Ecrivain, dramaturge et actrice sénégalaise (1973-2016).
Parfois créditée sous le nom de
Aminata Zaaria
Ndèye Takhawalou
Elle est née en 1973 à Thiès, une ville à 70 km de Dakar, au Sénégal. Journaliste chroniqueuse depuis l'âge de 21 ans, elle est aussi l'auteure de "Consulat Zénéral", une pièce de théâtre jouée dans cinq pays d'Afrique. La Nuit est tombée sur Dakar est son premier roman (2004, Grasset). Elle se forme au Conservatoire supérieur d'art dramatique de Dakar. Elle fait du cinéma avec Djibril Diop Mambety La Petite vendeuse de soleil, Moussa Touré, Khady Sylla, Mariama Baldé et en France avec Laurent Tirard, Chantal Richard (Lili et le Baobab), Albert Dupontel. Elle écrit des chroniques hebdomadaires dans le quotidien L'Observateur (Dakar), sous le pseudonyme de Ndèye Takhawalou. Elle décède le mercredi 17 février 2016, à Dakar.
Au Sénégal son pays natal, elle a exercé comme journaliste culturel à Sud quotidien et au Cafard libéré, deux journaux très lus à Dakar. Aminata Sophie Dièye a confirmé ses talents de comédienne sur la scène du centre culturel de Dakar en 2002. Elle jouait le rôle d'une vieille femme à moitié folle et analphabète, l'un des personnages de sa toute première pièce "Consulat zénéral " écrite en 2000.
"Consulat zénéral " est une satire drôle et moderne de la société africaine. Cinq personnages en quête d'un visa pour la France ont des sueurs froides dans le bureau d'une employée du consulat de France . D'où le titre de la pièce " consulat zénéral " avec un " z " non un " g ". En fait c'est une référence au personnage principal, qui est une vieille dame analphabète et qui s'efforce de parler français aussi bien que possible.
C'est son premier rôle au théâtre. " Même si j'ai fait le Conservatoire national d'arts dramatiques, le cinéma m'était plus familier parce que j'ai eu à interpréter des rôles par exemple dans " La petite vendeuse de soleil "le dernier film de Djibril Diop Manbéty (réalisateur sénégalais)". Avant d'écrire pour le théâtre, Aminata Sophie Dièye a écrit des nouvelles notamment " Destroy system " qui a été publié dans l'anthologie des" Jeunes poètes du Sahel ". Ainsi qu'un autre recueil intitulé " Saison d'amour et de colère " publié en 1998.
Senegalese Actress, Playwriter and Writer (Thiès 1973 - Dakar 2016).
films
Long métrage | 2004
Lili et le baobab
À 33 ans, Lili débarque pour la première fois
de sa vie en Afrique, à Agnam, un village sahélien du Sénégal. Elle est
chargée par la mairie de sa vill [...](AGAT Films et Cie/ID Distribution)
Aminata Sophie Dièye est associé(e) à ce film en tant qu' actrice
Pour Aminata Sophie Dièye
"Mais souvent on meurt sans s'être revus" |
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J'ai ouvert un journal ce matin et j'ai pleuré. Parce qu'avec elle, j'en ai vécu, des choses, depuis "nos années Walfadjri". Des choses inattendues, improvisées, surprenantes... Marcher seules dans Dakar, de nuit, dans une ville aux rues mal (voire pas) éclairées aux heures où elles sont à la merci des alors très craints "agresseurs". Prendre la chaloupe pour Gorée, le temps juste d'aller tremper les pieds dans la mer côté plage et de re-sauter dans le bateau, parce qu'en fait, c'est la dernière rotation. Ou aller s'attabler dans un café chic devant une grande coupe de glace, régler la note, laisser un généreux pourboire pour ensuite faire le trajet jusqu'à la maison à pied, parce que n'ayant plus rien en poche pour prendre le car. C'étaient "La Grande Voilée", née gracieuse, taillée comme un mannequin, et "La Petite en Jeans". C'étaient nous. Il paraît que pour certains, nous n'étions "peut-être pas normales" - il est vrai que nous n'étions dans aucune norme... J'ai pleuré parce que je ne lui ai jamais vraiment dit combien j'ai apprécié sa sollicitude, de m'avoir fait porter jusqu'à Dakar, par son ami Edouard Baer, un exemplaire de "La nuit est tombée sur Dakar" depuis son exil parisien. J'ai pleuré parce que j'ai réalisé que je ne lui ai jamais vraiment dit combien j'aime sa plume, combien je l'aime, en tant que personne. Je ne lui ai jamais dit que là où je passe la plus grande partie de mes journées, les numéros de L'Observateur s'accumulent depuis 2013, attendant le temps de pouvoir compiler les chroniques de Ndèye Takhawalou qui, les samedis, égayent ou donnent à réfléchir à tant d'amoureux de sa plume. Je ne lui ai jamais dit que ses mots d'hommage à son amie et complice Khady Sylla, cinéaste décédée en 2013, m'ont hantée pendant longtemps. "On se parlait du regard et un coup d'oeil suffisait pour déclencher l'hilarité devant une scène cocasse. Si j'ai pleuré le jour de sa mort, c'est parce que je ne pourrai plus jamais rire de cette façon-là. Désormais, il me faut apprendre à apprivoiser la solitude", a-t-elle écrit. Quand j'ai ouvert ce journal ce matin, la nuit m'est tombée dessus. Il me faut apprendre maintenant à parler au passé de ma "Grande Voilée", de "ma mère" (elle est l'homonyme de ma mère), de "Madame Mad", de "La dame de Lu". D'Aminata Zaaria. "C'est pourtant comme ça dans la vie : on est les meilleurs amis du monde, les circonstances viennent nous séparer, absolument comme la tempête disperse les épaves. Quelquefois les hasards vous remettent en présence, mais souvent on meurt sans s'être revus. Mais voilà que je me mets à dire des choses tristes et à parler de mort ! Allons, secouons notre mélancolie et tâchons d'être plus joyeux !" - Alphonse Allais, "Chroniques du bon sens" dans "A l'oeil" Alors, au revoir Aminata Sophie Dièye. Et bonnes retrouvailles avec ceux qui t'ont précédée là-bas et qui, depuis leur départ, te manquaient tant.
Coumba Sylla
Dakar, jeudi 18 février 2016 |
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