel médical. Je me suis surpris en train de me demander : Mais
comment ils font ? Une voix intérieur me répondit sans doute ils sont
dopés. Par quelle substance je ne sais pas. Seulement, c’est ahurissant
de voir ces scènes d’horreurs et continuer à palabrer et chatter sur
facebook.
Et là, j’ai levé la tête pour regarder l’enseigne accroché devant la porte du bâtiment où on peut lire « URGENCES ».
Non, il n’y a rien d’urgent ici me disais-je. Soit l’académie
française à changer la signification du mot, soit ils se sont trompés de
vocabulaire.
Après avoir payé quatre factures de 10.000 Frs dont
deux pour faire la même radiographie, un bulletin de transfert nous a
été remis pour l’hôpital le dantec ou CTO.
J’attendais
l’ambulance pour justement nous transférer mais on m’a fait comprendre
que je devrais transporter le malade à mes frais. J’avais déjà épuisé
mes capacités d’indignation.
C’est donc un casino à sous et non un lieu de soins et d’assistance. Et cap sur l’hôpital le dantec.
3-Urgences chirurgicales
La rude journée passée à l’hôpital de Pikine m’avait déjà convaincu de ce que j’allais trouver sur place.
Un médecin parlant swahili avec sa collègue était presque irrité de
nous voir. On lui tendit le bulletin de transfert qu’il regarda avec
mépris et installa notre pauvre malade sur une chaise dans un petit
bureau aux murs lézardés et crasseux.
Le malade lui-même,
lui expliqua, malgré la souffrance, qu’il a juste besoin qu’on l’aide à
remettre en place l’épaule déboîté.
Après quelques tentatives
devant un groupe d’étudiants médusés, il abandonna la partie et plus de
nouvelle. Il nous revient vers minuit, alors que je commençais à perdre
patience et j’avais retrouvé ma capacité d’indignation, je proposais au
malade d’aller dans les cabinets privées.
Et là, j’ai été
témoin de deux faits inédits : une dame la trentaine assise sur un
chariot se tordant de douleur devant l’œil impuissant du mari. J’en
avais même oublié notre accidenté. Je demandai au mari pourquoi le
médecin marocain et sa copine refusaient d’admettre la dame ? Il
m’expliqua la voix étreinte et l’air très épuisé, « en effet, ma femme
a été opérée ici, mais apparemment ils ont raté l’opération et ils nous
avaient envoyé vers un neurochirurgien de l’hôpital Fann. Là bas, j’ai
attendu deux jours pour être renvoyé vers l’hôpital principal. Et de
l’hôpital principal, le médecin m’a remis un papier pour nous demander
de revenir à Dantec où l’opération avait été réalisée » .
Et après
rétorquai- je, pourquoi diantre ils ne veulent pas reprendre
l’opération ? Je n’attendais pas une réponse, parce que lui-même n’y
comprenait rien. Je lui propose instinctivement de porter plainte. Et,
là sa réponse était effrayante : « dou moudjié fénn » ( ça n’aboutira à
rien).
J’étais affligé et je me demandais pourquoi donc on paye
l’impôt, la TVA… Et pourquoi il n’y a que des marocains et autres
étrangers dans ce service aussi capital ? J’étais dévasté et je
regardais la femme qui n’attendais que la mort , par la faute d’un
chirurgien incompétent et que les parents démunis allaient s’en remettre
à l’ordre du créateur. Quelle injustice !
Cette dame n’était pas
un cas isolé. A peine que j’avais fini de reprendre mes esprits, une C3
se gara devant le bâtiment, un homme y sort accompagnait d’une dame
relativement âgée qui poussait des cris de douleurs.
Notre apprenti- chirurgien marocain sortit du bureau avec une fille blonde visiblement mal à l’aise.
La dame lui expliqua que c’était lui-même qui l’avait opérée ici deux
fois, et qu’elle était hospitalisée dans le même service durant cinq
mois.
La question du marocain était renversante : Oui je t’avais
opérée de quoi ? C’est quand même inquiétant d’avoir des chirurgiens à
notre chevet dans des moments aussi critique et qu’on reste cinq mois
avec lui et qu’il ne trouve rien d’intelligent à dire que de poser une
question aussi répugnante. L’énervement, l’incompréhension se mêla à la
fatigue et j’avais qu’une envie crier à tout le monde que dans ce service
on tue impunément et que l’acte médical était devenu une discipline des
jeux olympiques. Ces étrangers viennent donc s’entrainer sur nous et
rentrer tranquillement dans leurs pays respectifs.
4-Sécurité
Un habitué des établissements publics de santé est frappé par le
nombre impressionnant d’agents de sécurité. On ne versera pas dans la
citrique facile. La sécurité c’est important dans le contexte actuel.
Toutefois, le scandale se cache derrière les conditions sociales de ces
agents.
Au hasard de notre errance dans cet office sanitaire,
nous avons croisé un préposé à la sécurité, appelons-le Monsieur
Diakhoumpa, dans l’un des établissements cités plus haut. Mon instinct
d’ancien Directeur des Ressources Humaines (spécialiste en Ressources
Humaines) m’a poussé à lui demander comment on fait pour rentrer dans
ce corps des agents de securité.
Sa réponse était simple : « je
ne vous souhaite pas de porter cette tunique, nous avons 40 mille francs
de salaire pour six jours de travail par semaine, on n'a même pas de
contrat de travail ».
Voulant en savoir davantage, je lui dis que
ce n’est pas possible, vous êtes payés sur quelle base ? Monsieur
Diakhoumpa, m’expliqua : « On est payé sans états de salaires, c’est
juste une enveloppe qu’on nous remet à la fin du mois, on n’a pas d’IPM
encore moins de cotisations à l’PRES et à la Caisse de Sécurité Sociale
».
Ma conclusion a été très vite tirée, c’est encore une nouvelle
forme de trafique d’êtres humains ou encore pire de l’esclavage pour
enrichir des fonctionnaires corrompus et qui ont perdu leur humanité.
J’ai compris que c’est un montage scandaleux pour pomper les maigres
ressources de notre trésor public et exploiter une jeunesse qui n’a
plus d’issue et qui ne peut plus emprunter les bateaux de fortunes.
En définitive, ce « vendredi blanc » comme le linceul fut éprouvant
mais qu’à même riche. Cette journée m’a permis de comprendre que ce pays
va très mal et la dérive et toute proche.
Le système sanitaire
est pourri comme les autres systèmes d’ailleurs et son ministre est
constamment dans la pseudo dynamique pour tromper le peuple et son
patron.
L’Etat garant du respect des textes de lois et le premier
à violer la législation du travail, en acceptant d’engager des agences
de sécurité qui se moquent du code du travail.
Et pendant ce
temps-là, on nous tympanise à longueur de journée sur des sujets peu
porteur sur l’émergence encore moins sur le développement comme
l’élection des conseillers du Haut Conseil des Collectivités Locales, de
la double nationalité, de la bonne gouvernance, etc. Alors que
l’Urgence est aux Urgences dans nos hôpitaux, dans nos universités, dans
nos écoles, dans nos champs, dans notre système de transport, entre
autres.
Dr Bassirou NIANG.
drbassirou@gmail.com
dakaractu
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