Le Président directeur
général (Pdg) du Groupe Walfadjri, Sidy Lamine Niasse, a étalé dans son
ouvrage «Un étranger parmi les siens», les tares des différents régimes,
caractérisées par une gestion patrimoniale et la construction de
clivages pour exclure un bon nombre de Sénégalais qui se sentent
étrangers dans leur propre pays.
Sidy Lamine Niasse qui a
présenté hier son livre parrainé par le khalife de Pire Moustapha Cissé
estime que le mal est hérité des colons. Mais, le conseiller du
président de la République Hamidou Dia pense que Sidy Lamine Niasse ne
peut pas être un étranger au Sénégal comme il le prétend. Il s’agit peut-être d’une confusion d’identité et d’appartenance.
Le
Pdg du Groupe Walfadjri, Sidy Lamine Niasse a posé un regard critique
sur l’histoire politique du Sénégal caractérisée par une gestion
patrimoniale et des clivages. Dans son ouvrage qu’il a présenté hier, en
présence de guides religieux des différentes confréries et des
représentants du pouvoir et de l’opposition, le patron de Walfadjri a
partagé son histoire politique moderne du Sénégal. «Un étranger parmi
les siens» est un cri de cœur de Sidy Lamine Niasse pour exprimer sa
colère sur le système clanique des différents pouvoirs qui se sont
succédé et hérités du colon.
«Je suis moi-même la matière du
livre. C’est un livre de bonne foi. Beaucoup de Sénégalais ne se
retrouvent pas dans la gestion des affaires publiques, parce qu’ils sont
exclus par le système hérité du colonisateur. Et ce que l’Etat des
Almamy refusait au Fouta avec l’envahissement du colon, à savoir la
gestion familiale du pouvoir et sans partage, c’est ce à quoi on
continue de s’opposer encore au Sénégal», a déclaré le Pdg de Walfadjri
dès l’entame de son propos.
A l’en croire, c’est une élite qui
continue d’accaparer le pouvoir en laissant en rade plusieurs
Sénégalais. D’où le sens du titre de son ouvrage : «Un étranger parmi
les siens». S’inspirant, dit-il, d’Albert Camus (l’Etranger) et de
Hegel, M. Niasse estime qu’il faut se départir du legs des colons pour
avoir la liberté, la démocratie et le sens d’appartenance au Sénégal.
«Dans
le livre, je parle à la troisième personne du singulier. Mon expérience
de la vie est la même pour la plupart des Sénégalais. On peut citer par
exemple les arabisants qui sont laissés pour compte ainsi que des
Sénégalais qui ont appris à l’école française, mais qui habitent la
banlieue et les villages. Donc, tous ces laissés pour compte se sentent
comme des étrangers dans le pays», explique le patron de Walfadjri. On
peut vérifier ce sentiment d’exclusion, dit-il, dans certaines contrées
du pays.
«Il suffit d’aller dans certaines localités à
l’intérieur du Sénégal, on vous dira comment vont «Wa Sénégal». Cela
veut dire qu’ils ne se considèrent pas comme des Sénégalais à part
entière, mais des étrangers. C’est un sentiment de frustration qu’on
laisse grandir en créant des classes et des clivages, en excluant une
partie de la population. C’est pourquoi, j’ai voulu insister sur la voix
des sans voix pour les oubliés. C’est un cri de cœur», argumente-t-il.
Cette
pratique est propre, indique Sidy Lamine Niasse, à tous les régimes.
«Je ne parle pas de différents régimes, mais je vois un seul régime au
Sénégal. Ce régime colonial est hérité par Senghor, et depuis lors c’est
la continuité. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Le jour où nous
serons indépendants et libres, nous aurons un autre Sénégal», relève le
patron de Walfadji qui affiche de temps à autre un large sourire. Pour
lui,
le pays est plein de richesses, mais elles sont exploitées
par les étrangers. En illustre, dit-il, le train qui transporte le
phosphate et débarque le produit au port. «Nous n’y gagnons rien du
tout, aller voir les réalisations à Taïba. Les bateaux étrangers
viennent piller nos ressources halieutiques. C’est valable pour le
fer et ça sera la même chose pour le pétrole», prédit l’auteur de
plusieurs livres pamphlétaires.
Hamidou Dia : «Vous êtes un homme controversé»
Cependant,
le conseiller du président de la République, Pr Hamidou Dia, demande
d’emblée au Pdg de Walfadjri de ne pas faire la confusion entre
l’identité et l’appartenance. Car, selon le représentant du chef de
l’Etat, Sidy Lamine Niasse n’est pas autant qu’il le pense un étranger.
Parce que dans le livre, il relate son parcours qui dénote son identité.
«Toute identité est définie par un parcours. Sidy a un parcours riche
parce qu’il s’interroge toujours et affiche sa préoccupation à savoir :
quoi faire ? Tout le monde reconnaît votre courage puisqu’écrire un
livre c’est partager ses idées, mais aussi s’exposer. Vous êtes un homme
controversé, mais qui aime le savoir.
Et les épreuves que
vous traversez sont normales pour les hommes de bonne volonté», détaille
Hamidou Dia qui dépeint Sidy Lamine Niasse comme un homme révolté et
habillé par une réflexion têtue. «Votre parcours ne renie rien ce que
vous êtes. Vous n’êtes pas étranger chez vous, mais vous ne pouvez pas
être satisfait. Donc, il faut faire la différence entre identité et
appartenance. Et ne cherchez pas à sortir de votre ambiguïté, parce que
comme le disait un Président français, cela vous détruit», soutient M.
Dia en présence du secrétaire d’Etat à l’Alphabétisation, Youssou Touré.
(L'AS)
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