Urgent - Nécrologie : le rappeur Pacotille n'est plus
Le monde du hip-hop sénégalais est en deuil avec la disparition ce
samedi de l'artiste Sidat Fall alias Pacotille. Selon Bachir Diawara,
membre du comité directeur du PDS et ami du disparu, interrogé par la
RFM, l'artiste, âgé de 35 ans, est décédé des suites d'une crise
cardiaque, alors qu'il se promenait avec ses deux enfants.
En guise d'hommage, Pressafrik publie un portrait de l'artiste,
fait en 2010 après la sortie de son troisième album "Taxi bu rouss".
Il a fait ses débuts dans le rap en 1997 aux côtés du Pee Froiss.
Et depuis, Pacotille venu de la banlieue de Yeumbeul a pris goût à la
chose hip hop et promène de podium à podium sa barbichette et ses
sandales en plastiques, des tics-tics. A trente ans, le rappeur a tourné
jusque dans les coins les plus reculés du pays et il déclare sans
sourciller, qu’il fait aimer le rap à de vieilles personnes. Sa fierté.
" Taxi bu rouss " son troisième produit sorti chez Jololi s’inscrit dans cette lancée d’un rap audible et croquant la vie de tous les jours.
L’on se demande par quel bout le prendre, ce Pacotille. Un brin de rappeur, de gamin farceur et de sagesse dorment tous en lui. En commettant un troisième album rap sur le marché, Sidat Fall, alias Pacotille, veut frapper un grand coup. Concocté depuis plus d’un an au studio Xippi, " Taxi bu rouss " est un album de neuf titres aussi évocateurs les uns que les autres.
Et le gars y reçoit des invités de talent. Visez : Youssou Ndour himself dans " Sama Guente gui ", Baba Maal lui donne la réplique avec " Niani bagna toul " et Fatou Laobé y chante dans un hommage dédié à feu Tidiane Hann, journaliste de la RTS décédé dans un accident de la circulation.
Chacun de ces artistes a daigné faire le déplacement au studio pour travailler avec le rappeur. Un rappeur en duo avec un chanteur de mbalax ! Sacrilège ? Que non. Les temps ont changé rassure Pacotille. Il est derrière lui le moment des chahuts et autres quolibets que le rappeur de Thiaroye-Yeumbeul participait à lancer à ses " aînés ".
Le tube " Bul salit " avec Viviane est passé par là et Pacotille a appris le langage du politiquement correct. " Le rap ne peut pas marcher si le mbalax ne marche pas… ", trouve Pacotille.
Il signale d’ailleurs qu’on parle toujours d’un rappeur en première partie du concert d’un Thione Seck ou d’un autre chanteur de mbalax, lors des concerts. " C’est une chose rare, voir un rappeur faire seul un concert dans un stade, ici. ", remarque-t-il. Aussi, il y a que la pub fait recours à ses services de jongleur et de parolier pour attirer de la clientèle. Un exemple.
Un symbole aussi et un leader d’opinion dans son milieu. Mais, ne pensez surtout pas que le bonhomme a mis la pédale douce pour faire ses textes dans ce nouvel album. Comme dans ses impertinentes chroniques et faits divers salaces qu’il a servis aux mélomanes dans ses deux précédentes productions, Pacotille est revenu dans son nouvel album plus que prêcheur et empêcheur de tourner en rond.
D’abord dans le titre " Taxi bu rouss ", il narre les péripéties d’un conducteur de ce moyen de transport le plus populaire et le plus intime devenant de facto le divan des nombreux déboussolés. Pacotille restitue dans ce morceau les scènes dont est témoin le taximan bloqué à longueur de journées dans les embouteillages. Elles sont aussi insolites que ce pédophile embarquant incognito des mineures dans le tacot ou ces dealers aux mines patibulaires ou encore filles de joie louant les services du taximan pour rallier un client à l’autre bout de la ville.
A travers ce texte de " Taxi Bu rouss " se déroule le carnet de route d’un conducteur pas comme les autres. " C’est un hommage que je veux rendre aux chauffeurs de taxi qui se démènent du matin au soir pour gagner leur pain. Ils sont confrontés à tous les genres d’individus et de tracas ", justifie Pacotille. Le rappeur y dénonce par ailleurs la perte de valeurs liées à la pudeur, à la dignité, au bon sens et autres.
C’est dans cette démarche que Pacotille entonne avec Baba Maal " Niani bagna toul ". Dans ce titre l’homme aux tics-tics fustige ces valeurs culturelles et ancestrales qui f… le camp. " La femme n’est plus ce qu’elle était. Des hommes se dépigmentent la peau. Des immigrés refusent de rentrer au bercail et oublient leurs racines, etc. " énumère Pacotille.
Et pour faire underground ou hip hop, Pacotille lance des piques à ses compères rappeurs de la place. Rien de méchant, jure le banlieusard. Juste qu’il rappelle à ses potes, gagnant quelques sous dans le showbiz de ne pas prendre la grosse tête et de ne pas jouer aux m’as-tu-vu ? " La starmania n’a pas sa place dans le hip hop d’ici ", glisse le gars dans un petit sourire.
L’album " Taxi bu rouss " est aussi un condensé de feeling pour Pacotille. A le voir jubiler comme un gamin pendant la séance d’écoute dans le studio, on se rend compte que le rappeur est fier du boulot abattu avec Ibou Ndour qui a assuré les arrangements musicaux. " On s’est rencontré l’année dernière à Paris et il m’a dit de faire cet album avec lui ", se souvient-il. Et hop ! Les longues nuits blanches ont commencé.
Quittant sa banlieue de Yeumbeul, le rappeur faisait le bout de chemin jusqu’aux Almadies pour sortir ce qu’il qualifie en wolof de chef d’œuvre. " Avec ces sons de marimba et de claviers, je suis sûr de gagner un nouveau fan ", clame Pacotille qui trouve son rap soft et bien apprécié par des vieilles personnes. " Je vous le jure, sans me jeter des fleurs, j’ai amené beaucoup de vieilles personnes à écouter la musique rap. Et les gammes mbalax qui figurent dans ce nouvel album ne feront que renforcer cette estime", juge le rappeur.
Pacotille explique qu’il s’attèle pour que 90 % de ses textes aient un sens et portent un message. Avec ce troisième produit, Pacotille décline bien ses 30 ans pour coucher sur du papier, avec l’aide de ses trois camarades d’enfance, des rimes aussi " salées que celles de La Fontaine ".
Pour démontrer son sens de l’humour, Pacotille se mue dans les plumes d’un gallinacé pour rapper " Guinargui ". Cette chair dont raffole l’humain et qu’il mange " avec du pain ou en live en direct ", c’est selon, à toutes les grandes occasions. Bref, l’humour, la sagesse et l’impertinence se concentrent chez ce rappeur disions-nous tantôt. Et sûr de ses œuvres, Pacotille souligne, à travers un regard profond et malicieux, que " Taxi bu rouss " est à avoir dans sa bandothèque.
Portrait tiré du blog http://omardioufcultures.over-blog.net
" Taxi bu rouss " son troisième produit sorti chez Jololi s’inscrit dans cette lancée d’un rap audible et croquant la vie de tous les jours.
L’on se demande par quel bout le prendre, ce Pacotille. Un brin de rappeur, de gamin farceur et de sagesse dorment tous en lui. En commettant un troisième album rap sur le marché, Sidat Fall, alias Pacotille, veut frapper un grand coup. Concocté depuis plus d’un an au studio Xippi, " Taxi bu rouss " est un album de neuf titres aussi évocateurs les uns que les autres.
Et le gars y reçoit des invités de talent. Visez : Youssou Ndour himself dans " Sama Guente gui ", Baba Maal lui donne la réplique avec " Niani bagna toul " et Fatou Laobé y chante dans un hommage dédié à feu Tidiane Hann, journaliste de la RTS décédé dans un accident de la circulation.
Chacun de ces artistes a daigné faire le déplacement au studio pour travailler avec le rappeur. Un rappeur en duo avec un chanteur de mbalax ! Sacrilège ? Que non. Les temps ont changé rassure Pacotille. Il est derrière lui le moment des chahuts et autres quolibets que le rappeur de Thiaroye-Yeumbeul participait à lancer à ses " aînés ".
Le tube " Bul salit " avec Viviane est passé par là et Pacotille a appris le langage du politiquement correct. " Le rap ne peut pas marcher si le mbalax ne marche pas… ", trouve Pacotille.
Il signale d’ailleurs qu’on parle toujours d’un rappeur en première partie du concert d’un Thione Seck ou d’un autre chanteur de mbalax, lors des concerts. " C’est une chose rare, voir un rappeur faire seul un concert dans un stade, ici. ", remarque-t-il. Aussi, il y a que la pub fait recours à ses services de jongleur et de parolier pour attirer de la clientèle. Un exemple.
Un symbole aussi et un leader d’opinion dans son milieu. Mais, ne pensez surtout pas que le bonhomme a mis la pédale douce pour faire ses textes dans ce nouvel album. Comme dans ses impertinentes chroniques et faits divers salaces qu’il a servis aux mélomanes dans ses deux précédentes productions, Pacotille est revenu dans son nouvel album plus que prêcheur et empêcheur de tourner en rond.
D’abord dans le titre " Taxi bu rouss ", il narre les péripéties d’un conducteur de ce moyen de transport le plus populaire et le plus intime devenant de facto le divan des nombreux déboussolés. Pacotille restitue dans ce morceau les scènes dont est témoin le taximan bloqué à longueur de journées dans les embouteillages. Elles sont aussi insolites que ce pédophile embarquant incognito des mineures dans le tacot ou ces dealers aux mines patibulaires ou encore filles de joie louant les services du taximan pour rallier un client à l’autre bout de la ville.
A travers ce texte de " Taxi Bu rouss " se déroule le carnet de route d’un conducteur pas comme les autres. " C’est un hommage que je veux rendre aux chauffeurs de taxi qui se démènent du matin au soir pour gagner leur pain. Ils sont confrontés à tous les genres d’individus et de tracas ", justifie Pacotille. Le rappeur y dénonce par ailleurs la perte de valeurs liées à la pudeur, à la dignité, au bon sens et autres.
C’est dans cette démarche que Pacotille entonne avec Baba Maal " Niani bagna toul ". Dans ce titre l’homme aux tics-tics fustige ces valeurs culturelles et ancestrales qui f… le camp. " La femme n’est plus ce qu’elle était. Des hommes se dépigmentent la peau. Des immigrés refusent de rentrer au bercail et oublient leurs racines, etc. " énumère Pacotille.
Et pour faire underground ou hip hop, Pacotille lance des piques à ses compères rappeurs de la place. Rien de méchant, jure le banlieusard. Juste qu’il rappelle à ses potes, gagnant quelques sous dans le showbiz de ne pas prendre la grosse tête et de ne pas jouer aux m’as-tu-vu ? " La starmania n’a pas sa place dans le hip hop d’ici ", glisse le gars dans un petit sourire.
L’album " Taxi bu rouss " est aussi un condensé de feeling pour Pacotille. A le voir jubiler comme un gamin pendant la séance d’écoute dans le studio, on se rend compte que le rappeur est fier du boulot abattu avec Ibou Ndour qui a assuré les arrangements musicaux. " On s’est rencontré l’année dernière à Paris et il m’a dit de faire cet album avec lui ", se souvient-il. Et hop ! Les longues nuits blanches ont commencé.
Quittant sa banlieue de Yeumbeul, le rappeur faisait le bout de chemin jusqu’aux Almadies pour sortir ce qu’il qualifie en wolof de chef d’œuvre. " Avec ces sons de marimba et de claviers, je suis sûr de gagner un nouveau fan ", clame Pacotille qui trouve son rap soft et bien apprécié par des vieilles personnes. " Je vous le jure, sans me jeter des fleurs, j’ai amené beaucoup de vieilles personnes à écouter la musique rap. Et les gammes mbalax qui figurent dans ce nouvel album ne feront que renforcer cette estime", juge le rappeur.
Pacotille explique qu’il s’attèle pour que 90 % de ses textes aient un sens et portent un message. Avec ce troisième produit, Pacotille décline bien ses 30 ans pour coucher sur du papier, avec l’aide de ses trois camarades d’enfance, des rimes aussi " salées que celles de La Fontaine ".
Pour démontrer son sens de l’humour, Pacotille se mue dans les plumes d’un gallinacé pour rapper " Guinargui ". Cette chair dont raffole l’humain et qu’il mange " avec du pain ou en live en direct ", c’est selon, à toutes les grandes occasions. Bref, l’humour, la sagesse et l’impertinence se concentrent chez ce rappeur disions-nous tantôt. Et sûr de ses œuvres, Pacotille souligne, à travers un regard profond et malicieux, que " Taxi bu rouss " est à avoir dans sa bandothèque.
Portrait tiré du blog http://omardioufcultures.over-blog.net
Ousmane Badiane
Samedi 4 Juillet 2015 - 12:30
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