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jeudi 1 décembre 2016

Le sculpteur Ousmane Sow tire sa révérence

Le sculpteur Ousmane Sow est décédé jeudi à Dakar. L’annonce a été faite par sa famille établie à Dakar.                                                               Ce membre de l’Académie des Beaux-Arts, Commandeur de la Légion d’honneur, Commandeur des Arts et Lettres et Commandeur de l’Ordre National du Lion. Il est né à Dakar en 1935, d’une mère saint-louisienne et d’un père dakarois.

Dakarmatin présente ses condoléances à la famille de l’artiste et au monde de la Culture




Décédé ce matin à Dakar à l'âge de 81 ans : DAKARACTU revient sur le parcours du sculpteur sénégalais de renommée internationale Ousmane Sow

Décédé ce matin à Dakar à l'âge de 81 ans : DAKARACTU revient sur le parcours du sculpteur sénégalais de renommée internationale Ousmane Sow
Dakaractu vient d'apprendre de source sûre qu' un des monuments de la culture sénégalaise, le sculpteur Ousmane Sow vient de tirer sa révérence. 
Sa famille qui a annoncé la triste nouvelle venait de fêter avec l'artiste les 81 ans de cet homme au talent immense qui a porté très haut le flambeau de la culture sénégalaise. Peu connu dans son pays, Ousmane Sow est pourtant une sommité mondiale dans l'art. Pour en donner une preuve, nous vous proposons sa biographie complète.

Ousmane Sow naît à Dakar en 1935, d’une mère saint-louisienne et d’un père dakarois de trente ans son aîné. Il grandit à Rebeuss, un des quartiers les plus chauds de Dakar, où il reçoit une éducation extrêmement stricte au cours de laquelle son père le responsabilise très jeune. Il hérite de ce père, la rigueur, le sens du devoir, et un esprit libre. A la mort de celui-ci, et malgré un immense attachement à sa mère, il décide de partir pour Paris, sans un sou en poche. Il se fait héberger dans les commissariats de police, et connaît la douceur d’une France alors terre d’accueil. Tout en pratiquant divers petits métiers, et après avoir renoncé à suivre l’enseignement de l’école des Beaux-Arts, il passe un diplôme de kinésithérapeute.

Bien que sculptant depuis l’enfance, c’est seulement à l’âge de cinquante ans qu’il fit de la sculpture son métier à part entière. Mais la kinésithérapie qu’il exerça jusque là n’est sans doute pas étrangère au magnifique sens de l’anatomie que l’on trouve dans son œuvre. Durant toutes ces années d’activité, il transforme la nuit son cabinet médical et ses appartements successifs en ateliers de sculpture, détruisant ou abandonnant derrière lui les œuvres qu’il crée.

Révélé en 1987 au Centre Culturel Français de Dakar, où il présente sa première série sur les lutteurs Nouba, l’artiste expose six ans plus tard, en 1993, à la Dokumenta de Kassel en Allemagne. Puis, en 1995, au Palazzo Grassi, à l’occasion du centenaire de la Biennale de Venise.

Son exposition sur le Pont des Arts au printemps 1999 attira plus de trois millions de visiteurs. Depuis, son œuvre a été exposée dans une vingtaine de lieux, dont le Whitney Museum à New York. 
Jusqu’à cette première exposition, organisée par le Centre Culturel Français de Dakar en 1987, on ne connaît rien de sa création, si ce n’est l’extrait d’un film d’animation qu’il a lui-même réalisé et qui mettait en scène des petites sculptures animées.

C’est en 1984, inspiré par les photos de Leni Riefenstahl représentant les Nouba du Sud-Soudan, qu’il commence à travailler sur les lutteurs de cette ethnie et réalise sa première série de sculptures : Les Nouba. En 1988, naîtront Les Masaï, en 1991 Les Zoulou, et enfin, en 1993, les Peul.

En 1991, il achète le terrain sur lequel il construit sa maison, née de son imagination. Recouverte entièrement de sa matière, murs et carreaux, elle représente symboliquement le Sphinx et est la préfiguration d’une série qu’il imagine sur les Égyptiens. 
C’est dans la cour de cette maison que naît la bataille de Little Big Horn, une série de trente-cinq pièces, exposée à Dakar en janvier 1999, en avant-première de l’exposition parisienne sur le Pont des Arts, qui réunit toutes ses oeuvres. 
Le Whitney Museum à New York accueillera en 2003 une partie de cette série sur la bataille de Little Big Horn.

 En 2001, il confie aux Fonderies de Coubertin, avec lesquelles il travaille toujours aujourd’hui, la réalisation de trois bronzes, à partir de ses originaux : « La Danseuse aux cheveux courts » (série Nouba), « le Lutteur debout » (série Nouba) et «La Mère et l’Enfant» (série Masaï). Ces trois pièces ont été exposées au printemps 2001 à Paris au Musée Dapper. Ont été réalisées depuis une vingtaine de grands et une vingtaine de petits bronzes. 
Cette même année, il répond à une commande pour le Comité International des Jeux Olympiques, et crée « Le coureur sur la ligne de départ », aujourd’hui installé au Musée des Jeux Olympiques à Lausanne.

Durant l’été 2002, il réalise, à la demande de « Médecins du Monde », une sculpture de Victor Hugo pour la « Journée du refus de la misère ».

Le bronze de cette sculpture a été commandé par la Ville de Besançon, ville de naissance de Victor Hugo. Elle y a été installée le 17 Octobre 2003, place des Droits de l’Homme.

En 2004, il entreprend la réalisation d'une série de petites sculptures Nouba, aboutissement  de  la série des grandes sculptures Nouba réalisées en 1984, série à laquelle il ajoute de nouveaux thèmes.

En 2005, Ousmane Sow a fait son entrée dans le Petit Larousse Illustré.

En 2008, le maire de Genève lui commande une œuvre destinée à son combat pour la régularisation des sans-papiers. Cette œuvre, intitulée « l’Immigré », a été installée au cœur de Genève.

En 2009, il réalise la sculpture de l’épée d’académicien de Jean-Christophe Rufin. Cette sculpture représente Colombe, le personnage emblématique de son roman «Rouge Brésil».

En 2010, le Museum of African Art de la Smithsonian Institution à Washington acquiert  aux enchères une œuvre qu'il réalisa en 1989 pour la commémoration du Bicentenaire de la Révolution française, « Toussaint l’Ouverture et la vieille esclave ». Cette pièce fait partie d’un groupe de sculptures incluant « Marianne et les révolutionnaires » (collections du Musée du Quai Branly).  
Pour son installation, le Museum of African Art dédie une salle spéciale à Ousmane Sow, incluant l'œuvre et une exposition de  photographies d'atelier accompagnée d’une projection permanente du film « Ousmane Sow », réalisé par Béatrice Soulé.

En 2011,  à l’occasion du déplacement du monument aux morts de Besançon, Parc des Glacis, il réalise une œuvre intitulée « L’Homme et l’enfant », destinée compléter, à l'été 2013, un ensemble des trois sculptures existantes. En représentant cet homme et cet enfant dont on perçoit seulement la forme sous le manteau, l’artiste souhaite mettre en lumière « l’action de ceux qui, au péril de leur vie, ont protégé ou sauvé des personnes. » 

Cette pièce rejoindra la création d’une série en hommage aux grands hommes qui marquèrent sa vie. C’est ainsi, que, dans le sillage de Victor Hugo,  sont nés à Dakar le Général de Gaulle,  Nelson Mandela,  et   son propre père Moctar Sow. 

En 2013, reprenant le thème développé dans «Toussaint Louverture et la vieille esclave », l’artiste répond à une commande de la Ville de La Rochelle et réalise une nouvelle effigie de Toussaint Louverture pour le Musée du Nouveau Monde. Une pièce qui rejoint également sa série « merci » 
Sa dernière création est une sculpture intitulée « Le Paysan », de cinq mètres de haut, commandée par la Présidence de la République du Sénégal et l’Agence de la Francophonie. Cette sculpture devrait être installée en bronze  devant le Centre international de conférence Adbou Diouf à Diamnadio, pas très loin de Dakar.

Le 11 décembre 2013, il est le premier artIste noir à entrer à l’Académie des Beaux Arts,  au fauteuil de Andrew Wyeth.

Toujours, il sculpte sans modèle. Sa matière, il l’invente. En une savante alchimie, il laisse macérer pendant des années un certain nombre de produits. Cette matière est pour lui une œuvre en elle-même, une matière qui le rend presque aussi heureux que la naissance de la sculpture elle-même. Il l’applique sur une ossature faite de fer, de paille et de jute, laissant à la nature et au matériau sa part de liberté, ouvrant la porte à l’imprévu.

Sa vie autant que son œuvre sont aujourd’hui profondément ancrées dans son pays. Il n’imagine pas sculpter ailleurs qu’au Sénégal. Et, alors qu’il vécut une vingtaine d’années en France, plus rien ni personne ne pourrait lui faire quitter sa terre africaine. 


Livres

Ousmane Sow – 1995 
Editions Revue noire Distribution Hazan (épuisé)

Le soleil en face – 1999 
Editions Le P’tit jardin Distribution Actes Sud

Ousmane Sow, Le Pont des Arts - 1999 
Editions Le P’tit Jardin Distribution Actes Sud

Ousmane Sow - 2006 
Editions Actes Sud

Même Ousmane Sow a été petit - 2009 
Editions Le P’tit Jardin Distribution Actes Sud

Ousmane Sow - 2014 
Editions Ides et Calendes Distribution Polychrome


DVD

Ousmane Sow (1996 ) International Emmy Awards
New York (nomination 1997)
Biennale Internationale du film d’art Beaubourg (sélection 1996)
FIFA Festival du film d’Art de Montréal (sélection 1997)
Ousmane Sow, Le soleil en face (2000)
Prix du Festival International du Film sur l’Art de Montreal - FIFA 20
01.
Décès du sculpteur Ousmane Sow à l'âge de 81 ans

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