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Khess Petch (toute claire) vs ÑUUL KUKK (toute noire) : La guerre des couleurs
Ces dernières semaines, une contre campagne de publicité est
organisée en réponse à des affiches vantant les vertus d’un produit
dépigmentant : Khess Petch (toute claire). ÑUUL KUKK (toute noire) fait
fureur dans les réseaux sociaux où diverses initiatives sont prises pour
dénoncer le message.
Une page facebook forte de 1020 sympathisants est créée et invite les visiteurs à poster des photos de « déesses noires ». Ils sont également invités à documenter la contre campagne par « des données [et] des informations médicales » ; en interviewant « des célébrités particulièrement "célébrées" pour leur teint noire » ; en interrogeant des « dermatologues ou des professionnels de la Santé capables de peindre une image précise de l'ampleur du ravage». Un site Web est mis en ligne pour l’occasion et propose un « slideshow de beautés noires ». Ce sont en tout, 25 photographies de stars dont Aissa Maiga, Coumba Gawlo Seck, Fatou Ndiaye, ainsi que des anonymes, envoyées via la page facebook.
Dans les forums, des internautes fustigent cette campagne « humiliante» et « dégradante» et reprennent à leur compte le slogan « Black is [so] beautiful » du mouvement culturel Afro-américain des années 60. Une des communautés formées sur le réseau social prévoit une marche de protestation le 29 septembre prochain. Bref, les idées et les initiatives ne manquent pas. Dans « un blog de référence et d’inspiration pour les créatifs africains », un chroniqueur, Guy Michel Dossou a qualifié le message de la publicité Khess Petch de « socialement et moralement dangereux ». Des campagnes analogues existaient pendant la colonisation. Elles étaient impulsées par une forte industrialisation et vendaient des produits cosmétiques qui pouvaient « blanchir le noir ».
Avec des relents africanistes et anticapitalistes, la contre campagne donne lieu à de vifs échanges dans les réseaux sociaux. Elle donne l’occasion à des designers dont le métier est défini par la publicité et le marketing, de donner un point de vue neuf et de poser le débat sur la création de contenus dans la publicité et au-delà dans la production audiovisuelle. Sur los chaines de télévisions nationales, des films sud américains et indiens sont mis en exergue au détriment de productions nationales de qualité.
Aux heures de grande écoute, des émissions destinées à un public de femmes au foyer, font une publicité intempestive de produits miracles venant des usa, de France. Dans les magazines féminins, les canons de beauté ressemblent rarement à Awa Sène Sarr. Elles ont la coupe de cheveux de Beyonce ou le rouge à lèvres de Ruby. Ce public n’est par contre pas informé sur les dangers que constituent ces produits pour la santé.
Le feuilleton de la guerre des couleurs est loin de connaître son épilogue !
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