Mariama Bâ, 35 après : Fulgurances d’éternité
Il y a 35 ans, le 17 août 1981, disparaissait à
Dakar, la romancière sénégalaise, enseignante et militante des droits des
femmes, Mariama Bâ, auteur du roman à succès Une si longue lettre (Nouvelles
éditions africaines du Sénégal, 1979), qui, même si elle n’a pas eu le temps de
laisser une bibliographie fournie, a marqué les esprits par son talent et son
militantisme pour des causes sociales et politiques.
Née le 17 avril en 1929 à Dakar, Mariama Bâ, très
tôt orpheline, a été éduquée par ses grands-parents qui lui inculquent les
croyances islamiques et les coutumes traditionnelles. Son père, Amadou Bâ,
ministre de la Santé à l’époque de la loi-cadre, l’inscrit à l’école. Elle fait
ainsi ses études primaires à l’école des filles (actuelle école Berthe
Maubert). En 1943, la directrice de l’école la retire du groupe des élèves qui
avaient opté pour le secrétariat et l’incite à passer le concours d’entrée à
l’Ecole normale des jeunes filles de Rufisque.
« Tout le monde, mais pas toi, lui dit la directrice malgré l’opposition de ses grands-parents. Tu es intelligente. Tu as des dons. Même si tu ne veux pas y aller, tu vas préparer le concours pour le renom de notre école. » Mariama Bâ passe le concours organisé à l’échelle de l’ex-AOF (Afrique occidentale française) et en sort première.
En classe, les devoirs de Mariama sont jugés très bons et le responsable de l’établissement montre l’un d’eux au directeur de la revue L’esprit, alors en visite au Sénégal. Ce dernier trouve le texte intéressant et le publie. De là date le penchant de Mariama Bâ pour l’écriture. Dans l’environnement scolaire, marqué par un engagement l’émancipation des femmes, et le progrès social, elle et ses camarades de promotion étaient « toutes engagées dans la voie du changement et appelées par le rêve d’une vie active ».
Militantisme associatif
Après quatre ans de formation, Mariama Bâ obtient son diplôme d’institutrice en 1947. Elle devient boursière pour poursuivre ses études au lycée Van Vollenhoven (actuel Lamine Guèye). Mais le décès, la même année, de sa grand-mère maternelle et tutrice brise cet élan. Elle effectue ses premiers pas d’enseignante à l’école de Médina. Pour des raisons de santé, cependant, elle quitte l’enseignement en 1959 et est affectée à l’inspection régionale de Diourbel.
Parallèlement à ses activités professionnelles, Mariama Bâ milite dans plusieurs associations féminines. Elle explique cette option par les « difficultés réelles » pour la femme à s’épanouir dans les mouvements politiques. « Si la femme est animée d’un idéal politique, si elle ne veut pas être un support, un objet qui applaudit, si elle a un message politique, il lui est difficile de s’insérer dans un parti politique », explique-t-elle en 1979. Pour elle, « quand on a envie de travailler sainement, qu’on ne recherche pas à être connue, les associations féminines offrent des cadres d’évolution aux angles plus arrondis ».
C’est déjà à l’école, « dans les ferments intellectuels où elle côtoie tant d’idées, que se scella définitivement le destin littéraire du futur écrivain. Elle éblouissait tant par son intelligence et derrière un air de rien, battait les records de bonnes notes dans la plupart des disciplines », rapporte sa fille, signalant que Mariama Bâ était originellement tentée par la poésie.
C’est un roman qui va la faire connaître. Elle publie, en 1979, aux Nouvelles éditions africaines du Sénégal (NEAS) Une si longue lettre. Dès ce premier ouvrage, elle fait l’unanimité autour de son talent. Traduit plus tard en 17 langues, dont l’allemand, l’anglais et le japonais, il lui vaut le Prix Noma en 1980. Il a été traduit en wolof par Mame Younousse Dieng et Arame Fal, sous le titre Bataaxal bu gudde nii (publiée en 2007 par les Nouvelles éditions africaines du Sénégal et reprise telle quelle, en 2015, dans la collection ‘Céytu’ dirigée par l’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop).
Une si longue lettre, Annette Mbaye d’Erneville
Pour que Mariama Bâ fasse le saut, elle a eu les encouragements de la journaliste Annette Mbaye d’Erneville, alors directrice des programmes de Radio-Sénégal et membre du comité de lecture des Nouvelles éditions africaines du Sénégal (NEAS) présidé par Birago Diop. Après avoir reçu une critique exhaustive de La grève de bàttu (roman d’Aminata Sow Fall, paru en 1979), par Annette Mbaye d’Erneville, Birago se plaint du fait qu’il n’y avait pas beaucoup de femmes sénégalaises en littérature. La journaliste lui promit alors de lui amener un manuscrit de Mariama Bâ.
« Je lui ai déposé le texte de Mariama Bâ à son cabinet vétérinaire. Le lendemain, il m’appela pour me demander : ‘Mais qui est cette bête de plume ? Je voudrais la connaître’. Elle connaissait les textes de Birago, mais ne l’avait jamais rencontré Birago. Lui, il ne la connaissait pas. C’est comme ça que (le roman) Une si longue lettre est né’’, raconte Annette Mbaye d’Erneville. L’ouvrage raconte l’histoire de Ramatoulaye, qui, après le décès de son mari, met à profit la période de deuil pour faire le point sur sa vie et réfléchir aux sujets auxquels la société qui l’entoure doit faire face : polygamie, castes, exploitation de la jeunesse …
Le deuxième roman de Mariama Bâ, Un chant écarlate, publié à titre posthume (NEAS, Dakar, 1982 – traduit en 7 langues), souligne les difficultés auxquelles les mariages interraciaux se heurtent souvent : opposition familiale, choc culturel, etc.
A propos de ce livre, Annette Mbaye d’Erneville se souvient de la dernière fois qu’elle a vu Mariama Bâ, celle-ci lui dit : « Je vais changer la fin du roman, parce qu’il y a trop de morts ». « Dans la première mouture, elle faisait mourir tous les trois personnages principaux, raconte Annette Mbaye d’Erneville. Elle me dit : ‘Il n’y a que le petit qui va mourir, parce que lui, personne ne l’accepte. Il risque d’être malheureux’. C’est alors que je suis allée déposer la version définitive du manuscrit chez Roger Dorsinville. »
« Sources profondes des vertus universelles ».
Dans la biographie qu’elle consacre à sa mère, Mariama Bâ ou les allées d’un destin (Nouvelles édition africaines du Sénégal, 2007, 258 pages), Mame Coumba Ndiaye, née du premier des trois ménages de l’icône du féminisme, met en lumière la personnalité complexe, le militantisme féministe et le génie littéraire de la romancière.
L’auteur a ainsi voulu « illustrer dans des pages vivantes l’une des figures les plus fascinantes de l’histoire du féminisme africain, dont la contribution bien spécifique dans son genre doit servir à l’édification des générations montantes afin qu’elles s’en inspirent et évaluent le crédit qu’elles peuvent en tirer ».
La préfacière de la biographie, Aminata Maïga Kâ, qualifie l’essai de « belle élégie pour une mère ! ». « Mame nous promène de la naissance de Mariama, le 17 avril 1929, à sa mort le 17 août 1981. Elle retrace son enfance, sa généalogie, sa vie d’écolière, de normalienne, d’épouse, de mère et d’écrivain. Pour cela, elle fait une incursion, documents à l’appui, dans l’histoire du Sénégal et de l’AOF (Afrique occidentale française) pendant ce dernier siècle qu’à vécu Mariama Bâ », écrit-elle, ajoutant : « Mame Coumba s’avère une historienne de talent, un critique littéraire sans complaisance, un psychologue hors-pair, bien au fait des us et coutumes de sa société ».
« Mariama Bâ est liée à son époque, elle se situe au confluent de la tradition et du modernisme avec ses implications dans une société en pleine mutation, écrit Aminata Maïga Kâ. Ce sont là autant d’informations capitales qui constituent la clef de ses ouvrages, mais restent en grande partie inaccessibles aux lecteurs, faute de livre sur elle. »
En elle, relève Mame Coumba Ndiaye, « la majorité des femmes d’aujourd’hui se reconnaissent non essentiellement pour des raisons que l’on avance, liées aux libertés nécessaires arrachées par les femmes au cours du (20ème) siècle, mais pour d’autres infiniment plus simples, plus éclairées : le retour aux sources profondes des vertus universelles ». Cette volonté, poursuit-elle, tend au « refus d’être l’objet utilisé, entretenu et rejeté’’, afin d’être placée au rang de ‘’désir d’accomplissement de soi par le travail dans le circuit économique, de se battre ni pour l’homme, ni contre les hommes (qui ne sont pas des ennemis), mais pour son épanouissement personnel ».
Force de caractère, combativité
« Voilà l’héritage que nous a légué Mariama Bâ, une femme dont le refus de la médiocrité a servi de tremplin, et que des abîmes d’incompréhension ont voulu maintenir dans la masse », souligne Mame Coumba Ndiaye, estimant que « le reste appartient à la légende qui entretient le culte de certains qui se veulent pourtant simples et proches de nous ».
Le féminisme militant des premières Normaliennes de l’AOF ne s’est pas manifester sans créer des réactions d’hostilité, surtout de la part d’intellectuels. Pour sa fille, ce « contexte fortement réactionnaire, fait de tensions multiples, entre l’ancien et le moderne », poussant Mariama Bâ à s’engager pour être fidèle à ses convictions. Elle a été, de 1978 à 1980, secrétaire générale du club Soroptimiste de Dakar.
Au-delà de l’institutrice, de la militante des associations féminines et de la romancière de talent, Mame Coumba Ndiaye raconte sa maman, une femme pleine d’amour qui forçait le respect autour d’elle. Dans son essai, elle dresse u portrait intimiste de sa mère, insistant sur sa force de caractère de sa mère, sa combativité face aux aléas de la vie, au rang desquels figurent ses trois divorces et sa lutte contre le cancer qui l’a emportée alors qu’elle terminait le manuscrit de son deuxième roman.
C’est â l’âge de 52 ans que disparaît Mariama Bâ, laissant derrière elle la réputation d’un écrivain intelligent, talentueux et doué, et le goût amer d’une carrière inachevée.
Sur la mort de sa mère, Ndèye Coumba Ndiaye a cette conclusion magistrale : « La rigueur acharnée du destin était plus forte que son combat pour un idéal jamais apaisé. Elle venait d’interrompre ainsi une lutte, tout un chapitre de l’histoire féminine. Mais une aura de mystère enveloppe certains êtres et leur vie, si brève soit-elle, laisse derrière eux, dans le souvenir, un sillage d’éternité. C’est bien le cas de Mariama Bâ »
« Tout le monde, mais pas toi, lui dit la directrice malgré l’opposition de ses grands-parents. Tu es intelligente. Tu as des dons. Même si tu ne veux pas y aller, tu vas préparer le concours pour le renom de notre école. » Mariama Bâ passe le concours organisé à l’échelle de l’ex-AOF (Afrique occidentale française) et en sort première.
En classe, les devoirs de Mariama sont jugés très bons et le responsable de l’établissement montre l’un d’eux au directeur de la revue L’esprit, alors en visite au Sénégal. Ce dernier trouve le texte intéressant et le publie. De là date le penchant de Mariama Bâ pour l’écriture. Dans l’environnement scolaire, marqué par un engagement l’émancipation des femmes, et le progrès social, elle et ses camarades de promotion étaient « toutes engagées dans la voie du changement et appelées par le rêve d’une vie active ».
Militantisme associatif
Après quatre ans de formation, Mariama Bâ obtient son diplôme d’institutrice en 1947. Elle devient boursière pour poursuivre ses études au lycée Van Vollenhoven (actuel Lamine Guèye). Mais le décès, la même année, de sa grand-mère maternelle et tutrice brise cet élan. Elle effectue ses premiers pas d’enseignante à l’école de Médina. Pour des raisons de santé, cependant, elle quitte l’enseignement en 1959 et est affectée à l’inspection régionale de Diourbel.
Parallèlement à ses activités professionnelles, Mariama Bâ milite dans plusieurs associations féminines. Elle explique cette option par les « difficultés réelles » pour la femme à s’épanouir dans les mouvements politiques. « Si la femme est animée d’un idéal politique, si elle ne veut pas être un support, un objet qui applaudit, si elle a un message politique, il lui est difficile de s’insérer dans un parti politique », explique-t-elle en 1979. Pour elle, « quand on a envie de travailler sainement, qu’on ne recherche pas à être connue, les associations féminines offrent des cadres d’évolution aux angles plus arrondis ».
C’est déjà à l’école, « dans les ferments intellectuels où elle côtoie tant d’idées, que se scella définitivement le destin littéraire du futur écrivain. Elle éblouissait tant par son intelligence et derrière un air de rien, battait les records de bonnes notes dans la plupart des disciplines », rapporte sa fille, signalant que Mariama Bâ était originellement tentée par la poésie.
C’est un roman qui va la faire connaître. Elle publie, en 1979, aux Nouvelles éditions africaines du Sénégal (NEAS) Une si longue lettre. Dès ce premier ouvrage, elle fait l’unanimité autour de son talent. Traduit plus tard en 17 langues, dont l’allemand, l’anglais et le japonais, il lui vaut le Prix Noma en 1980. Il a été traduit en wolof par Mame Younousse Dieng et Arame Fal, sous le titre Bataaxal bu gudde nii (publiée en 2007 par les Nouvelles éditions africaines du Sénégal et reprise telle quelle, en 2015, dans la collection ‘Céytu’ dirigée par l’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop).
Une si longue lettre, Annette Mbaye d’Erneville
Pour que Mariama Bâ fasse le saut, elle a eu les encouragements de la journaliste Annette Mbaye d’Erneville, alors directrice des programmes de Radio-Sénégal et membre du comité de lecture des Nouvelles éditions africaines du Sénégal (NEAS) présidé par Birago Diop. Après avoir reçu une critique exhaustive de La grève de bàttu (roman d’Aminata Sow Fall, paru en 1979), par Annette Mbaye d’Erneville, Birago se plaint du fait qu’il n’y avait pas beaucoup de femmes sénégalaises en littérature. La journaliste lui promit alors de lui amener un manuscrit de Mariama Bâ.
« Je lui ai déposé le texte de Mariama Bâ à son cabinet vétérinaire. Le lendemain, il m’appela pour me demander : ‘Mais qui est cette bête de plume ? Je voudrais la connaître’. Elle connaissait les textes de Birago, mais ne l’avait jamais rencontré Birago. Lui, il ne la connaissait pas. C’est comme ça que (le roman) Une si longue lettre est né’’, raconte Annette Mbaye d’Erneville. L’ouvrage raconte l’histoire de Ramatoulaye, qui, après le décès de son mari, met à profit la période de deuil pour faire le point sur sa vie et réfléchir aux sujets auxquels la société qui l’entoure doit faire face : polygamie, castes, exploitation de la jeunesse …
Le deuxième roman de Mariama Bâ, Un chant écarlate, publié à titre posthume (NEAS, Dakar, 1982 – traduit en 7 langues), souligne les difficultés auxquelles les mariages interraciaux se heurtent souvent : opposition familiale, choc culturel, etc.
A propos de ce livre, Annette Mbaye d’Erneville se souvient de la dernière fois qu’elle a vu Mariama Bâ, celle-ci lui dit : « Je vais changer la fin du roman, parce qu’il y a trop de morts ». « Dans la première mouture, elle faisait mourir tous les trois personnages principaux, raconte Annette Mbaye d’Erneville. Elle me dit : ‘Il n’y a que le petit qui va mourir, parce que lui, personne ne l’accepte. Il risque d’être malheureux’. C’est alors que je suis allée déposer la version définitive du manuscrit chez Roger Dorsinville. »
« Sources profondes des vertus universelles ».
Dans la biographie qu’elle consacre à sa mère, Mariama Bâ ou les allées d’un destin (Nouvelles édition africaines du Sénégal, 2007, 258 pages), Mame Coumba Ndiaye, née du premier des trois ménages de l’icône du féminisme, met en lumière la personnalité complexe, le militantisme féministe et le génie littéraire de la romancière.
L’auteur a ainsi voulu « illustrer dans des pages vivantes l’une des figures les plus fascinantes de l’histoire du féminisme africain, dont la contribution bien spécifique dans son genre doit servir à l’édification des générations montantes afin qu’elles s’en inspirent et évaluent le crédit qu’elles peuvent en tirer ».
La préfacière de la biographie, Aminata Maïga Kâ, qualifie l’essai de « belle élégie pour une mère ! ». « Mame nous promène de la naissance de Mariama, le 17 avril 1929, à sa mort le 17 août 1981. Elle retrace son enfance, sa généalogie, sa vie d’écolière, de normalienne, d’épouse, de mère et d’écrivain. Pour cela, elle fait une incursion, documents à l’appui, dans l’histoire du Sénégal et de l’AOF (Afrique occidentale française) pendant ce dernier siècle qu’à vécu Mariama Bâ », écrit-elle, ajoutant : « Mame Coumba s’avère une historienne de talent, un critique littéraire sans complaisance, un psychologue hors-pair, bien au fait des us et coutumes de sa société ».
« Mariama Bâ est liée à son époque, elle se situe au confluent de la tradition et du modernisme avec ses implications dans une société en pleine mutation, écrit Aminata Maïga Kâ. Ce sont là autant d’informations capitales qui constituent la clef de ses ouvrages, mais restent en grande partie inaccessibles aux lecteurs, faute de livre sur elle. »
En elle, relève Mame Coumba Ndiaye, « la majorité des femmes d’aujourd’hui se reconnaissent non essentiellement pour des raisons que l’on avance, liées aux libertés nécessaires arrachées par les femmes au cours du (20ème) siècle, mais pour d’autres infiniment plus simples, plus éclairées : le retour aux sources profondes des vertus universelles ». Cette volonté, poursuit-elle, tend au « refus d’être l’objet utilisé, entretenu et rejeté’’, afin d’être placée au rang de ‘’désir d’accomplissement de soi par le travail dans le circuit économique, de se battre ni pour l’homme, ni contre les hommes (qui ne sont pas des ennemis), mais pour son épanouissement personnel ».
Force de caractère, combativité
« Voilà l’héritage que nous a légué Mariama Bâ, une femme dont le refus de la médiocrité a servi de tremplin, et que des abîmes d’incompréhension ont voulu maintenir dans la masse », souligne Mame Coumba Ndiaye, estimant que « le reste appartient à la légende qui entretient le culte de certains qui se veulent pourtant simples et proches de nous ».
Le féminisme militant des premières Normaliennes de l’AOF ne s’est pas manifester sans créer des réactions d’hostilité, surtout de la part d’intellectuels. Pour sa fille, ce « contexte fortement réactionnaire, fait de tensions multiples, entre l’ancien et le moderne », poussant Mariama Bâ à s’engager pour être fidèle à ses convictions. Elle a été, de 1978 à 1980, secrétaire générale du club Soroptimiste de Dakar.
Au-delà de l’institutrice, de la militante des associations féminines et de la romancière de talent, Mame Coumba Ndiaye raconte sa maman, une femme pleine d’amour qui forçait le respect autour d’elle. Dans son essai, elle dresse u portrait intimiste de sa mère, insistant sur sa force de caractère de sa mère, sa combativité face aux aléas de la vie, au rang desquels figurent ses trois divorces et sa lutte contre le cancer qui l’a emportée alors qu’elle terminait le manuscrit de son deuxième roman.
C’est â l’âge de 52 ans que disparaît Mariama Bâ, laissant derrière elle la réputation d’un écrivain intelligent, talentueux et doué, et le goût amer d’une carrière inachevée.
Sur la mort de sa mère, Ndèye Coumba Ndiaye a cette conclusion magistrale : « La rigueur acharnée du destin était plus forte que son combat pour un idéal jamais apaisé. Elle venait d’interrompre ainsi une lutte, tout un chapitre de l’histoire féminine. Mais une aura de mystère enveloppe certains êtres et leur vie, si brève soit-elle, laisse derrière eux, dans le souvenir, un sillage d’éternité. C’est bien le cas de Mariama Bâ »
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