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mardi 12 août 2014
Que revive le théâtre radiophonique !
Le théâtre radiophonique renaît ! Du moins sur Radio France internationale sur l’antenne de laquelle, depuis le 14 juillet dernier et ce jusqu’au 29 août prochain, sont diffusés, chaque jour (à 14 h 10 TU sur l’antenne monde et Paris, et à 23 h 10 TU) sur l’antenne Afrique) les 35 épisodes des Maître du mystère considérée comme « l’émission de fictions radiophoniques la plus populaire de l’après-guerre ».
Ce retour d’une émission d’anthologie est un exploit archivistique, puisque les épisodes proviennent des archives de l’Institut national français de l’audiovisuel (on se demande d’ailleurs quand est-ce que le Sénégal va en créer un dont le fonds serait constitué des archives de l’Orts (Office de radio-télévision du Sénégal, ancêtre de la Rts) et des chaînes de radio et de télévision privées).
Pour cet été donc, Rfi a ressorti des rayons de son service Archives Les Maîtres du mystère que, de 1957 à 1965, « des millions d’auditeurs en France et à l’étranger, de tous âges et de tous milieux sociaux, (écoutaient) frénétiquement chaque semaine cette émission. Ces fictions dramatiques diffusées chaque mardi sur Paris Inter (puis France 1 et France Inter), puisent leur inspiration dans les romans policiers, un genre très en vogue à l’époque. Parmi les acteurs y ayant participé, on compte Rosy Varte, Michel Bouquet ou encore Juliette Gréco. »
En écoutant ce style de théâtre, on a l’impression de suivre un film à la télé, grâce à une mise en scène experte, à une ponctuation sonore bien choisie, pittoresque selon les séquences et qui donne parfois des frayeurs. Le bruitage, les dialogues… tout est art dans ce théâtre radiophonique. Un film radiophonique en quelque sorte. C’est sur cette même technique qu’était produite le « Concours théâtral interafricain » diffusé sur Rfi et qui, de 1968 à 1991, a révélé de nombreux dramaturges d’Afrique, des Caraïbes et de l’Océan Indien, comme le Sénégalais Alioune Badara Bèye auteur de Le sacre du Ceddo, pièce adaptée à la télévision en 1984 par l’Orts de l’époque et dont une maladresse d’interprétation provoqua le courroux de la communauté sérère.
Ce théâtre radiophonique a eu ses années de gloire, dans les années 50 à 90. Au Sénégal, le père de cet art fut Ibrahima Mbengue (père de la romancière Sokhna Benga) en créant le feuilleton radiophonique Makhourédia Guèye chauffeur de taxi (interprété par le vertigineux comédien Makhourédia Guèye, décédé en avril 2008) et a eu des grands noms comme El Hadj Abdoulaye Seck, décédé lui aussi, et qui nous a été présenté par un autre comédien disparu le 28 juillet 2014, Malick Ndiaye Fara Thial Thial). Au Sénégal, le théâtre à la radio a eu ses grands noms, je vous dis, comme Ousmane Cissé Madamel alors directeur de Radio-Sénégal, Babou Faye, Cheikh Tidiane Diop, Mass Guèye, Ibou Laye Mbaye, Ken Bugul, Moustapha Diop… C’est par cette production sonore que les auditeurs sénégalais découvrirent la mythique troupe du théâtre populaire Diamonoy Tey qui éclatera pour donner naissance aux troupes Daaray Kocc et Libidor. Enorme fut le succès de ce théâtre à une époque où la télévision venait de naître.
C’est en raison de ce succès que nous plaidons pour un retour du théâtre radiophonique dont un des derniers animateurs fut Malick Ndiaye Fara Thial Thial et la troupe Libidor sur les ondes de la Chaîne nationale de Radio Sénégal. Et citant toujours leur maître El Hadj Abdoulaye Seck, Malick Ndiaye disait, à l’ouverture de chacune de ses pièces : « Nit, danga koy fek ci lu mu gëna bëg, wonn ko ci li koy lor ak li koy jërin » (un individu il faut lui proposer ce qu’il aime le plus pour lui montrer par cette occasion qui peut lui être utile ou nocif). Par-là même, il présente l’objectif du théâtre qui est de distraire et d’éduquer.
Jean Meïssa DIOP
Post-scriptum : Nous voudrions profiter de cette évocation du théâtre radiophonique pour rendre un vibrant hommage au comédien Malick Ndiaye Fara Thial Thial, un attachant et plaisant artiste que nous avions côtoyé du temps de notre passionnante carrière de journaliste culturelle; et dont nous avons ri aux larmes de son rôle dans « Kumba am ndey ak Kumba amul ndey » (une adaptation du conte populaire « Penda l’orpheline » ; une orpheline victime des maltraitances des caprices de sa demi-sœur et de sa marâtre Aïda Souka au sujet de qui l’époux falot, incarné par Fara Thial Thial, disait « Lu mu wax laa wax, lu mu waxul waxu ma ko !».
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