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mercredi 3 juillet 2013

Consommation : Des experts ouest-africains doutent de la qualité de l’eau en sachet

 L’’eau vendue en sachet, en Afrique de l’Ouest, n’inspire pas confiance aux professionnels de cette ressource. Ils l’ont fait savoir, avant-hier, lors d’un atelier sur le financement de l’eau et sa protection dans la sous-région.
ABIDJAN (Côte d’Ivoire) - L’ensachement de l’eau est en vogue. À Accra, Abidjan, Dakar, Bamako, Niamey…, les sociétés de vente de cette ressource fleurissent. Cependant, cette activité n’inspire pas une entière confiance aux experts de la question. Surtout que certaines études rendues publiques dans des pays comme le Ghana incitent à la prudence. Face à cette incertitude, la réglementation de l’activité et l’instauration d’un contrôle rigoureux ont été vivement recommandées à l’atelier de financement et de la protection de l’eau. « Il n’y a aucun moyen de contrôler l’eau distribuée dans des sachets. C’est une menace pour la santé publique. La catastrophe peut arriver un jour. Il faut des inspections inopinées des sociétés », recommande Maxime Somda, représentant du directeur régional de l’Uicn/Paco.
Outre la qualité, des participants déplorent l’absence de traçabilité de l’eau ensachée.?Ils rappellent que la contamination peut intervenir sur la chaîne de conditionnement. « L’eau ensachée peut avoir des risques sanitaires. Donc, il est important d’avoir de la traçabilité, pour qu’en cas de problèmes, l’on puisse situer les responsabilités », insiste le directeur de la production de la Société de distribution d’eau de la Côte d’Ivoire (Sodeci), Olivier François Gosso.
Pour lui, des actions à l’échelle nationale et régionale sont à mener pour réglementer cette activité. Il estime que le Conseil des ministres de l’Eau est dans une posture pouvant influencer les politiques. « Il faut la conférence des ministres de l’Eau pour intervenir, mais aussi une vision locale au niveau des Etats. On n’a pas encore mesuré l’ampleur de la gravité », poursuit-il. Des études menées dans certains pays, comme le Ghana, incitent à la prudence.
Le secrétaire général de l’Association des sociétés africaines de l’eau, Sylvain Usher, a également suggéré des contrôles pour prévenir les risques. « Même si ces sociétés remplissent certaines conditions de conditionnement, il faut instaurer un contrôle, parce que nous n’avons pas encore mesuré les risques », affirme-t-il. Du reste, le non accès à l’eau potable coûte cher au continent noir. Selon les chiffres de WaterAid, environ 2.000 enfants meurent, chaque jour, d’une maladie provoquée par l’eau insalubre et un assainissement insuffisant. Au-delà des risques sanitaires, il se pose, aujourd’hui, l’utilisation du bien commun par des sociétés privées. Quelles fiscalités pour ces sociétés ? Ces questions sont, pour le moment, sans réponse. Le paiement des services environnementaux est encore à son balbutiement dans plusieurs pays africains.
Beaucoup d’entre eux ne disposent pas de mécanismes réglementaires pour réguler les prélèvements, encore moins imposer les services de paiements environnementaux sur cette ressource que pas mal d’Africains estiment être un don de Dieu.
Fraudes, fuites, défaut de maintenance... : 30 % à 40 % des factures d’eau ne sont pas payées
Les sociétés de gestion de l’eau ne facturent pas toute la ressource mobilisée. Une bonne partie de l’eau prélevée se perd entre la source et les consommateurs. La moyenne de la perte tourne autour de 30 % à 40 %.
Les sociétés africaines de gestion de l’eau ne facturent pas toute la ressource qu’elles mobilisent. La moyenne de l’eau non facturée oscille entre 30 à 40 %. Ces pertes sont liées aux fuites, aux fraudes et aux défauts d’entretien. « La moyenne des pertes tourne autour de 30 à 40 %. Les sociétés qui fonctionnent bien tournent autour de 20 à 25 %. Il y a des sociétés dont les pertes atteignent 50 à 60 %. D’autres ne peuvent pas les quantifier, parce qu’elles n’ont pas de compteur », révèle le secrétaire général de l’Association des sociétés africaines de l’eau, Sylvain Usher. En plus de ce manque à gagner, le gaspillage de l’eau dans les services publics, (camps militaires, universités…) coûte cher aux Etats africains. Le doyen de l’Unité de formation des sciences de l’environnement de l’Université Nangui-Abrogoua, le Pr. Goula Albert, a abordé cette problématique. « Des études menées ont révélé qu’il y a un gaspillage de l’eau dans les administrations publiques. La facture du gaspillage coûtait 9 milliards de FCfa en Côte d’Ivoire », indique l’universitaire. A ce gâchis s’ajoute la fraude de cette ressource dans certains quartiers d’Abidjan où plusieurs kilomètres de conduite ont été détruits par les fraudeurs. « Certains pratiquent de la fraude, alors qu’ils ne savent pas que c’est moins cher pour eux de disposer d’un branchement. Les pertes sont de l’ordre de 3 milliards de FCfa », rapporte le chef de service des dépenses de l’Etat, Seydou Dembélé, qui faisait une présentation sur « Les mécanismes de financement de l’eau : les différents scénarii en Côte d’Ivoire.
Cette perte contraste avec le taux de desserte de ce pays qui a besoin, chaque année, de 100 milliards de FCfa pour prétendre atteindre les Omd pour l’accès à l’eau potable. En Côte d’Ivoire, les abonnés en milieu urbain sont au nombre de 680.000. 
 Idrissa SANE

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