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mercredi 1 mars 2017

Découverte de gaz à Cayar: les 590 milliards de M3 sur toutes les lèvres


Dans le cadre du projet Ford «publiez ce que vous payez», le collège de veille d’alerte et d’action de Cayar (covaac) a organisé un forum populaire sur les enjeux de l’exploitation de la découverte de gaz dont la réserve est estimée à 590 milliards de m3. La rencontre a été l’occasion de disséminer le rapport 2014 de l’initiative pour la transparence dans les industries extractives (itie)

Le Sénégal a découvert d’importantes ressources en hydrocarbures en 2014, dans le bloc de Sangomar, avec une réserve estimée à 473 millions de barils et en 2015, du gaz classé au rang mondial dont la réserve est estimée à 590 milliards de m3, à cheval entre la Mauritanie et le Sénégal, dans les blocs de Cayar et de Saint-Louis. De telles découvertes ont suscité un débat sans précédent dans le pays. Et pour anticiper sur les évènements et dans le cadre du projet Ford, « Publiez Ce Que Vous Payez », le Collège de Veille d’Alerte et d’Action de Cayar (Covaac) a organisé un forum communautaire regroupant les décideurs locaux, les acteurs de la pêche et de l’agriculture, les Associations sportives et culturelles (Asc) et tous les pans de la société.

Selon Abdoul Aziz Diop, coordonnateur de la coalition «Publiez ce que vous payez», par ailleurs coordonnateur régional du Forum civil, c’est le moment de poser le débat public informel, car il s’agit de ressources qui appartiennent au peuple sénégalais et que l’Etat devrait gérer au bénéfice de ce peuple. Mais pour que les populations puissent en bénéficier, il faut trois leviers. Il s’agit de la transparence dans toute la chaîne des valeurs depuis l’octroi des licences, des contrats, des conventions, etc. L’autre aspect c’est la gestion responsable, respectueuse de tous les droits des communautés, des populations impactées. Et le troisième levier, c’est la répartition équitable des ressources générées par l’exploitation.

Pour le cas du pétrole, dit-il, Kayar est actuellement dans une posture d’attente et c’est légitime. «Kayar était connue pour la pêche, le maraîchage dans la zone des Niayes. Si maintenant le pétrole et le gaz sont bien gérés, ils peuvent devenir une bénédiction non seulement pour les populations locales, mais aussi pour l’ensemble du pays. C’est pourquoi, nous sommes venus à Kayar poser ce débat de façon publique. Il y aura à coup sûr des impacts négatifs et positifs, mais aussi des opportunités et c’est le moment de s’organiser, dans la perspective de conventions locales de développement, l’Etat n’ayant pas transféré les compétences sur les mines, le pétrole, le gaz. Ainsi, il sera créé les conditions pour dépasser les logiques  contradictoires notées souvent entre les emprises pétrolières ou gazières et les populations locales. Il s’agit d’entreprises qui sont venues pour faire des bénéfices face à des populations qui sont dans une logique de survie. Donc, il appartient à l’Etat, chargé de gérer ces ressources au profit de ces populations, de jouer la carte des équilibres, pour que tout le monde y trouve son compte», affirme-t-il.

Abdoulaye Guèye coordonnateur de Kayar Développement Durable et Démocratique souligne que les populations n’ont pas voulu attendre la mise en route effective du projet, pour porter des brassards rouges et dénoncer à tout vente. «C’est pourquoi, nous avons invité la société civile, la coalition Publiez Ce que Vous Payez pour recueillir le maximum d’informations qui nous permettront demain de savoir où mettre les pieds. Nous sommes dans une position de prospérité avec la pêche et il est clair que l’exploitation du gaz aura son impact négatif sur cette situation. La plateforme d’exploitation sera à 69 kilomètres de Kayar et il y aura un périmètre de sécurité où les pêcheurs ne pourront plus avoir accès. Notre souhait est que cette découverte au large de nos côtes puissent apporter un plus au développement local. Cette rencontre est initiée pour montrer aux populations que le secteur de l’emploi qui pourrait connaître un essor. Des groupements d’intérêt économique (Gie) pourraient naître partout pour proposer des services afin de capter les retombées de cette nouvelle donne économique».

«LA CONTRIBUTION GLOBALE DU SECTEUR DES MINES EST DE 117 MILLIARDS EN 2014»

Pour Abdoul Aziz Diop le Cospetrogaz doit prendre en charge aussi bien les questions stratégiques que les aspects communautaires. Il souhaite également que la société civile spécialisée sur ces secteurs soit  incluse. «Que l’État évite la symétrie de l’information et que la loi sur  l’accès à l’information soit accélérée, sinon les populations traduiront toujours leurs préoccupations en connaissances. Le forum communautaire de Kayar a également été l’occasion de la dissémination du rapport de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie)». Ce rapport, selon Abdoul Aziz Diop, a permis d’avoir toutes les informations contextuelles sur les revenus générés par les secteurs géostratégiques, en l’occurrence les ressources minières, pétrolières et gazières. «Le premier rapport sorti en 2013 avait parlé de 46 milliards dont 43 milliards pour le secteur minier et 3 milliards pour le secteur des hydrocarbures. Le rapport de 2014 qui vient d’être publié indique que la contribution globale du secteur est de 117 milliards dont 49 milliards qui constituent un paiement exceptionnel d’Arcelor Mittal suite au contentieux avec l’Etat du Sénégal. Aujourd’hui, nous ne sommes pas encore un pays minier. Si nous voyons la contribution du secteur, c’est 2% du Produit Intérieur Brut (PIB). Les ressources minérales de façon globale, c’est 0,22% de la population active. Elles enrôlent 6.271 emplois sur toute l’étendue du territoire nationale».



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