Cérémonie de lancement du dialogue national-Discours de Son Excellence
Monsieur le Président de la République Macky SALL
Dakar, le 28
mai 2016
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Madame la Présidente du Conseil économique, social et environnemental,
Mesdames, Messieurs les Ministres,
Monsieur le Médiateur de la République,
Monsieur le Président de la CENA,
Mesdames, Messieurs, Honorables Députés,
Mesdames, Messieurs les membres du Conseil Economique, Social et
Environnemental,
Mesdames, Messieurs les Présidents, Secrétaires Généraux ou Représentants de
Partis Politiques, de Syndicats de travailleurs, des organisations Patronales,
de la Société Civile,
Mesdames, Messieurs les autorités coutumières et religieuses,
Mesdames, Messieurs, honorables participants,
Mes chers compatriotes,
Je voudrais, au seuil de mon propos, vous remercier
très vivement d’avoir répondu à mon appel, ce qui témoigne de l’intérêt que
nous portons à notre pays et de notre commune volonté d’assurer son ancrage
irréversible dans la modernité démocratique.
Au-delà de nos différences et de nos divergences, nous
avons en commun le Sénégal, cette terre que nous ont léguée nos aïeux et que
nous devons transmettre aux générations futures dans de meilleures conditions.
Je suis animé quotidiennement par ce souci. C’est fort
de cette conviction que j’ai soumis au peuple sénégalais le projet de révision
constitutionnelle par le biais du référendum du 20 mars 2016.
Je saisis l’occasion pour réitérer mes sincères
félicitations à l’ensemble des acteurs dont le comportement et l’esprit de
responsabilité ont permis de conduire cet exercice démocratique dans la paix et
la sérénité.
En démocratie, les compétitions politiques sont des
moments importants dans la grande marche vers les hautes cimes de la
performance démocratique. Toutefois, le consensus est, également, une forme
d’expression de la démocratie.
Il manifeste la volonté commune de renforcer ce qui
nous est commun afin de mieux gérer notre diversité.
C’est l’essence même de la démocratie d’être un
mouvement dynamique d’atténuation des différences, surtout lorsqu’il s’agit de
construire les instruments de régulation et les règles du jeu du système
politique.
En vérité, la démocratie implique, pour sa vitalité,
le renforcement de ce qui nous unit pour davantage d’équilibre, d’harmonie et
de stabilité.
C’est dans cet esprit qu’il faut comprendre toutes mes
initiatives de dialogue, de concertation et de consultation depuis 2012 dans
divers secteurs de la vie de la nation.
Je peux citer la Concertation nationale sur l’avenir
de l’enseignement supérieur, la Concertation nationale sur la Santé et l’Action
sociale, les Assises de l’éducation nationale, la Conférence sur le dialogue
social, les consultations citoyennes pour les réformes institutionnelles, les
concertations autour de l’Acte 3 de la décentralisation, le processus inclusif
autour de la Réforme du foncier et, récemment, le Forum sur l’administration.
Ce sont autant de moments cruciaux qui illustrent ma
volonté de partage afin que les décisions reflètent réellement les intérêts de
notre pays. C’est donc dire que le dialogue, la concertation et l’inclusion
sont au cœur de ma conception de la Gouvernance.
Je considère, en effet, que la compétition démocratique
pour l’accès au pouvoir n’est pas incompatible avec la concertation, entre les
forces vives de la nation, sur les questions majeures de la vie de notre cher
Sénégal.
A cet égard, je m’inscris dans la tradition de notre
peuple dont le génie a toujours permis de trouver les ressorts pour construire
des convergences fortes autour de notre pacte social sur la base de la
confiance mutuelle.
Vous vous en rappelez, j’avais déclaré qu’il était
nécessaire, au sortir du référendum, de mener des concertations pour parvenir à
un consensus sur la mise en œuvre des réformes constitutionnelles adoptées par
le peuple souverain.
Les dispositions contenues dans le projet adopté
évoquent de grandes orientations. A présent, nous devons convenir des modalités
de leur déclinaison dans la réalité de nos institutions et de nos pratiques
politiques.
Mes chers compatriotes,
La révision constitutionnelle apporte davantage de
sécurité à notre régime politique, en le mettant à l’abri des changements en
fonction des intérêts partisans. Elle renforce et élargit, également, les
droits des citoyens.
L’impact de la dernière réforme sur l’arsenal
juridique de notre pays est considérable : une dizaine de titres et une
vingtaine d’articles de la Constitution ont été amendés. Il s’y ajoute le
nombre important de textes législatifs qui doivent être pris.
L’adoption desdits textes doit être programmée en
tenant compte des contraintes de l’agenda républicain et du rythme de mise en
œuvre des autres réformes que j’ai déjà engagées.
Il s’agit de l’Acte III de la décentralisation, de la
réforme foncière, de la réforme de l’Administration, de la promotion de la
transparence dans l’exploitation des ressources naturelles en général, des
ressources minières, gazières et pétrolières en particulier.
C’est pourquoi, la mise en œuvre de la réforme
constitutionnelle constitue, à mes yeux, une opportunité historique offerte aux
forces politiques et sociales de notre pays de communier pour s’entendre sur la
matérialisation de la volonté exprimée par le peuple sénégalais.
Mes chers compatriotes,
Certaines innovations de la Constitution sont
d’application immédiate tandis que d’autres nécessitent l’adoption de textes
législatifs complémentaires. A cet égard, il convient de diligenter l’adoption,
par l’Assemblée nationale, des textes relatifs au Haut conseil des
collectivités territoriales et au Conseil constitutionnel.
La mise en place du Haut Conseil des collectivités
territoriales traduit mon ambition de compléter notre architecture de
gouvernance territoriale. Siège de la démocratie participative, cette
institution dont la mission est de donner un avis motivé sur les politiques de
décentralisation et d’aménagement du territoire, sera composée de membres, en
majorité, élus au suffrage indirect et, de membres cooptés en raison de leur
compétence.
En dehors des textes relatifs à ces institutions
créées par la Constitution, j’ai décidé de soumettre à la concertation tous les
autres textes qui doivent être modifiés ou adoptés à la lumière de la réforme
constitutionnelle.
En effet, cinq points, au moins, nécessitent, des
convergences voire le consensus le plus large pour les traduire en règles
partagées et acceptées par tous.
A ce propos :
1. Nous devons procéder à la modification de la loi de
1981 sur les partis politiques ou adopter une nouvelle loi pour consacrer le
projet de modernisation du système sénégalais de partis politiques.
2. Nous devons modifier le Code électoral pour tirer
les conséquences de la participation des candidats indépendants à tous les
types d’élection, mais aussi pour définir les modalités de l’élection des
députés de l’extérieur.
3. Nous devons, également, avoir une législation sur
le statut de l’opposition et de son Chef ainsi que le financement public des
partis ou coalitions de partis politiques qui sont des préoccupations
récurrentes de la démocratie sénégalaise.
4. L’Assemblée nationale doit adopter un nouveau
Règlement intérieur qui sera désormais une loi organique et qui intègrera les
innovations résultant de la réforme constitutionnelle. Je recommande fortement
des échanges entre majorité et minorité parlementaires pour aboutir à un
Règlement intérieur consensuel.
5. Il importe, aussi, de revoir la loi portant Code
général des collectivités locales et les textes relatifs à la déconcentration.
En effet, le Code précité deviendra, désormais, un Code général des
collectivités territoriales incluant les principes de la phase II de l’Acte III
de la décentralisation qui consacre un nouveau système de financement des
collectivités territoriales et l’avènement des pôles territoires.
A cette liste de textes portant sur la gouvernance
politique et administrative, il faut ajouter d’autres relatifs à la gouvernance
économique et aux droits économiques et sociaux des populations sur lesquels la
concertation est tout aussi importante.
Le renforcement des droits des citoyens par la réforme
constitutionnelle - droits à un environnement sain, sur leur patrimoine
foncier, sur les ressources naturelles - doit trouver sa traduction dans les
lois de notre pays. Une telle innovation, dans notre dispositif
constitutionnel, est d’autant plus impérative que notre pays est désormais
crédité de conséquentes ressources minières, pétrolières et gazières.
En effet, je suis heureux de vous dire que trois importantes
découvertes ont été mises en évidence dans ce domaine :
- du pétrole dans le bloc de Sangomar Offshore
Profond pour des estimations de l’ordre de 385 millions de barils avec un
brut de haute qualité à 32° API ;
- du gaz naturel de classe mondiale à la frontière
avec la Mauritanie dans le bloc Saint-Louis Offshore Profond ; les
premières réserves sont estimées à 450 milliards de m3 ;
- un deuxième gisement de gaz naturel découvert
durant le mois de mai dans le bloc Cayar Offshore Profond avec des
réserves d’au moins 140 milliards de m3.
Mes chers compatriotes,
J’ai instruit le gouvernement d’organiser, sous la
supervision du Premier ministre et la conduite du ministre de l’Intérieur et de
la Sécurité publique, la concertation avec les partis politiques et la société
civile en vue de définir, de manière consensuelle, le contenu des lois
relatives aux questions citées plus haut. Je veux que ces textes, fruit de la
Concertation, soient, par la suite, adoptés par l’Assemblée nationale.
Dans la même dynamique, je veux que le dialogue et la
concertation se poursuivent, selon des formats inclusifs appropriés, avec les
acteurs indiqués, toujours sous la supervision du Premier ministre et la
conduite des ministres concernés sur des thématiques nationales prioritaires,
en l’occurrence :
- l’adoption future du Code général des
collectivités territoriales et des textes relatifs à la déconcentration
qui va inaugurer l’entrée en vigueur de la phase II de l’Acte III de la
décentralisation ;
- la nouvelle législation foncière qui sera retenue
après analyse des travaux de la CNRF ;
- et les réformes des codes de l’environnement,
minier et pétrolier dans le but de garantir l’exploitation de nos
ressources naturelles dans la transparence et l’intérêt des populations.
Mes chers compatriotes,
J’ai donc souhaité engager un dialogue national
inclusif pour discuter avec toutes les forces vives sur les questions majeures
qui interpellent notre pays. Je peux, dans ce cadre, parler de l’éducation qui
est un sujet du temps présent mais également et surtout une question d’avenir.
Elle nous engage, j’allais dire qu’elle nous oblige vis-à-vis de nos enfants et
des générations futures.
Comme la plupart d’entre nous ici présents, je suis un
produit de l’école publique sénégalaise, symbole de l’égalité des chances.
Cette école et ses enseignants, qui nous ont tout donné, qui ont tant fait pour
notre épanouissement, souffre d’un malaise certain. Elle peine, nous le savons,
à trouver des solutions durables de sortie de crise malgré les dépenses
publiques élevées qui lui sont consacrées.
Je veux replacer l’Ecole au cœur de la République,
comme lieu de transmission du savoir et comme espace de construction de la
citoyenneté pour permettre à nos enfants d’accéder à toutes les dimensions de
la vie.
C’est pourquoi, je souhaite asseoir, à travers nos
concertations, un consensus national durable sur l’Ecole sénégalaise et
conclure avec tous ses acteurs un pacte de stabilité.
Au même titre que l’Ecole, notre dialogue, sans doute dans
un autre cadre, doit accorder une place de choix à la santé pour parvenir, dans
ce secteur également, à un pacte de stabilité qui garantira la paix sociale
dans nos structures sanitaires.
C’est dans la même veine que je lance un appel au
secteur privé national pour construire ensemble de nouvelles efficacités
économiques qui vont renforcer l’implication de nos entreprises dans le
développement économique et dans la création d’emplois pour résorber le chômage
des jeunes.
Afin de permettre à nos entreprises de s’insérer dans
un environnement économique mondial de plus en plus concurrentiel, je tiens à
exprimer aux acteurs économiques ma disponibilité à entreprendre, avec eux, les
réformes nécessaires pour passer à un secteur productif moderne et favoriser
l’insertion souveraine de notre pays dans l’économie globale.
Sur le plan sécuritaire, notre pays doit s’ajuster
pour se donner les moyens de lutter avec plus d’efficacité contre le
terrorisme. Il va sans dire que notre pays a besoin d’un consensus le plus
large possible pour assurer la prise en charge prioritaire de la sécurité de
nos concitoyens.
C’est également au moyen d’un consensus national que
nous poserons les premiers jalons d’une paix définitive en Casamance qui va
permettre de transformer cette région naturelle en un véritable pôle de
développement au moyen de stratégies de développement local et de projets
facteurs d’intégration régionale avec les pays voisins.
Dans cette perspective, je vais bientôt lancer un
nouveau programme d’urgence pour la modernisation des axes frontaliers dénommé
PUMA, dont l’objectif, au-delà de l’aspect sécuritaire, est de contribuer à
renforcer la présence de l’Etat, à travers des infrastructures sociales de
base, au niveau de nos zones frontalières.
Mes chers compatriotes,
Pour conclure mon propos, je voudrais saluer et
remercier très sincèrement les autorités religieuses de toutes confessions qui
ont bien voulu répondre à mon invitation. Ce que ces autorités nous apportent
est précieux, c’est à la fois leur caution morale et leurs prières.
Il nous faut regarder résolument vers l’avenir et
assumer l’impératif de laisser aux générations futures le Sénégal de notre
rêve, un Sénégal où chacun pourra trouver les moyens de vivre décemment et
dignement.
Pour ma part, et j’y convie toutes les forces vives de
notre pays, cette ambition reste intacte.
Ensemble, nous pouvons relever tous les défis et
assurer à notre cher Sénégal une place de choix dans le concert des grandes
nations.
Je vous remercie de votre aimable attention.