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dimanche 13 septembre 2020

Lycée Abdoulaye Sadji de Rufisque ( année 2016 )

Lycée Abdoulaye Sadji de Rufisque : Un patrimoine qui meurt à petit feu Par: Adama Anouchka Ba - Seneweb.com | 19 octobre, 2016 Lycée Abdoulaye Sadji de Rufisque : Un patrimoine qui meurt à petit feu Situé au cœur de ce qui fut le quartier latin de la commune de Rufisque, le lycée Abdoulaye Sadji est dans un état de délabrement très avancé. Sa façade fissurée et décatie en dit long sur le danger que représente cet établissement créé en 1938. À 78 ans, donc, il figure sur la liste des édifices de la Vieille Ville qui menacent ruine. La devanture du lycée Abdoulaye Sadji de Rufisque donne l’image d’un vieux château abandonné. Son architecture ancienne plonge ses visiteurs dans l’époque coloniale, avec ses bâtisses uniques en leur genre. La couleur de la peinture est peu perceptible. Beige ? Gris ? Difficile de se mouiller. Les murs sont décatis, craquelés et bâchés de graffitis. En ce début d'année scolaire, le lycée est très fréquenté. Des entrées et des sorties. Élèves et professeurs se côtoient dans le hall. Des salamalecs habituels. Par moment, des expressions de retrouvailles. Une fois dans l’enceinte de l’établissement, le décor change complètement. L’atmosphère est plus joyeuse. Le cliché plus vivant. L’on se croirait même dans un environnement différent. La cour est garnie d’une variété de fleurs aux couleurs arc-en-ciel, aménagées dans l’ordre. Des élèves de 6ème exécutent des mouvements de gymnastique, sous le regard attentif de leur superviseur. A part cela, la cour est calme. Une ambiance parfaite pour les élèves qui font cours. En faisant le tour de cet espace restreint, l’on se rend compte au fil des salles de classes que le lycée porte péniblement les stigmates de ses 78 ans. Fenêtres ballantes. Portes aux vitres cassées et sans serrures. Le sol résiste encore, mais les murs, ne trompent pas sur la vétusté avancée des lieux. Les toilettes empestent l’urine. La propreté a fui les parages. Les lavabos censés être «blancs» ont changé de couleurs; ils frôlent le marron. En dessus, les miroirs cassés nous renvoient un reflet en puzzle de notre propre image. L’intérieur des toilettes regorge de déchets de tout genre. Il n’y a aucun doute : cela fait un moment que cet endroit n’a pas eu droit à un coup de ménage. Tout au long de la cour, longent des salles de classes. Quatre passages d’escaliers qui donnent sur la terrasse. Ce qui est particulièrement marquant dans cette cour de récré, c’est non seulement son étroitesse, mais aussi le nombre insuffisant de bancs, et d’espace d’épanouissement des élèves. Le lycée compte un terrain de basket bordé par une partie du mur d’enceinte, mais les activités sportives se font hors de l’école. Au champ de course de Rufisque. La malédiction de l'arc Aussi gaie et aussi accueillante que soit cette cour, un mystère plane au-dessus : l’arc ! C’est un passage tendu directement vers l’entrée principale de l’école. Ce qui fait son charme, c’est que les élèves ne passent jamais à travers. «Parce que l’arc porte malheur. Celui qui le traverse, n’aura pas son bac», avance une jeune élève qui refuse catégoriquement de s’y aventurer. Beaucoup de ses camarades sont à cheval sur cette croyance. Une minorité résiste. C’est le cas de cette autre jeune fille, qui déclare : «C’est Dieu qui décide de tout. Si je n’ai pas le bac, c’est parce que c’est la volonté divine. Je traverse l’arc tous les jours.» La terrasse. Elle offre une vue panoramique de la cour de l’école. Les escaliers qui y mènent semblent solides mais la toiture est d’une vieillesse bien inquiétante. Les tables bancs se comptent du bout des doigts, les pièces manquantes des plafonds donne à ces salles de cours une mine lugubre, où ne se dégage aucune chaleur ni harmonie. Deux, trois élèves trainent dans le couloir. Dans une autre salle, un cours de philosophie captive l’attention des apprenants. Là aussi, l’environnement n’a rien d’une salle de classe moderne. Les armoires en fer sont rouillées, le carrelage du sol fait défaut, les murs transformés en écritoire à tel point que deviner la teinture devient un casse-tête. Est-ce que le lycée sera un jour réfectionné ? Rien n’est moins sûr, de l’avis du proviseur, Saliou Seck. Et pour cause. L’école est classée au patrimoine mondial de l’Unesco. De l’école normale des jeunes filles à Abdoulaye Sadji À sa création en 1938, le lycée Abdoulaye Sadji s’appelait École normale des jeunes filles de Rufisque. Selon les archives, l’ouverture d’un tel établissement «ne visait pas la formation d’un important corps d’enseignantes africaines, mais la sélection d’une élite susceptible de relayer des institutrices européennes peu nombreuses et de fonder, avec son équivalent masculin, un ménage dévoué à la cause française». C’est en 1972 que l’établissement a été rebaptisé Abdoulaye Sadji, célèbre écrivain sénégalais, auteur de «Nini la mulâtresse» et «Maimouna», des romans à succès. L’école accueille 1.639 élèves : 936 filles et 703 garçons. Elle compte 25 salles de classes pour 13 terminales, 12 premières et 11 secondes. Selon le proviseur, l’établissement dispose d’une salle informatique avec des ordinateurs modernes et une connexion internet permanente ainsi que d’une bibliothèque et d’une infirmerie. «Nous essayons avec nos propres moyens d’assurer à nos élèves les soins immédiats. Mais nous n’avons pas de dotation en médicaments», regrette Saliou Seck. Le proviseur du lycée Abdoulaye Sadji refuse d’entendre que son école menace ruine. Il rectifie : «Le seul problème que nous avons, c’est l’état des salles de classes, la pléthore d’élèves et l’étanchéité. Sinon nous sommes dans de bonnes conditions et chaque année, nos résultats sont satisfaisants.» Au baccalauréat 2016, le lycée Abdoulaye Sadji a enregistré un taux de réussite de 51,19% : sur 543 candidats, 278 ont été déclarés admis. Adama Anouchka Ba

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