SOUVENIR - 25 MARS 1957 - 25 MARS 2014 : Khalifa Ababacar Sy, Le Diamant Noir
Le diamant noir singularise l’exceptionnalité de
la pierre précieuse dans sa géométrie pure et parfaite. J’ai choisi ce
qualificatif pour rendre hommage à Khalifa Ababacar Sy, le guide
spirituel qui a le mieux réussi la jonction entre l’impératif spirituel
et les exigences du temporel.
Ses
enseignements divers et variés, nous ont donné les ressources
nécessaires pour retrouver notre équilibre spirituel et être pleinement
heureux en Dieu.
C’est avec cette étincelle,
née dans la brume des songes, que j’ai trouvé la flamme vive de la foi
sur le chemin lumineux de la tariqa tidjane dont il a contribué, de
manière décisive, à consolider les fondements et le rayonnement.
Khalifa Ababacar Sy n’est pas seulement un guide spirituel, mais un
confident à qui je me suis voué et dévoué pour rompre l’étau de
l’angoisse humaine afin de nouer avec la quiétude infinie qui baigne les
plages de la foi.
Il y a en ce
vénérable homme quelque chose de comparable au Diamant ; parce que non
seulement on retrouve en lui l’esthétique de la foi, la luminosité
frontale de l’orthodoxie islamique mais aussi ce formidable et
intouchable élan de l’étoile filante qui parcourt les nuits pleines du
monde.
Il n’est pas seulement le reflet de la
lumière, il en est aussi la source humane et à chaque fois que mon
regard manque de lumière, à chaque fois que la nuit inonde ma vie ou
plonge mon entourage dans l’incertitude, je puise en cette source
lumineuse le rayon de soleil qui me permet de voir au loin et d’avancer.
Khalifa Ababacar Sy jouait un rôle
missionnaire car il était investi d’une mission divine, celle de fonder
un humanisme religieux où l’être humain, quelles que soient ses
origines, devr.ait pouvoir se rapprocher de Dieu et s’améliorer.
Il entretenait des relations constructives avec tous les acteurs de
la vie publique, des chefs de confréries religieuses, les pouvoirs
publics de l’époque et l’ensemble des parties prenantes de la vie
nationale.
Sa fonction médiatrice débordait même le Sénégal et embrassait l’Afrique Occidentale Française.
A force d’humanisme, de foi, de médiation, de charisme et d’autorité,
il avait acquis la légitimité générique qui lui permit, au nom de
l’Islam confrérique, d’être l’interlocuteur incontournable, au nom de
tous, des pouvoirs publics.
Né en
1885 à Saint-Louis, fils de feu d’El Hadj Malick SY et de Sokhna Rokhaya
NDIAYE, il verra au cours de sa vie beaucoup de choses se faire et se
défaire : la chute des monarchies sénégalaises ; les conflagrations
mondiales de 1914 – 1918 et 1939 – 1945, et l’effervescence politique
qui a précédé les indépendances.
Il
trouva, dans les ressources de sa sagesse, la force nécessaire pour
sauvegarder son pays de la violence, de la discorde et des tourments de
l’histoire en usant, à chaque fois, de la vertu du dialogue et de la
concorde.
Grand entrepreneur de la
foi, il mit sur pied dès les premières années de son khalifa en 1922,
les dahiras dont il fera un modèle d’organisation, de solidarité et de
développement de l’éthique religieuse.
Notre mémoire historique garde encore le souvenir du plus célèbre des dahiras de notre pays, le Dahiratoul Kiram Tidianiya.
Premier successeur de son auguste et inoubliable Père, le vénéré feu
El Hadj Malick Sy, il considéra la succession comme un défi et un don de
soi à la mission divine. Il fera du Gamou un modèle d’institution de la
piété et de célébration du culte musulman. Il liera ainsi, de façon
irréversible, la foi à la connaissance, donnant acte à un Islam des
lettrés sans lequel le croyant tomberait dans l’aveuglement et
l’obscurantisme.
Il nous a enseigné
les vertus de l’Islam libérateur, faisant de chacun d’entre nous un
musulman éclairé, maître et responsable de ses actes devant DIEU et en
connaissance de cause. Il a contribué de manière remarquable à la
formation de la conscience citoyenne au Sénégal et a permis à nombre
d’élites de nouer avec le sens du devoir national.
Son rappel à Dieu le 25 mars 1957, à la veille de l’indépendance du
Sénégal, est l’achèvement d’une vie exemplaire au service de la divinité
suprême et unique et dans le continuum intangible de Seydi El Hadj
Malick SY son vénérable père et chantre majeur de l’islam.
Je rends grâce à Dieu et à son Prophète (PSL) ; à Khalifa Ababacar
Sy, à sa famille, à sa descendance spirituelle, pour son œuvre et son
héritage qui ont essaimé des qualités d’humanités exceptionnelles jusque
dans les contrées les plus reculées de l’esprit et du cœur humain,
faisant de la tariqa tidjane un Modèle de réussite islamique.
A Khalifa Ababacar Sy, le diamant noir qui brille de toutes les
promesses divines, j’adresse ma poésie et ma prière d’espérance pour
qu’il continue à être la pierre précieuse de la foi et du monde des
croyants.
Que Dieu dans sa
générosité intarissable inonde de lumière sa demeure en récompense à sa
vie exemplaire entièrement consacrée à l’islam. Majib Sene
Ecrivain, Ancien Journaliste
President du Comite Préparatoire de l'hommage
à Serigne Mansour Sy Borom Daara ji du 30 Mars 2014
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