Omar Blondin Diop (1946-1973)
Etudiant en philosophie, il se lie à Daniel Cohn-Bendit et à Alain Krivine et prend une part active aux mouvements gauchistes des années soixante et à la révolte estudiantine de 1968.
Il est remarqué par le cinéaste Jean-Luc Godard qui lui fait jouer, aux côtés d’Anne Wiazemsky (épouse de Godard et petite-fille de François Mauriac), de Juliet Berto et de Jean-Pierre Léaud, son propre rôle dans le film La Chinoise (1967).
L’engagement de Diop lui vaut, en 1969, d’être exclu de l’ENS de Saint-Cloud et expulsé de France en même temps que Cohn-Bendit.
À Dakar, il poursuit ses activités révolutionnaires, soutenu par ses frères cadets – tous ardents militants anticolonialistes – et critique ouvertement la politique pro-française de Senghor qui s’est adjoint, au poste de ministre de l’Intérieur, un proche de Jacques Foccart : le Français Jean Collin.
Pour protester contre la politique de « coopération » avec l’ancienne puissance coloniale et l’attitude, servile à leurs yeux, de Senghor qui entreprend des travaux démesurés pour une une visite-éclair de Pompidou à Dakar, les frères d’Omar, le 15 janvier 1971, incendient le ministère des Travaux publics et le centre culturel français. Ils préparent des cocktails molotov pour les jeter sur le cortège officiel. Ils sont arrêtés. Dialo Diop est condamné aux travaux forcés à perpétuité. Il sera torturé dans sa cellule.
Omar, alors jeune agrégatif, projette de libérer ses jeunes frères depuis le Mali où il s’est réfugié. Mais il est capturé et extradé vers le Sénégal.
Le 23 mars 1972, il est condamné par un tribunal spécial sénégalais à 3 ans fermes de réclusion pour « atteinte à la sûreté de l’État ».
Le 11 mai 1973, après avoir reçu la visite de Jean Collin, avec lequel il aurait eu une altercation, il est retrouvé mort dans sa prison de Gorée.
Pour le gouvernement de Senghor, c’était un suicide. Pour les frères Diop – et en particulier le docteur Dialo Diop – qui n’ont cessé de se battre pour la mémoire de leur frère, c’est un homicide politique : Omar aurait succombé après des sévices que lui auraient infligés ses geôliers, probablement sur ordre de Collin.
Plusieurs historiens partagent ce point de vue.
Omar Blondin Diop est cité dans le livre d’Anne Wiazemsky, Une année studieuse (2012).
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