La mobilisation a été
forte, le samedi 26 novembre 2016, lors de l’Assemblée générale
extraordinaire de l’Union des Magistrats du Sénégal (Ums), au Palais de
justice de Dakar. L’écrasante majorité des juges a invité
solennellement le gouvernement à maintenir l’âge de la retraite à 65 ans
pour tous les magistrats. Détails d’un huis-clos électrique.
Les
juges, en majorité, ont rejeté le projet de loi organique abrogeant et
remplaçant la loi organique n° 2008-35 du 08 août 2008 relatif à la Cour
suprême et qui allonge, entre autres changements, l’âge de la retraite
de certains juges, de 65 à 68 ans et celui relatif au nouveau Statut des
magistrats. C’était samedi 26 novembre 2016, au Palais de justice
Lat-Dior lors de l’Assemblée générale extraordinaire de l’Union des
Magistrats du Sénégal (Ums). Selon nos sources, il y a eu une
mobilisation particulière pour cette rencontre. Les membres du bureau
exécutif, du comité de ressort et du comité de juridiction étaient
massivement présents.
Le Secrétaire général du ministère de la
Justice, l’ancien directeur de l’administration pénitentiaire, Cheikh
Tidiane Diallo et Mme Rokhaya Siby Diabé, directrice des Services
Juridiques, ont tenté, dès le début de la rencontre, de défendre la
position et les préoccupations de la chancellerie qu’ils
«représentaient».
Mais ils ont été rapidement mis en minorité
par l’écrasante majorité des intervenants qui a exigé que l’on
maintienne les 65 ans.
Au cours de l’Assemblée générale qui
s’est tenue entre 10h30 et 14h15, l’idée a été émise de faire un
plaidoyer au niveau des parlementaires pour les sensibiliser. «Tout
s’est bien passé dans l’ensemble, il n’y a pas eu de dérapage. Les
interventions étaient argumentées. En général, ce sont les mêmes qui
assistaient aux Assemblées générales, mais cette fois on était plus
nombreux et il y avait de nouvelles têtes. Cela prouve l’intérêt de
cette réforme.
Tout le monde a fustigé la proposition stupide du
garde des Sceaux. Nous avons demandé que le texte soit retiré du
circuit ou au moins qu’il y ait un nouvel examen de l’Assemblée générale
Intérieure du comité de juridiction de la Cour suprême. Si les
représentants de la Chancellerie rendent fidèlement compte à leur
patron, ce serait bien qu’il revienne sur sa décision et retire le
texte», rapporte notre source.
Un ancien Président de l’Ums a
fait remarquer que les juges ne sont certes pas syndiqués, mais par le
passé ils ont posé des actes en refusant de prendre des décisions pour
marquer leur mécontentement. Un autre magistrat lui a concédé qu’ils
n’ont pas un statut de syndicat, mais ils peuvent user de moyens légaux
et paralyser les juridictions. «S’ils ne reculent pas, on ira dans une
situation qu’ils vont regretter. Ils ont rectifié le premier texte pour
porter de graves discriminations sur un corps d’élite. C’est d’autant
plus inadmissible que cela vient de quelqu’un qui se déclare partisan de
la défense des droits de l’homme».
TENUE REGULIERE DES REUNIONS DU CONSEIL SUPERIEUR DE LA MAGISTRATURE
Dans
un communiqué, l’Ums a relevé «l’absence de concertation dans
l’élaboration finale desdits textes, les observations du Bureau exécutif
qui n’ont pas été intégrées aussi bien dans le projet de loi organique
relatif au Statut des magistrats que dans celui portant organisation et
fonctionnement du Conseil supérieur de la Magistrature, le fait que le
projet de loi organique sur la Cour suprême, examiné en Assemblée
intérieure de ladite Cour a été dénaturé avant son adoption en Conseil
des ministres ; que le projet de loi organique portant Statut des
magistrats a été adopté en Conseil des ministres avec des dispositions
discriminatoires sur l’âge de la retraite».
Partantde ces
constats, l’Umsa invité legouvernement «à maintenir l’âge de la retraite
à 65 ans pour tous les magistrats et à réintroduire les dispositions
préalablement adoptées par l’Assemblée Intérieure de la Cour suprême».
Elle
a par ailleurs exigé «la réintroduction de la disposition prévoyant la
tenue régulière des réunions du Conseil supérieur de la Magistrature».
L’Assemblée générale a «donné mandat au Bureau exécutif pour mener
toutes actions appropriées, tant au plan interne qu’international pour
préserver l’indépendance de la magistrature».
L'AS
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