Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, Honorables Députés,
Vous pouvez aisément deviner l’émotion qui est la mienne
de me trouver devant vous aujourd’hui, illustres mandataires du Peuple
sénégalais, brillamment élus pour la douzième législature de notre jeune
République.
Cette émotion est celle d’un fils du Sénégal, hautement
conscient de se trouver dans un lieu chargé d’histoire, dans un lieu où
tant de décisions cruciales pour la vie de notre Nation ont été adoptées
par les représentants du Peuple souverain. Dans un lieu, enfin, où
certaines des pages les plus marquantes de l’histoire de la démocratie
sénégalaise ont été écrites.
C’est également l’émotion d’accomplir, en ce jour, un
rituel particulièrement important dans la vie d’une démocratie, un
rituel qui est le privilège des peuples libres, devant lesquels les
gouvernants sont des serviteurs et non des maîtres.
Mais ma fierté se trouve renforcée d’accomplir ce rituel
au sein d’un hémicycle où, pour la première fois dans l’histoire de
notre pays, la place des femmes est à la mesure de leur représentativité
sociale, ainsi que de leur contribution déterminante à la consolidation
de la démocratie sénégalaise.
La configuration de cette Assemblée nationale augure
d’une nouvelle ère dans la vie de votre prestigieuse Institution. Une
ère de rupture attendue et espérée par tous nos compatriotes.
Tous les membres du Gouvernement, que j’ai l’honneur de
diriger, s’associent à moi pour vous présenter nos félicitations les
plus chaleureuses et vous dire, avec la plus grande conviction, que nous
resterons toujours extrêmement attentifs à vos interpellations, vos
suggestions et vos critiques, pour des échanges féconds entre nos deux
institutions et dans l’intérêt exclusif de la Nation.
Car le Peuple vous a confié la haute mission de
légiférer en son nom, ainsi que d’assurer le contrôle de l’action
gouvernementale pour les cinq prochaines années.
Je mesure toute l’étendue de cette mission et prie pour
que la ferveur et l’énergie qui vous animent, soient chaque jour
raffermis, pour l’accomplissement avec succès de votre sacerdoce.
Monsieur le Président, honorables Députés,
C’est avec beaucoup d’humilité et une haute conscience
des charges qui sont les miennes, que je décline devant vous, ma
déclaration de politique générale, qui vise à traduire en programmes et
actes concrets, la vision du Président de la République Macky SALL.
Je sacrifie avec plaisir à cette tradition républicaine,
consacrée par la constitution de notre pays, en saluant avec respect,
l’action de chacun de mes prédécesseurs, pour leur contribution à la
marche de notre pays vers le progrès.
En m’adressant ce matin à votre auguste Assemblée,
j’éprouve une immense fierté d’appartenir à un grand Peuple, de faire
partie d’une grande Nation, de vivre dans un pays respecté à travers le
monde.
Un pays qui vient de vivre, encore une fois, deux échéances électorales
majeures, qui lui ont permis de consolider sa place dans le cercle
restreint des grandes démocraties modernes.
En effet, le 25 mars 2012, déjouant les prédictions les
plus pessimistes, le Peuple sénégalais, dans un élan patriotique et avec
un sens élevé de la pratique démocratique, exprimait sans équivoque et
avec une sérénité impressionnante, son aspiration au changement, en
portant son choix sur le Président de la République, Son Excellence,
Monsieur Macky SALL.
En réussissant cette seconde alternance démocratique, le
Peuple sénégalais a franchi une nouvelle étape dans la marche de son
histoire.
Il y avait sans aucun doute une succession d’évènements qui présageaient
de cette issue inéluctable, après tant d’attentes insatisfaites,
d’espoirs déçus, de perspectives obstruées, d’issues incertaines, après
l’immense espoir suscité par la première alternance survenue le 19 mars
2000.
Les observateurs attentifs avaient bien décelé, depuis
quelques années, le désir irrésistible des sénégalaises et des
sénégalais au changement, leur aspiration à être gouvernés autrement,
dans la rigueur, la sobriété et l’éthique.
Je voudrais donc, ici, réitérer mes plus profonds
remerciements au Chef de l’Etat, qui m’a chargé de conduire le
Gouvernement dont la mission exaltante est de traduire sa vision et de
réaliser sa généreuse ambition pour le Sénégal.
Comme vous le savez, sa vision qui cristallise les
attentes et espoirs des sénégalais, a été forgée au contact du pays
profond, au constat du malaise social et des nombreuses fractures qui
traversent la société sénégalaise, à l’observation d’une méthode de
gouvernance qui appelait le changement.
Elle découle d’une connaissance intime des réalités de
nos terroirs, de l’observation des dures réalités quotidiennes des
ménages ruraux, et des conditions de vie précaires des populations dans
les centres urbains et périurbains.
La vision du président de la République s’est enrichie
de patientes séances d’écoute, de discussions et de partage avec les
sénégalaises et sénégalais de tous les âges et de toutes les conditions,
des villes, mais aussi des villages et hameaux les plus reculés du
pays.
Cette vision prend également sa source au contact de nos
compatriotes de la Diaspora, à la quête dans d’autres pays et
continents, au prix de multiples sacrifices et de privations, d’un mieux
être pour eux-mêmes, mais surtout pour leurs familles, leur terroir et
leur pays.
Cette vision est condensée dans le programme Yoonu Yokuté du Candidat qu’il fut.
Elle s’inspire également de la marche du monde, marquée
notamment par une série de crises, qui ont fini de remettre en cause
bien des doctrines et approches en matière de développement économique.
Cette vision, c’est celle d’un Sénégal émergent, abritant une société
sur le chemin du progrès, solidaire et adossée à des valeurs telles que
le respect de soi-même, de l’autre et du bien public ; sans oublier : la
justice, l’équité, le sens du devoir.
Des valeurs qui ont été magnifiées au cours des Assises
nationales, moments intenses d’analyse et de dialogue entre forces vives
de la Nation qui souhaitaient une autre voie pour notre pays, une autre
gouvernance.
Ces valeurs ont été le catalyseur de l’exceptionnelle
mobilisation pour la défense de la Constitution le 23 juin 2011, avec
aux premiers rangs, une jeunesse vibrante de courage et d’énergie,
debout, dès les premières heures de la journée, pour faire face à
l’arbitraire et défendre la démocratie.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
Nous assistons aujourd’hui à des mutations profondes
d’une société, avec un Peuple conscient que sa souveraineté est
inaliénable.
Son message ne souffre d’aucune ambiguïté.
C’est un message que nous avons bien compris.
C’est un message qui rappelle à tous les pouvoirs publics leurs devoirs devant la Nation.
C’est un message qui réclame la fin de l’arrogance et de
l’impunité, la juste récompense de l’effort, du mérite et de la
compétence.
A cet égard, je puis vous dire que c’est le Peuple lui-même qui a fixé
ses exigences.
La mission du Gouvernement est de les satisfaire, en prenant pour boussole la vision du Chef de l’Etat.
Car cette vision a fixé le cap et clairement défini les
urgences, de même qu’elle a parfaitement identifié les réformes de
profondeur à réaliser.
Elle est fondée sur l’analyse lucide d’un contexte macroéconomique et
social fortement délétère.
Jugeons-en !
La croissance du PIB a connu au cours de ces dernières
années une fluctuation erratique, du fait d’une forte vulnérabilité de
l’économie aux chocs exogènes et aux aléas climatiques.
L’activité économique a cru de 2,6% en 2011 contre 4,1%
en 2010. Ce ralentissement est essentiellement lié à la
contreperformance du secteur agricole qui s’est contracté de plus de
20%.
Cette situation traduit la très forte sensibilité de
l’économie sénégalaise aux aléas climatiques, car le PIB non agricole
affiche une hausse de 4,8%, imputable à la bonne tenue des secteurs
secondaire et tertiaire en 2011.
L’inflation s’est établie à 3,4% en 2011, au-delà du
seuil fixé pour les Etats membres de l’Union Economique et Monétaire
Ouest-Africaine.
Notre balance courante est structurellement déficitaire avec un solde
ressorti à -6,4% du PIB en 2011, en liaison avec les politiques
macroéconomiques parfois inappropriées, la vulnérabilité aux chocs
exogènes et des orientations sectorielles souvent hasardeuses.
Ce niveau élevé de déficit requiert une réorientation de
nos choix en matière de politique économique, pour permettre à notre
pays de mieux tirer parti de ses échanges avec le reste du monde.
Comme vous l’avez sans doute constaté, au plan
sectoriel, plusieurs branches qui, dans un passé récent, étaient
fortement contributrices aux recettes d’exportation ont été en recul :
les industries chimiques, la pêche et le tourisme notamment.
Ces niveaux élevés de déficit courant traduisent une
perte de compétitivité compromettante pour les perspectives de
rééquilibrage de notre commerce extérieur.
Le déficit du compte courant reste malheureusement couplé à un important déséquilibre budgétaire.
En dépit d’une bonne tenue des recettes qui ont doublé
entre 2000 et 2010, le déficit budgétaire n’a cessé de se creuser, pour
atteindre 455 milliards en 2011, représentant 6,7% du PIB, et 33,1% des
recettes fiscales et non fiscales.
L’encours de notre dette publique a sensiblement
augmenté entre 2006 et 2011, passant de 1023 milliards de FCFA, soit 21%
du PIB, à 2704 milliards de FCFA, représentant 40% du PIB.
Cette évolution rapide de notre dette pour financer des
investissements ne s’est cependant pas traduite par une amélioration
conséquente de la productivité de l’économie et des conditions de vie
des ménages.
Il s’y ajoute que nos options récentes en matière
d’endettement intérieur ont été fortement marquées par le recours abusif
aux instruments de court terme.
Notre pays doit supporter un service de la dette de 493
milliards en 2012, dont 412 milliards au titre du remboursement de sa
dette intérieure de 653 milliards de FCFA.
Le Sénégal est ainsi entré dans un cercle vicieux, où il
doit emprunter pour rembourser sa dette intérieure, dont le temps moyen
de renouvellement est de 14 mois.
De plus, notre potentiel de croissance n’a pu être
pleinement optimisé ces dernières années, du fait, notamment, des fortes
contraintes induites par la crise énergétique.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
Cet exposé de chiffres peut paraître assez rébarbatif,
mais il était nécessaire pour apprécier ce qu’était la situation du
Sénégal sur le plan macroéconomique lorsqu’intervenait l’alternance du
25 mars dernier.
Car, malheureusement, lorsque les chiffres de l’économie ne sont pas
brillants, c’est le citoyen qui le ressent dans sa chair et dans son
vécu quotidien. Ce n’est pas un exercice théorique.
Concrètement, des actions avaient certes été entreprises
et des progrès enregistrés dans certains secteurs, notamment les
infrastructures.
Toutefois, l’inopportunité de certaines options en
matière de réalisation d’infrastructures structurantes, et le retard
dans l’application de réformes structurelles majeures, ont maintenu dans
une regrettable inertie des secteurs à fort potentiel de création de
richesse et d’emplois, et des pôles de production.
Trop de priorités et d’urgences ont été souvent
négligées au profit de dépenses somptuaires et couteuses. Alors qu’on
s’interroge encore sur l’opportunité et la justification des sommes
colossales englouties dans l’organisation de conférences, de voyages,
ainsi que d’un festival.
Au même moment, nos compatriotes attendent toujours des
solutions durables à la crise énergétique résultant d’une offre
insuffisante, coûteuse et instable d’électricité, d’un déficit de
production structurel, d’une vétusté des réseaux de transport et de
distribution.
Cet état de fait est aggravé par la situation financière
critique de la SENELEC, et les coûts de production élevés de
l’électricité, largement en déphasage avec les tarifs actuels du fait
d’un recours trop important à l’énergie thermique.
Les réponses du Plan Takkal ont révélé toutes leurs
limites, avec des coûts de location élevés et insoutenables sur la
durée, un retard dans la réalisation des investissements, une option
stratégique risquée, axée pour l’essentiel sur les centrales à charbon,
et enfin, l’absence d’un calendrier précis pour rétablir la
compétitivité du secteur.
Au plan sanitaire, le dénuement ou l’inaccessibilité des
services de soins, l’indigence des plateaux techniques, l’insuffisance
de personnel qualifié et les difficultés récurrentes de gouvernance des
structures sanitaires, sont les meilleures illustrations des faiblesses
d’un système de santé qui doit inévitablement opérer sa mue.
L’assainissement urbain est confronté à des défis
majeurs, du fait de retards d’investissements importants, de la
faiblesse et de la vétusté de son réseau, face à une urbanisation
galopante et mal contrôlée.
Aujourd’hui, la moitié des capitales régionales ne dispose pas encore
d’un réseau d’assainissement des eaux usées et, généralement, pour
celles qui en disposent, seul leur centre-ville est desservi.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
L’actualité récente vient encore de nous rappeler,
douloureusement, à quel point les inondations pour cause de pluie
constituent un fléau national.
Ces inondations révèlent les dysfonctionnements et
incohérences qui ont marqué sur plusieurs décennies les politiques en
matière d’aménagement, d’occupation de l’espace urbain et
d’assainissement de notre cadre de vie.
Je m’incline une nouvelle fois devant la mémoire de nos
compatriotes qui ont perdu la vie au cours des dernières calamités et
j’affirme ici, devant vous, représentants du Peuple souverain, que le
Gouvernement ne trouvera pas le repos tant que nous n’aurons pas apporté
une solution définitive à ce fléau.
A côté des inondations, la gestion des ordures se pose
avec acuité dans nos villes, avec les dysfonctionnements récurrents du
système de nettoiement. La prolifération des décharges sauvages dégrade
le cadre de vie des populations et génère des risques sanitaires élevés.
Notre pays doit faire face à une forte croissance
urbaine et à des faiblesses persistantes en matière de planification
spatiale. Une situation qui génère une occupation anarchique de l’espace
ainsi que des difficultés d’accès à la propriété pour une grande
majorité de nos compatriotes.
L’accès à l’habitat est rendu difficile par les coûts
élevés de production et de cession des logements, la raréfaction des
réserves foncières qui ont été jetées entre les mains avides des
spéculateurs, et les limites des programmes publics de promotion de
l’habitat social.
Monsieur le Président, Honorables Députés, je veux vous parler de notre système éducatif qui vit un malaise profond.
Notre école est en proie à une instabilité chronique, au
point que nos enfants, qui sont plus souvent dans les rues que dans les
salles de classe, en arrivent à souhaiter parfois une année blanche,
alors même que des efforts budgétaires importants sont pourtant
consentis au profit du système scolaire.
Car nous ne devons pas oublier que les dépenses
publiques pour l’éducation, ont atteint plus de 2400 milliards de FCFA
entre 2000 et 2010. Chaque année, l’école absorbe plus du cinquième du
budget de l’Etat.
En dépit de ces efforts, elle est sujette à une
dégradation continue de la qualité des enseignements et des
apprentissages, avec de faibles taux d’achèvement, de transition, et de
réussite aux examens. A cela s’ajoute la faible intégration des modèles
alternatifs d’éducation qui constituent une forte demande des
populations.
Très peu développée, l’offre de formation technique et
professionnelle ne coïncide pas encore avec les besoins du marché de
l’emploi.
L’enseignement supérieur continue de produire beaucoup de diplômés non compétitifs sur le marché du travail.
Aux faibles capacités d’accueil des établissements,
concentrés pour l’essentiel à Dakar, s’ajoutent une surcharge des
effectifs d’étudiants et une dégradation continue de la qualité des
enseignements.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
Après plus d’un demi-siècle d’indépendance, le Sénégal
peine encore à assurer sa sécurité alimentaire, et à faire de
l’agriculture le moteur de sa croissance.
C’est pourquoi, je suis venu vous parler de
l’agriculture, qui, comme les populations qui en vivent, reste encore
vulnérable aux aléas climatiques, malgré un potentiel appréciable en
terres cultivables et en ressources hydriques.
En outre, les politiques agricoles récentes ont été
négativement marquées dans leurs orientations, leurs dispositifs de
pilotage et leurs applications sur le terrain.
Le net recul des productions vivrières de 36%,
consécutif à la sécheresse qui a sévi au Sahel en 2011, a engendré un
déficit céréalier de 238.000 tonnes, pendant que les productions
d’arachide et de coton enregistraient des baisses respectives de 59% et
21%.
La situation du monde rural s’en est vivement ressentie,
avec les rigueurs d’une période de soudure longue et éprouvante,
aggravée par le déficit en pâturage qui menaçait de disparition plus de
25% du cheptel.
Le renchérissement du coût de la vie continue d’affecter fortement le pouvoir d’achat des ménages.
Importateur net de produits alimentaires, le Sénégal
n’est pas à l’abri des turbulences des marchés internationaux et reste,
plus que jamais, exposé aux fluctuations de prix sur lesquels l’Etat n’a
pas suffisamment prise.
Les perspectives ne sont d’ailleurs guère rassurantes,
du fait d’une demande en hausse et d’un ralentissement de la croissance
de la production mondiale qui pèseront encore fortement sur les marchés
des produits alimentaires.
Au moment où je m’adresse à vous, le monde vit une
flambée des prix des céréales. Il y en a eu dans un passé récent. Il y
en aura de plus en plus dans l’avenir. Nous devons nous battre pour
contenir les effets du choc actuel, mais surtout nous devons organiser
les conditions de notre sécurité alimentaire durable.
Nous devons le faire d’autant plus que notre pays
connaît, en 2011, un taux de pauvreté élevé de 46,7% au niveau national
et de 69,3% en milieu rural.
Cette persistance de la pauvreté résulte d’une part,
d’une faiblesse de la croissance économique et d’autre part, d’un
déséquilibre dans la distribution de la richesse nationale.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
on peut difficilement échapper à la pauvreté lorsque l’on ne vit pas
dans une société juste, alors je suis venu vous parler de la Justice.
Notre Justice souffre encore de nombreux
dysfonctionnements liés à la complexité de son organisation, à sa faible
accessibilité, à la faiblesse de ses moyens humains, financiers et
matériels.
A ces maux s’ajoute la complexité des textes et des
procédures, ces dernières étant jugées trop longues et trop lentes par
le justiciable.
Dois-je encore revenir sur le non dénouement de certains dossiers
judiciaires, alors que toutes les procédures ont été épuisées, sur
l’impunité qu’offrait jusqu’ici la proximité avec le pouvoir ?
Ai-je besoin d’évoquer devant vous, les nombreuses
fautes de gestion avérées qui ont pesé, jusqu’ici, sur la gestion des
finances publiques, la conclusion de nombreux contrats publics ou
transactions dans des conditions de non transparence ?
Monsieur le Président, Honorables Députés, les défis en face de nous sont multiples !
Certains relèvent de questions de survie, au regard de
leur acuité et de la précarité dans laquelle elles installent les
populations.
Ils nécessitent donc des mesures urgentes.
Je veux parler d’une part, du coût élevé de la vie,
devenu de moins en moins soutenable pour les ménages, et d’autre part,
des urgences du monde rural et des inondations.
D’autres défis s’y ajoutent et nécessiteront des
solutions structurelles : l’emploi des jeunes, la sécurité alimentaire,
l’amélioration durable des revenus du monde rural, l’assainissement du
cadre de vie, l’accès de tous les citoyens à des services sociaux de
base de qualité,
l’amélioration de l’environnement des affaires, la bonne gouvernance,
l’assainissement des finances publiques, la consolidation des bases
d’une croissance forte, durable et inclusive, le renforcement de la
démocratie et de la sécurité.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
Le Président Macky SALL, en qui les Sénégalais ont placé
leur confiance le 25 mars 2012, entend, à travers son Programme Yoonu
Yokkute, apporter des réponses concrètes aux attentes légitimes d’un
Peuple en quête d’épanouissement et de bien être.
Dans cette perspective, le Gouvernement s’engage à :
- mettre fin aux injustices sociales ;
- asseoir des bases économiques solides pour le développement ;
- atteindre une productivité développante ;
- devenir un modèle de gouvernance efficace ;
- contribuer à garantir la paix, la stabilité, la sécurité et l’intégration régionale.
Nos priorités seront centrées sur les jeunes et les
femmes, acteurs du développement, forces motrices des changements et
cibles principales des politiques sociales, mais également sur le monde
rural, pour en faire un véritable centre d’impulsion de la croissance.
A ce titre, les principes qui sous-tendent l’action du
Gouvernement peuvent être résumés en trois mots : protection,
transparence et efficience.
Protection ! Parce que les Sénégalais dans leur
majorité, meurtris par une crise économique et sociale qui leur devient
de moins en moins supportable, commençaient à être gagnés par un
sentiment d’abandon de la part de l’Etat.
C’est la raison pour laquelle l’une des priorités du
Gouvernement sera de restaurer un Etat protecteur des populations, un
Etat proche des citoyens, qui assure une juste redistribution des fruits
de la croissance, préserve les libertés et garantit l’équité ainsi que
l’égalité de tous devant la loi.
Transparence ! Parce que les Sénégalais dans leur
quasi-totalité, spectateurs réguliers de multiples dérives dans la
gestion de la chose publique, commençaient à s’habituer au règne de
l’opacité et du non-droit.
C’est la raison pour laquelle l’une des priorités du
Gouvernement sera de rétablir un Etat transparent, qui défend l’éthique
dans la gestion ainsi que le retour aux valeurs sociales de référence, à
commencer par le respect de l’autorité ; de restaurer un Etat au
service exclusif des intérêts de la Nation.
Efficience ! Parce que l’Etat du Sénégal s’était mis
hors du chemin de la bonne gouvernance, le seul pourtant qui permette à
une administration compétente et intègre d’offrir aux citoyens des
prestations de qualité et au meilleur coût.
C’est la raison pour laquelle l’une des priorités du
Gouvernement sera de réinventer un Etat efficient, sobre et régulateur,
un Etat qui impulse et assure le plein épanouissement des potentialités
de chaque citoyen et de toutes les localités ; un Etat qui assure la
sauvegarde des ressources et une gouvernance de proximité.
- La protection des Sénégalais est notre credo.
- La transparence est notre option essentielle.
- L’efficience est notre méthode.
Ces trois axes vont constamment nous guider dans l’application de la feuille de route tracée par le Chef de l’Etat.
L’action du Gouvernement sera principalement marquée par les options stratégiques suivantes :
la
consolidation des bases d’une gouvernance démocratique, transparente,
plus rigoureuse, plus efficace, basée sur la satisfaction des besoins
prioritaires des populations et la lutte contre les injustices
sociales ;
le
renforcement de la décentralisation et la territorialisation des
politiques publiques, en vue de donner une plus forte impulsion au
développement des terroirs ;
une croissance soutenue, durable et inclusive, bâtie autour :
- d’un meilleur environnement des affaires favorisant l’attractivité de notre économie aux investissements privés ;
-
et d’autre part, d’un développement plus équilibré du territoire, avec
l’émergence de pôles de développement régionaux dynamiques, et la
relance du secteur agricole.
Ces pôles de développement seront spécialisés en
fonction de leurs potentialités naturelles, et seront dotés d’un plateau
d’équipements sociaux de base, d’infrastructures et de services de
soutien à la production, de pôles universitaires et de recherche, et de
centres de formation professionnelle spécialisés.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
C’est donc, à travers la mise en oeuvre de ce programme
de rupture que le Gouvernement apportera les changements attendus par
les Sénégalaises et les Sénégalais.
Oui. il s’agira bien d’oser, d’innover, de travailler. A la fois dans l’urgence et dans la prospective.
Vous comprenez aisément, que devant les multiples
urgences qui nous ont assaillis, les premières actions du Gouvernement,
conformément aux instructions du Président Macky SALL, ont porté sur la
baisse des prix des denrées de première nécessité, la distribution de
vivres de soudure et d’aliments de bétail et la subvention des intrants
agricoles.
Le coût de ces mesures est évalué à 83 milliards de
FCFA, auxquels il faut ajouter une enveloppe de 120 milliards de FCFA,
au titre de la compensation tarifaire, induite par les options onéreuses
du Plan Takkal.
Le Gouvernement devait également faire face à des arriérés de paiement
dus aux entreprises, estimés à 150 milliards de FCFA, à fin mars 2012,
et à des moins-values de recettes budgétaires de l’ordre de 35 milliards
de FCFA à cette même date.
La prise en charge de ces mesures conduisait à un
déficit public excédant 8% du PIB, niveau incompatible avec un objectif
de stabilité macroéconomique.
C’est pourquoi, dans les prochains jours, un projet de
Loi de Finances Rectificative sera soumis à votre examen, portant sur la
réduction, voire la suppression, de certaines dépenses jugées non
prioritaires.
Ces mesures permettront de limiter le déficit public à 6,4% et le
Gouvernement s’engage à prendre toutes les dispositions pour un retour
rapide à l’orthodoxie budgétaire. C’est un principe de base de bonne
gestion des affaires publiques.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
Il n’échappe à personne, que le redressement économique,
la relance de la croissance et la correction des injustices sociales,
exigeront des efforts collectifs, que nous devrons tous consentir, dans
l’intérêt général.
Car, il nous faut tout d’abord asseoir les bases d’une économie stable, et ainsi donner des fondations solides à la croissance.
La stratégie adoptée vise à placer, dès à présent, le
Sénégal sur la voie de l’émergence et à garantir un développement
pérenne avec, à la clef, des retombées équitablement reparties.
La croissance devrait remonter à 3,9% en 2012, grâce notamment à une reprise de la production agricole.
Cette croissance sera soutenue principalement par le
renforcement des capacités énergétiques, la poursuite des travaux de
l’autoroute à péage et de l’aéroport Blaise Diagne, le démarrage
effectif des travaux du Millenium Challenge Account, symbole de la
coopération entre les Etats Unis d’Amérique et notre pays, et la reprise
du tourisme.
Le Gouvernement veillera à ce que l’inflation soit contenue en deçà de
la norme communautaire fixée à 3%, et que le déficit budgétaire soit
ramené sous la barre de 5% en 2013, puis à moins de 4% du PIB en 2015
afin d’assurer la viabilité des finances publiques.
Dans cette perspective, la réduction du train de vie de
l’Etat sera poursuivie avec une rationalisation de notre carte
diplomatique et des dépenses dans les secteurs de l’éducation, de la
santé et de l’agriculture. C’est une démarche similaire qui conduit à
proposer la suppression du Sénat.
Une politique d’emprunt plus prudente sera menée, afin de préserver la viabilité de la dette publique.
La Stratégie de Gestion de la Dette à Moyen Terme, qui
sera finalisée avant fin septembre 2012, permettra un reprofilage de
notre dette.
Notre pays privilégiera désormais les prêts concessionnels pour les
emprunts extérieurs, et les instruments de long terme pour les émissions
de titres publics.
Car si aucun Etat ne peut vivre sans dettes, il existe
un art de s’endetter de façon intelligente, et le Gouvernement est bien
résolu à en exploiter toutes les ficelles.
Le nouveau Code Général des Impôts, que nous allons
proposer à votre examen dans les prochaines semaines, ainsi que la
poursuite de la modernisation des administrations fiscale et douanière,
permettront d’accroitre de façon sensible les recettes budgétaires, afin
de dégager une plus grande marge de manoeuvre pour financer les
dépenses prioritaires.
La baisse de la fiscalité sur les salaires à partir du
1er janvier 2013, ainsi que le relèvement de 7% à 10% du taux des
pensions de retraite versées par l’IPRES déjà effectif cette année, se
traduiront par l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages.
Pour conforter davantage ce pouvoir d’achat, une large
place sera accordée à la réorganisation des circuits de distribution, à
la maîtrise de la structure des prix et des marges, ainsi qu’aux
conditions de surveillance et d’approvisionnement du marché des denrées
alimentaires.
Cette politique de réduction du coût de la vie devra
bénéficier, à moyen terme, des effets de nos fortes options en matière
d’intensification agricole, de diversification, de transformation et de
valorisation des produits locaux, pour la satisfaction de la demande
locale, dans de meilleures conditions de coût et de qualité. Notre
production locale devant davantage profiter de la consommation
nationale.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
Pour réaliser son programme économique et social, le
Gouvernement continuera de faire appel aux partenaires traditionnels de
notre pays, dont plusieurs ont déjà su être présents à nos côtés aux
heures de l’urgence. Il a en outre décidé de concevoir un certain nombre
de fonds autonomes, qui devront être alimentés à partir de ressources
internes et d’appuis de nos partenaires extérieurs.
Il s’agit d’abord du Fonds de Garantie et
d’Investissements Prioritaires (FONGIP), qui apportera des appuis ciblés
destinés aux petites initiatives, aux micro-entreprises, et enfin aux
PME/PMI, qui doivent constituer le socle de notre croissance.
Les PME/PMI bénéficieront de programmes de mise à
niveau, ainsi que d’appuis en matière de réorganisation de leur système
de production et de management.
La création d’un Fonds Souverain d’Investissement
Stratégique (FONSIS) contribuera à apporter des ressources aux
entreprises privées et parapubliques nationales à fort potentiel de
développement, notamment dans les secteurs des BTP, des médias, des
télécommunications, de l’agroalimentaire, de l’énergie et des
hydrocarbures etc. Il permettra aussi de renforcer la gouvernance de ces
entreprises.
Ces fonds constitueront des instruments d’appoint
déterminants pour stimuler l’investissement privé, tout en accroissant
les performances du secteur public et parapublic.
L’économie trouvera également de nouveaux instruments de
financement avec l’amélioration du cadre fiscal de l’activité de
crédit-bail, du capital-risque et le développement de la finance
islamique.
Nous ferons aussi surement appel, suivant une démarche inclusive et
participative, à la solidarité des secteurs à forte croissance par le
biais de prélèvements spécifiques.
Par ailleurs, des réflexions sur la réforme de l’épargne
institutionnelle seront entamées, notamment la poursuite de la
restructuration du secteur des assurances, des systèmes de retraite, la
valorisation des ressources de la Caisse des Dépôts et des
Consignations, et l’approfondissement du marché des capitaux.
En outre, pour la réalisation des grands travaux, l’Etat
fait l’option de privilégier le partenariat public/privé, avec le
recours aux mécanismes de financement innovants.
La contractualisation avec des opérateurs privés dans
les secteurs hautement capitalistiques, permet en effet à l’Etat de
libérer d’importantes ressources, pour les orienter vers d’autres
priorités.
Le Président de la République a réaffirmé la volonté de l’Etat d’assurer
la promotion d’un secteur privé national fort. Ce patriotisme
économique doit toutefois se traduire dans des conditions qui
garantissent les principes de transparence, d’équité et d’efficacité.
Vous l’aurez donc constaté, les réformes engagées
devraient donner une nouvelle impulsion au financement des actions
d’investissement prioritaires et stimuler l’activité économique.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
Pour stimuler l’investissement, il est indispensable d’améliorer l’environnement des affaires.
A cet effet, le Gouvernement s’est engagé à parachever
les réformes structurelles identifiées dans le cadre du Conseil
Présidentiel de l’Investissement, et qui visent à placer le Sénégal dans
le groupe des pays africains disposant d’un environnement des affaires
de classe internationale.
Une vaste réflexion sera engagée sur le foncier en vue
de satisfaire l’importante demande du secteur privé d’accès à des terres
pour réaliser des projets phares, notamment dans le domaine du tourisme
et de l’agriculture.
Cette réflexion devrait aboutir à une réforme attractive
pour l’investisseur, mais qui préserve les intérêts des populations et
de la Nation.
Elle sera une opportunité pour mieux assurer la
sécurisation des exploitations familiales agricoles et leur
modernisation, en permettant l’accès des producteurs au crédit.
Notre ambition est de parvenir également à une meilleure
maîtrise des coûts des facteurs et à une disponibilité de ressources
humaines bien formées, indispensables pour asseoir la compétitivité des
entreprises.
La restructuration du secteur névralgique de l’énergie apparaît donc
comme une « sur-priorité », pour garantir une fourniture stable
d’électricité aux entreprises et aux ménages, à des coûts maîtrisés,
supportables, et ne grevant pas la compétitivité de l’économie.
La politique énergétique du Gouvernement visera à
apporter des réponses adéquates aux questions urgentes liées à la
demande, mais également à garantir des solutions durables, dans un
contexte de gestion transparente et de bonne gouvernance du secteur.
Notre objectif à court terme, est d’assurer la qualité de la fourniture
d’électricité tout en limitant les subventions qui pèsent lourd sur les
finances publiques et entravent le financement d’autres actions
prioritaires.
A cet effet, les programmes en cours de réhabilitation
des centrales seront accélérés, en vue de leur livraison en 2013, de
même que l’installation de capacités intermédiaires pour une puissance
de 200 mégawatts, afin de renforcer les 536 mégawatts de la SENELEC.
En outre, seront mis en oeuvre un plan de
restructuration opérationnelle et financière, ainsi qu’une réforme
institutionnelle de la SENELEC, dont le déficit, à la charge de
l’ensemble de la collectivité, constitue un lourd boulet, handicapant
l’économie sénégalaise et sa compétitivité.
Diverses autres actions sont déjà en cours pour
l’amélioration de la distribution et la maitrise de la demande, avec
notamment la diffusion des lampes à basse consommation, de même que la
promotion de l’utilisation des kits solaires.
Dans les moyen et long termes, notre politique
énergétique s’attachera à consolider durablement les disponibilités
énergétiques, à réduire de manière structurelle les coûts de
l’électricité, ainsi qu’à renforcer notre indépendance énergétique.
L’accent sera donc mis sur la diversification des
sources et une politique de mix énergétique associant, d’une part, les
énergies traditionnelles, telles que le charbon, les hydrocarbures
gazeux et liquide, l’énergie hydraulique et d’autre part, les énergies
renouvelables, notamment le solaire, l’éolienne et la biomasse.
A cet égard, tous les efforts de l’Etat seront centrés
sur l’exécution correcte des programmes de consolidation des capacités
de production, avec la réalisation de centrales utilisant des sources
d’énergie moins couteuses, le recours au solaire pour l’éclairage public
et la promotion de son utilisation dans les bâtiments appartenant à
l’Administration.
D’ici à 2015, le renforcement de la coopération
énergétique sous-régionale permettra aussi à notre pays de bénéficier de
la mise en service des centrales hydroélectriques réalisées dans le
cadre de l’OMVS (Felou puis Gouina).
Le Gouvernement va également recourir à l’interconnexion
au réseau nord-africain et ouest-africain pour bénéficier de possibles
excédents, en particulier ceux de la Mauritanie.
Cet accroissement de l’offre de production sera combiné à
celle des infrastructures de transport, avec la réalisation d’un réseau
sur les axes Nord et Centre du pays, pour améliorer les performances et
garantir l’intégration énergétique sous-régionale.
S’agissant des hydrocarbures, les actions du
Gouvernement seront centrées sur une meilleure régulation du secteur,
pour restaurer sa compétitivité et assurer une plus forte implication du
privé dans les investissements, dans des conditions transparentes.
Des efforts seront entrepris pour sécuriser notre
approvisionnement pour les hydrocarbures, ainsi qu’une meilleure
maîtrise de la structure des prix pour réduire toutes les niches de
surcoût, et ceci au profit des ménages.
Enfin, le Gouvernement favorisera une plus grande
transparence dans les opérations de prospection et de recherche
pétrolières, ainsi qu’une plus forte implication du secteur privé
national.
L’option du Gouvernement de régler de manière durable la
crise énergétique, mais aussi la mise en oeuvre de notre programme
social, nous conduisent à rationaliser la subvention sur l’électricité,
devenue de moins en moins soutenable pour les finances publiques.
A cet effet, des ajustements tarifaires sont à l’étude
sur certaines catégories de consommateurs, afin de protéger les ménages à
faible revenu et préserver la compétitivité de l’économie.
Stimuler la compétitivité est la voie pour asseoir les
conditions d’une productivité élevée et durable, mais à la condition de
disposer d’un secteur privé renforcé.
Au-delà du rôle de locomotive que continueront de jouer
les grandes entreprises, le développement du secteur privé reposera
avant tout sur l’émergence d’un socle de petites et moyennes entreprises
de production de biens et services, ainsi que sur une mutation
progressive du secteur informel.
Il nous faut bien noter que si l’économie informelle ne
saurait être ni méthode, ni objectif, nous nous devons par contre de
libérer l’entrepreneur naissant d’un formalisme excessif, inutile et
inhibant. La récente réforme du droit de l’OHADA a consacré le statut de
l’ « entreprenant ». Le Gouvernement prendra les mesures incitatives
appropriées pour permettre, notamment aux jeunes et aux femmes d’y
accéder.
En outre, des incubateurs, ou des Maisons de
l’Entreprise, seront développés à travers les régions pour accompagner
ces mutations. Ces structures d’appui mettront à disposition, des
locaux, des équipements et des services, pour soutenir les petites
entreprises opérant dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage, de
la pêche, de l’artisanat, de l’industrie culturelle et des services.
Les mécanismes d’appui au secteur privé seront
rationalisés pour plus d’efficacité dans leurs interventions. L’Etat
accompagnera également les industries agroalimentaires et
manufacturières, en améliorant les dispositifs de promotion et
d’application des innovations technologiques.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
Stimuler la croissance, c’est aussi asseoir une base
d’infrastructures et de services de soutien à la production, conforme
aux meilleurs standards internationaux.
Dans l’option du Gouvernement, les infrastructures
routières, mais également les pistes rurales, doivent constituer une
architecture cohérente, orientée vers la dynamisation des pôles
économiques de développement.
Aucune zone de production ne doit souffrir
d’enclavement. Le désenclavement de la Casamance par mer, par routes et
par la voie aérienne est à cet égard érigé en extrême priorité. Je dois
aussi souligner qu’un programme de réalisation de 29 ponts métalliques
et du nouveau pont Emile Badiane est en cours d’instruction.
Notre programme de modernisation des moyens de transport
routiers, maritimes, ferroviaires et aériens donnera un nouveau souffle
aux activités économiques, notamment pour la relance du tourisme, des
activités d’exportation et la facilitation des transports sur les
corridors.
La réalisation des corridors régionaux et sous-régionaux donnera une
plus forte impulsion à nos échanges avec la sous-région, et le reste de
l’Afrique.
Le chemin de fer devra jouer un rôle plus déterminant
dans la circulation des personnes et des biens sur l’axe Dakar-Bamako,
et la desserte des zones périurbaines et des villes de l’intérieur.
Grâce à des investissements structurants, le Port de
Dakar devra mieux se positionner comme un centre sous-régional
d’éclatement et de transbordement, à même de satisfaire les exigences de
la compétition maritime internationale. Ce qui permettra à notre pays
de tirer davantage profit de sa position stratégique qui lui confère des
atouts indéniables en matière de transports maritimes.
De même, la réhabilitation des ports secondaires de
l’intérieur va relancer les activités économiques des régions
concernées.
Elle permettra des gains de productivité ainsi qu’une moindre
sollicitation de notre réseau routier dont le Gouvernement veillera
particulièrement à l’entretien et à la sauvegarde. Elle contribuera
aussi au renforcement de notre politique de sécurité routière. Sécurité
routière à laquelle nous tenons, parce que pour nous, chaque victime
d’accident de la circulation est une victime de trop.
Le désenclavement du territoire et la promotion de la
destination Sénégal, passeront par la redynamisation du transport aérien
en accordant plus de place à la concurrence, la réhabilitation des
aéroports régionaux et la garantie de meilleures conditions de sûreté et
de sécurité.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
Notre option pour une croissance soutenue et durable
sera basée sur la promotion des secteurs à fort potentiel de création de
valeur ajoutée et d’emplois, celle des secteurs ayant des marges de
croissance et d’innovation et un fort contenu d’exportation. Il s’agit
notamment de l’agriculture, du tourisme, des industries extractives et
chimiques, des BTP, des industries culturelles, de l’artisanat, ainsi
que des TIC et services.
L’agriculture sera bien entendu le principal levier de
relance de l’économie, eu égard à son potentiel de croissance, et à ses
effets d’entrainement très importants sur les autres secteurs de
l’économie nationale.
Tel est le choix fait par Monsieur le Président de la
République.
Sans attendre, des mesures seront prises pour soustraire notre pays de
la forte dépendance à l’égard des importations de produits alimentaires
stratégiques, et l’acheminer, à terme, au-delà de la sécurité
alimentaire, vers l’autosuffisance.
A cet effet, le premier défi sera de rendre
l’agriculture moins vulnérable aux aléas climatiques, d’élever
durablement les niveaux de productivité et de production pour toutes les
variétés cultivées.
Ce défi sera relevé d’abord à travers la maîtrise de
l’eau et l’accroissement des aménagements hydroagricoles, notamment dans
la vallée et le delta du fleuve Sénégal, ainsi que dans la vallée de
l’Anambé. Les superficies irriguées exploitées devraient atteindre à
terme 250.000 ha.
L’ambition du Gouvernement est de parvenir à l’autosuffisance avec une production de 1.600.000 tonnes de riz paddy en 2018.
Le riz pluvial, qui peut aujourd’hui être développé sur
l’ensemble du territoire, grâce à la disponibilité de variétés adaptées,
devra contribuer à cet objectif, par son intégration dans les
stratégies de diversification.
Dans la mise en oeuvre desdites stratégies de diversification, et afin
d’accélérer la marche vers la sécurité alimentaire, l’Etat engagera le
développement, à une large échelle, des céréales locales et recherchera
l’atteinte de l’autosuffisance, à moyen terme, pour certaines
productions maraichères, comme l’oignon, la tomate et la pomme de terre.
En rapport avec cet objectif, la modernisation de
l’agriculture sera assurée, à partir de 2013, à travers un programme de
renforcement des équipements de production et l’intégration des
innovations technologiques dans les pratiques culturales.
L’ambition du Gouvernement est de promouvoir le
développement d’un réseau de grandes fermes agricoles modernes et
d’unités agroindustrielles, capables d’assurer une plus grande
diversification de leurs productions. Ces fermes devront, avec l’appui
de l’Etat, encadrer de petits producteurs pour assurer leur viabilité.
Des centres agrobusiness accompagneront cette mutation,
en offrant des services en matière de mécanisation, de maintenance, de
stockage, de commercialisation, mais aussi de transformation et de
valorisation de la production.
La question cruciale de la disponibilité de semences de
qualité et en quantité, pour les principales variétés culturales,
trouvera une solution durable, à travers un programme pluriannuel de
reconstitution du capital semencier. Ce programme prendra en compte le
processus de multiplication à travers des fermes semencières, avec
l’implication des opérateurs privés et des producteurs.
Nos structures de recherche nationales, avec le soutien
de pays amis, s’investiront davantage dans la vulgarisation de variétés
et d’itinéraires techniques mieux adaptés. Des synergies seront
également développées entre les différents pôles nationaux et
sous-régionaux de recherche.
Cette politique sera accompagnée de nouvelles stratégies
pour la protection des cultures, la restauration de la qualité des sols
et le conseil agricole.
Le secteur privé est appelé à jouer un rôle déterminant
dans la modernisation de l’agriculture, à travers des investissements
structurants, contribuant à une hausse significative des niveaux de
production, à une meilleure structuration des filières de
transformation, ainsi qu’à la commercialisation des produits sur les
marchés locaux et extérieurs.
Au-delà du riz, la politique de promotion des filières
mettra l’accent sur les productions horticoles et fruitières destinées à
l’exportation. Ces dernières devront poursuivre leur dynamique de
conquête de nouveaux marchés, avec l’amélioration des conditions de
production et de mise aux normes des produits. Le « label Sénégal » doit
participer à la construction de notre fierté nationale.
L’Etat accompagnera un développement des filières
reposant sur un partenariat plus étroit et mieux structuré, avec des
modèles de contractualisation tripartite entre les producteurs, les
opérateurs économiques ou agroindustriels et les institutions de crédit.
Ce partenariat permettra de mieux prendre en compte les
besoins d’encadrement technique des producteurs, le renforcement de
leurs équipements, la mise à leur profit de crédits de campagne, la
négociation des prix et de contrats d’achat, ainsi que les conditions de
commercialisation des produits.
Je voudrais particulièrement insister sur la filière
arachidière, pour dire que l’Etat veillera, en relation avec les
acteurs, à sa réorganisation.
En concertation avec les producteurs et le secteur privé, l’Etat
accompagnera la mise en place de bourses de produits agricoles et
avicoles, dans les pôles de développement, afin d’offrir des débouchés
aux produits.
Enfin, pour asseoir une politique agricole durable,
notre pays prendra en compte les effets des changements climatiques, en
intégrant davantage les techniques modernes de conservation des eaux
pluviales, la revitalisation des vallées fossiles dans certaines
localités, et la lutte contre le lessivage des sols.
De plus fortes synergies seront construites entre
l’agriculture et l’élevage, pour mieux soutenir la croissance et la
transformation qualitative des conditions de vie du monde rural. Il nous
faut, à cet égard, développer un système agropastoral plus intégré.
A cet effet, la production animale sera modernisée par
une plus forte intégration des progrès de la biotechnologie animale afin
d’aller dans le sens de la satisfaction de nos besoins en protéines et
en produits laitiers.
L’Etat engagera dès 2013 un important programme
d’amélioration de la santé animale et la mise en place d’un programme
pluriannuel et multisectoriel de renforcement des infrastructures et des
équipements, afin de rendre l’élevage plus compétitif.
Ce programme assurera le désenclavement et l’émergence
de zones d’élevage pilotes, ainsi que le développement de toute la
chaine de valeur constituant le secteur.
L’Etat réalisera ou favorisera la réalisation de fermes
laitières, de mini-laiteries, celle d’abattoirs modernes, de chaînes de
transformation et de froid, de pôles pour la commercialisation et le
développement des races.
Ces actions seront accompagnées d’une recherche de la baisse des prix par la rationalisation de la chaîne de valeur.
Dans le processus de modernisation du secteur, le
Gouvernement appuiera la production de fourrage à grande échelle pour
limiter la transhumance et rendre le cheptel moins vulnérable à la
sécheresse. Ce programme, déjà engagé, équivaut à une révolution
culturelle devenue indispensable.
De même, le développement de la filière ovine, est
désormais une option incontournable, afin de réduire notre forte
dépendance vis-à-vis des pays limitrophes, pour l’approvisionnement en
moutons à l’occasion des grandes fêtes religieuses.
L’aviculture qui connaît un regain d’activité sera dotée
d’un plan stratégique, avec pour objectif de contribuer à la sécurité
alimentaire, à l’accessibilité des produits alimentaires, et à la
création d’emplois. Sa productivité devra être recherchée et construite
dans des délais courts afin de rendre la filière compétitive par rapport
au marché international.
A l’instar des activités agropastorales, la pêche et
l’aquaculture devraient contribuer à la sécurité alimentaire et procurer
de meilleurs revenus aux acteurs du secteur, grâce à une gestion plus
rationnelle et durable des ressources halieutiques.
Il sera ainsi mis en place un système de gouvernance
participative des ressources reposant sur la mise en oeuvre de plans
d’aménagement des pêcheries, notamment les ressources démersales
côtières et profondes.
L’Etat s’engagera également, avec les acteurs, dans la
protection des zones de reproduction, la reconstitution des habitats
marins et le développement des aires marines protégées.
Notre économie devrait profiter de l’amélioration de la
compétitivité et de la qualité des produits halieutiques sur les marchés
extérieurs, à travers la mise aux normes de l’amont de la filière
industrielle.
A cet effet, des mesures seront prises pour accompagner l’assainissement
de cette filière, et la résorption des surcapacités de traitement.
La pêche continentale et la pisciculture devront
également contribuer à notre objectif de sécurité alimentaire, grâce à
un meilleur soutien de l’activité par l’installation d’unités aquacoles.
La préservation des bases productives et des ressources
reste aussi un enjeu pour les performances des activités agropastorales.
Cela justifie l’engagement du Gouvernement pour le secteur de
l’environnement.
Il nous faut rendre les écosystèmes ruraux moins vulnérables aux effets
des changements climatiques, de l’accroissement démographique, des modes
de vie et des systèmes d’exploitation, qui exercent une pression accrue
sur les ressources agro forestières, zootechniques et halieutiques.
A cet égard, l’Etat s’engagera résolument dans la lutte
contre les feux de brousse, recherchera l’inversion de la forte tendance
à la déforestation et à la dégradation des terres, assurera la gestion
durable des aires protégées et des zones humides pour la conservation de
la biodiversité.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
La relance des activités agropastorales et de la pêche
aura comme conséquence d’assurer un rééquilibrage de notre balance
commerciale, de concrétiser l’ambition du Gouvernement de transformer le
monde rural et d’en faire un espace où les populations ne sont plus
condamnées à la précarité.
La nouvelle impulsion donnée à ces activités fera de nos
campagnes des zones plus attractives, ayant leur propre dynamique,
offrant des opportunités d’insertion économique et sociale. Le
Gouvernement va renforcer cette dynamique de développement en dotant les
communautés rurales d’un programme d’infrastructures sociales de base.
Ce programme assurera leur désenclavement par la
réalisation de pistes rurales, l’accès des populations à l’eau, à
l’électricité, à des infrastructures sanitaires, éducatives et sociales
permettant leur plein épanouissement.
Je veux souligner que notre plan d’actions pour
l’électrification rurale a pour ambition de rattraper l’important retard
enregistré dans la mise en oeuvre des six (6) conventions de concession
en cours, et de conclure quatre nouvelles conventions afin d’atteindre
l’objectif d’un taux d’électrification rurale de 50 % à l’horizon 2015
et de 60% en 2017. Ce programme devrait concerner un peu plus de 1 100
000 habitants.
Dans l’objectif de renforcer l’offre d’infrastructures
dans les communautés rurales, les résultats du projet « Villages du
Millénaire » en cours d’expérimentation dans la région de Louga seront
capitalisés.
Mettre en valeur nos terroirs, leur insuffler une nouvelle dynamique de
développement, est le meilleur moyen de gagner le pari du développement à
la base, et d’inverser le sens de l’exode rural.
Ce pari est certes ambitieux, mais le gagner ne dépend que de nous !
Monsieur le Président, Honorables Députés,
Tous nos efforts pour relancer les activités de
production agricole, de l’élevage et de la pêche laisseraient un goût
d’inachevé s’ils ne favorisaient pas le développement d’industries de
transformation compétitives, capables de renforcer leurs positions sur
les marchés intérieur et extérieur.
Aussi, notre stratégie d’industrialisation accordera une
large place à l’émergence de pôles industriels régionaux, et à des
unités de production orientées vers la valorisation de nos productions
locales et la création d’emplois.
Dans ses efforts pour améliorer l’offre de service aux
investisseurs nationaux et étrangers, l’Etat engagera la création d’un
pôle de croissance avec l’implantation d’unités industrielles autour de
l’Aéroport de Diass. Ce pôle accélérera la structuration d’un nouveau
centre urbain qui contribuera à la décongestion de la capitale et au
développement de la future mégalopole reliant le Cap-Vert à Sindia.
C’est dans cette même perspective que l’Etat entend
optimiser l’exploitation des ressources minières, en vue de favoriser le
développement de pôles de croissance, autour des sites de production.
Le secteur minier devra contribuer à l’essor de nos exportations et à la
relance des autres secteurs économiques, notamment l’agriculture, le
transport ferroviaire et les activités portuaires, de par ses effets
d’entraînement.
L’option de l’Etat est d’impliquer plus fortement le
secteur privé national dans l’exploitation des mines et carrières, ainsi
que d’améliorer la transparence dans la gestion des contrats. Le
Gouvernement procédera donc à une revue générale du code minier et à
l’audit du secteur.
Des pôles de croissance seront également construits
autour du développement de l’industrie touristique qui doit retrouver
plus de vitalité, en développant une offre plus diversifiée, de qualité,
visible et compétitive sur les marchés émetteurs.
Les potentialités naturelles des différentes zones
seront valorisées. Des efforts particuliers seront orientés vers la
promotion d’un tourisme de contenu, pour valoriser tout le potentiel
culturel et les atouts naturels du Sénégal.
Soucieux de la compétitivité de la Destination Sénégal,
l’Etat travaillera également avec les acteurs sur toutes les mesures
permettant une baisse des tarifs des transports aériens.
Pour mieux accompagner les initiatives privées et le
développement du secteur, le Gouvernement compte soutenir la mise en
oeuvre des plans d’aménagement et de développement touristique durable
de la Grande Côte Nord, de la zone du Sine-Saloum et des sites de la
Petite Côte, dont les études ont déjà été réalisées.
Le processus d’immatriculation d’autres sites d’intérêt
touristique est en cours, pour mettre à la disposition des
investisseurs, des assiettes foncières aménagées, notamment sur la
Petite Côte, la Côte Nord, le Centre et les Côtes Casamançaises.
Un mécanisme de financement sera mis en place pour
accompagner de nouveaux investissements, la formation des personnels et
la restructuration des entreprises en difficulté.
Pour assurer son plein essor, notre industrie
touristique a besoin de prendre du contenu, et donc de développer de
plus fortes synergies avec la culture et l’artisanat.
Le Gouvernement entend faire de la culture, à la fois,
un vecteur pour le rayonnement de nos valeurs ainsi qu’un levier pour la
croissance et la promotion économique et sociale.
Il sera donc nécessaire de consentir davantage
d’investissements structurants, et d’accompagner les initiatives du
secteur privé, pour tirer tout le potentiel de création de richesse et
d’emplois dont les industries culturelles et l’artisanat sont
aujourd’hui porteurs.
De même, les pôles culturels régionaux seront
redynamisés, avec l’appui des collectivités locales, afin de contribuer à
une meilleure valorisation de la diversité culturelle de nos terroirs.
En concertation avec les acteurs, le cadre d’orientation
stratégique du secteur de la culture sera validé, en vue de
l’accélération des réformes et l’application des textes législatifs et
réglementaires en matière de droits de propriété ainsi que la mise en
place de mécanismes pour faciliter l’accès aux crédits des porteurs de
projets culturels.
La question récurrente de la protection sociale des
acteurs devra trouver une réponse définitive dans le cadre de ces
concertations.
Promouvoir un secteur culturel plus dynamique, c’est assumer notre
devoir de mémoire, c’est assurer la sauvegarde et la valorisation de
notre riche patrimoine culturel et spirituel.
Promouvoir un secteur culturel plus dynamique, c’est protéger les sites et monuments historiques.
Promouvoir un secteur culturel plus dynamique, c’est
aussi et surtout encourager et soutenir les créateurs, protéger les
oeuvres culturelles contre les effets nocifs de la piraterie. A cet
égard, des actions énergiques seront entreprises pour assainir le
secteur.
L’Etat va soutenir la modernisation de l’artisanat pour
rendre ses produits plus compétitifs. A cette fin, le secteur devra
progressivement se repositionner sur des niches de production à haute
valeur ajoutée, avec le développement d’une stratégie de « label », pour
mieux pénétrer les marchés extérieurs.
C’est dans ces conditions qu’un secteur comme celui du
textile et de la confection, où l’on note une forte présence des femmes,
pourra contribuer à l’accroissement de nos exportations.
Des actions plus soutenues seront initiées pour
renforcer la formation et les capacités de production des artisans, et
améliorer le système d’approvisionnement en intrants et en équipements.
Des programmes de renforcement des capacités des
tailleurs, mécaniciens, bijoutiers, ébénistes et autres artisans du fer,
devront aider à professionnaliser ce génie souvent reconnu à notre
Peuple dans ces métiers, et qui s’exporte en Afrique et dans le monde
entier.
De concert avec les collectivités locales, l’aménagement
de zones d’installation spéciales permettra de mettre fin à
l’occupation anarchique d’espaces non dédiés à ces activités.
Pour une meilleure valorisation de nos produits, les
activités de prospection de marchés nationaux et internationaux, et de
promotion commerciale seront mieux structurées et organisées.
C’est pourquoi la qualité de l’interconnexion de notre
pays au monde et la maîtrise des TIC constituent des conditions
essentielles pour assurer notre développement économique.
Le Gouvernement, est donc résolument engagé à
accompagner l’émergence d’une économie numérique, en orientant les
organisations et les citoyens vers l’usage des technologies de
l’information.
Notre politique visera à garantir la démocratisation de
l’accès aux technologies, à améliorer qualitativement l’infrastructure
de télécommunication et de connectivité à l’Internet, notamment dans les
zones rurales, et à encourager l’informatisation des établissements
d’enseignement, de formation et de recherche.
Elle s’attachera également à promouvoir un environnement
de concurrence, sain et attractif pour les investisseurs, propice à
l’éclosion d’une industrie des télé-services.
En concertation avec les acteurs, un Plan Stratégique TIC-Télécoms-Téléservices sera élaboré. Il prendra notamment en compte :
- les enjeux importants liés à la
réalisation du passage du secteur de l’audiovisuel au numérique, avec
l’utilisation du dividende numérique, pour le développement de nouveaux
services de communication ;
- la mise en oeuvre effective de la stratégie de service universel des télécommunications ;
- l’émergence de petites entreprises spécialisées dans la fabrication de produits et services informatiques.
Le développement des TIC sera le meilleur soutien pour
la promotion de la recherche, qui mettra l’accent sur la valorisation
des innovations technologiques, en vue de contribuer à une plus grande
productivité de tous les secteurs économiques.
A cet effet, l’Etat mettra en place des mécanismes de
financement plus durables, pour hisser la recherche et l’innovation aux
standards internationaux. L’objectif du Gouvernement est de favoriser
l’émergence de centres spécialisés, et de consolider le lien entre la
recherche et les secteurs de la production.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
La relance des activités de production ne peut avoir
d’effets durables sur l’économie, sans un cadre de bonne gouvernance qui
doit contribuer à faire de notre pays un modèle de démocratie efficace.
C’est ce que j’avais souhaité rappeler à travers notre objectif d’instaurer un Etat protecteur, transparent et efficient.
Pour y parvenir, l’Etat a besoin de s’appuyer sur une
Administration moderne, plus performante et attractive, capable d’offrir
aux citoyens des services de proximité et de meilleure qualité, avec
des agents publics plus motivés et productifs.
Cette option se traduira par la poursuite de la
rationalisation de ses services, l’optimisation de ses dépenses de
fonctionnement et le contrôle de ses effectifs.
L’audit physique des personnels de la Fonction publique
qui sera lancé prochainement permettra d’optimiser la gestion des
ressources humaines et la maîtrise des dépenses salariales.
Il sera suivi d’un audit stratégique et organisationnel
qui permettra de mettre un système de rémunération de la Fonction
publique cohérent et équitable.
L’Administration devra internaliser à tous les niveaux
une culture de gestion axée sur les résultats, et d’évaluation a
posteriori des politiques publiques.
Cela permettra de renforcer la sincérité et la
discipline budgétaires, également l’efficacité de la dépense publique,
exécutée à travers des budgets programmes.
Pour un Etat transparent, renforcer les organes de contrôle, de transparence et de lutte contre la corruption, est une exigence.
L’exercice de fonctions au sein de l’Etat est un
privilège auquel s’attachent des responsabilités et des obligations.
Responsabilité de prendre des décisions justes dans l’intérêt de la
communauté.
Responsabilité d’assurer une gestion vertueuse. Mais
aussi obligation de se soumettre aux organes d’évaluation, de contrôle
et de sanction.
C’est au nom du principe de transparence que le Gouvernement a décidé de
dénouer tous les dossiers en souffrance et sur lesquels les corps de
contrôle habilités avaient déjà formulé des directives précises.
C’est également au nom de ce principe que nous avons
engagé des audits pour faire l’état des lieux sur la situation de notre
pays à fin mars 2012.
A cet égard, un Comité de suivi des audits a été mis en
place. Dans la même dynamique, une Cour de Répression des Crimes
économiques et Financiers sera créée.
Ce faisant, le Gouvernement répond à un impératif de
gestion, et de respect des engagements du Président élu, pour la
restauration de la crédibilité de l’Etat.
C’est aussi un impératif moral pour l’Etat que d’encourager les comportements civiques exemplaires.
C’est, enfin, un impératif financier et économique,
puisque la restitution des avoirs détournés de leur destination
initiale, permettrait de constituer des ressources pour financer des
projets prioritaires.
C’est une action dans laquelle le Gouvernement s’est engagé de manière
résolue.
Il reviendra à la Justice, dans tous les dossiers en
cause, de dire le droit, en toute indépendance, dans la transparence,
sans a priori, et dans le strict respect des droits de toutes les
personnes concernées.
Tout comme nous veillerons au respect des procédures de passation des
marchés publics, à l’orthodoxie administrative, à la discipline
budgétaire et à une gestion vertueuse des finances publiques.
En matière de lutte contre le blanchiment des capitaux
et le terrorisme, une stratégie nationale sera adoptée avant la fin de
l’année 2012, en conformité avec les directives de l’UEMOA.
Je voudrais conclure sur la transparence et la bonne
Gouvernance en rappelant qu’elles ne sauraient s’accommoder de zones
« hors contrôle ».
A ce propos, la compétence des organes de contrôle
existants sera élargie, pour assurer plus de cohérence, d’exhaustivité
et d’efficacité.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
Une démocratie forte doit nécessairement s’appuyer sur
une justice moderne et indépendante, seule en mesure de dire le droit en
toute impartialité.
Convenons-en, nous ne pourrons disposer d’une justice
performante sans une exécution diligente des décisions, sans la célérité
des procédures.
Aussi, le Gouvernement entend-t-il promouvoir la qualité
du service public de la Justice, par une amélioration des conditions de
travail du personnel judiciaire, et un programme de construction, de
réhabilitation et de modernisation des juridictions.
La nouvelle carte judiciaire permettra de rapprocher la
justice du justiciable, avec le désengorgement des juridictions de Dakar
et le rééquilibrage de l’activité judiciaire au profit des régions.
La Justice devra ainsi contribuer à une meilleure protection des droits et libertés des citoyens.
Une Justice performante doit également assurer la
sécurité juridique et judiciaire des investissements. Les conflits qui
relèvent de la vie des entreprises et des activités des commerçants
seront confiés à des chambres spécialisées.
A cet effet, l’Etat contribuera à une plus grande
spécialisation des magistrats dans les domaines de pointe comme le droit
financier et la cybercriminalité.
Soucieux du respect des droits humains, l’Etat entend
réduire la durée des détentions préventives et améliorer les conditions
de séjour dans les prisons. L’univers carcéral doit être humanisé et
devenir un espace préparant à une future réinsertion sociale du détenu.
A cette fin, l’Etat mettra en oeuvre un programme
pluriannuel de réhabilitation des établissements pénitentiaires et des
services régionaux de l’Action Educative en Milieu Ouvert.
Par ailleurs, confirmant sa volonté d’approfondir notre
démocratie et de doter notre pays d’institutions fortes, le Chef de
l’Etat a fait le choix de la réforme du Conseil Constitutionnel,
notamment en ce qui concerne sa composition et le mode de désignation de
ses membres.
Cette volonté se traduira également par la mise en place
d’une Commission chargée du suivi de la mise en oeuvre des
recommandations des Assises nationales.
C’est le lieu, pour moi de rendre un hommage mérité à la
presse de notre pays, pour son combat citoyen, et tout son apport dans
la consolidation de nos acquis démocratiques.
Et de fait, le Gouvernement s’évertuera à garantir le
droit à l’information des citoyens et à consolider l’existence d’une
presse plurielle, dynamique, contribuant à une nouvelle citoyenneté.
A cet effet, des concertations seront engagées pour
l’amélioration de l’environnement économique des médias, des conditions
d’existence des entreprises de presse et d’exercice de la profession. Le
Code de la Presse sera revu avec les acteurs avant d’être de nouveau
soumis à votre examen.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
L’Etat de droit et le renforcement de la démocratie exigent de placer le citoyen au coeur des politiques publiques.
Face aux solidarités familiales et communautaires de
plus en plus mises à mal, l’Etat a le devoir d’assurer leur protection
et de mettre fin aux injustices sociales.
Car nous avons pris la résolution de construire une
société solidaire, une société sans exclusion. Une société qui vise une
croissance économique durable et inclusive.
Conformément aux orientations du Chef de l’Etat, le
Gouvernement engagera donc, sans délai, une étude portant sur la
création d’un mécanisme de soutien aux familles
les plus défavorisées, viable et durable, dont la faisabilité aura été
préalablement prouvée. Des allocations leur seront octroyées sous la
forme d’une Bourse de Sécurité Familiale.
La Caisse Autonome de Protection Sociale Universelle
(CAPSU), dont la mise en place interviendra dès 2013, contribuera au
financement de cette initiative, de même qu’à celui de la Couverture
Maladie Universelle.
Dans le ciblage, une attention particulière sera accordée aux femmes
chefs de ménage.
Vous me permettrez, Monsieur le Président, Honorables Députés, de m’arrêter sur cette composante de notre société que sont les femmes, âmes de nos foyers, mères, épouses et travailleuses.
En zone rurale, comme en milieu urbain, les femmes
constituent une force de changement dont le potentiel d’activités mérite
d’être mieux soutenu.
Nous proclamons donc solennellement que les femmes sont une surpriorité pour ce Gouvernement !
Car nous nourrissons l’intime conviction que la relance
de notre économie dépendra de nos capacités à stimuler l’activité des
femmes dans le secteur informel, la production et la transformation des
produits de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche artisanale.
C’est à travers leur accès plus facile aux facteurs de
production et aux ressources financières que leurs activités seront
dynamisées.
A cet égard, des dispositions seront prises pour
faciliter l’accès à la propriété foncière aux femmes rurales. Ces
modèles de courage et de sacrifice qui exploitent une terre qu’elles ne
possèdent pas.
Les groupements féminins et les GIE de femmes
bénéficieront de crédits à partir des ressources du FONGIP et des
programmes de micro-finance. Des programmes de formation qualifiante et
d’alphabétisation fonctionnelle leur seront aussi destinés.
Ces actions seront accompagnées par un programme de mise
en place progressive d’équipements d’allègement des travaux,
d’infrastructures et de services sociaux, dans toutes les zones rurales.
Les femmes seront également accompagnées dans la
création d’unités de production de biens, de services et d’entreprises
modernes dans des créneaux porteurs, à travers les structures d’appui,
le renforcement de leurs formations techniques et de leurs capacités
managériales.
Des lignes de crédit adaptées seront dédiées aux femmes
et aux jeunes pour promouvoir et accélérer leur insertion économique.
Les femmes méritent, peut-être plus que n’importe quelle autre catégorie
sociale, la protection de l’Etat ; car protéger la femme, c’est
protéger tout le foyer, c’est aussi et surtout protéger l’enfant et donc
l’adulte qu’il deviendra.
A cet effet, le Gouvernement mettra en place un
dispositif de prise en charge pour assurer la gratuité du suivi des
grossesses, des soins obstétricaux et ceux liés aux accouchements.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
Vous partagerez sans doute avec moi que Dieu a gratifié
les femmes sénégalaises d’un talent, d’un esprit de créativité et d’un
sens de l’initiative peu courants. C’est la raison pour laquelle le
Gouvernement ne ménagera aucun effort pour les aider à affirmer leur
leadership.
Aussi, la dimension genre sera-t-elle prise en compte dans toutes les
politiques sectorielles.
Sur un autre plan, le Gouvernement envisage la réforme
du Code de la Nationalité pour permettre à toute femme sénégalaise de
transmettre sa nationalité, notamment à son enfant.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
Nous n’oublions pas la jeunesse qui constitue la plus
précieuse ressource de la Nation. Elle doit perpétuer notre héritage et
porter le pays sur les voies du futur. Elle est donc au centre des
priorités du Gouvernement.
Notre pays doit faire face au défi mondial que
représente le chômage des jeunes, qui se pose avec une extrême acuité
dans notre continent. L’ambition du Gouvernement est de mobiliser et
d’orienter l’énergie des jeunes ainsi que leur potentiel créateur vers
l’atteinte de nos objectifs de croissance, en favorisant leur insertion
dans le tissu économique.
A travers le FONGIP, l’Etat les accompagnera dans le
montage et la mise en oeuvre de leurs projets, avec l’objectif de
générer plusieurs milliers d’emplois à leur profit.
C’est également à travers la relance des activités
économiques, et le soutien au développement d’entreprises privés
performantes à haute intensité de main d’oeuvre, dans les secteurs des
travaux publics, du textile et de la confection, du tourisme, de
l’agriculture et des services, que nous assurerons une création massive
d’emplois.
Le Gouvernement s’attellera également à la mise en place
d’un système d’information sur les offres d’emploi, et à la
redynamisation de la convention nationale Etat-employeur.
Le défi de l’emploi sera également relevé, grâce à
l’apport décisif de ressources humaines bien formées, pétries de valeurs
et préparées à faire face aux exigences de rigueur et de compétence
qu’appelle l’insertion dans le monde du travail.
Le système éducatif doit mieux contribuer à la mise à
disposition de ressources humaines de qualité, capables de s’adapter aux
évolutions technologiques, capables d’innover et de créer.
L’Etat a donc pour ambition de créer une école de
l’équité et de l’égalité des chances ; une école qui peut porter nos
ambitions pour l’émergence.
Notre école doit rester un lieu de socialisation, un
lieu de citoyenneté, un lieu d’excellence. Ce défi est à notre portée.
Il ne tient qu’à notre détermination de le relever.
Le système éducatif sénégalais, aujourd’hui tant
stigmatisé, est pourtant celui qui nous a déjà donné des scientifiques
de renom, des intellectuels reconnus et des spécialistes à l’expertise
avérée, vantée ici et ailleurs, ainsi que la plupart des ressources
humaines engagées aujourd’hui dans la bataille du développement.
Il ne dépend que de nous d’apporter les ruptures
nécessaires et de repenser l’école. Repenser l’école, c’est recadrer ses
objectifs, réformer ses contenus pédagogiques, rationaliser ses moyens,
assurer une meilleure cohérence dans son pilotage et sa gouvernance.
Aussi, les nouvelles options mettront-elles l’accent sur
la correction des disparités dans l’offre, la professionnalisation des
enseignements du collège au supérieur, et la formation des jeunes dans
des filières conformes à la demande du secteur privé.
Ces options intègrent une forte orientation des jeunes
vers les filières scientifiques et techniques, une évaluation permanente
de la qualité des enseignements, à tous les niveaux, par des structures
spécialisées.
Le système éducatif soutiendra davantage les modèles alternatifs à
l’école classique, en appuyant la création d’écoles franco-arabes et de
daaras modernes, et en offrant des formations qualifiantes aux adultes
et aux jeunes déscolarisés.
Un système d’équivalence et de passerelles sera établi
entre ces modèles et le système classique, avec en amont une
modernisation des contenus de formation.
En outre, des dispositifs spécifiques permettront la
protection sociale des enfants, dans les zones les plus pauvres, ainsi
que l’introduction progressive des langues nationales durant les
premières années d’apprentissage.
La qualité sera restaurée dans nos établissements
scolaires, avec un programme de résorption des abris provisoires dans
les écoles élémentaires et collèges, la réhabilitation des écoles
vétustes et l’instauration de meilleures conditions de salubrité.
La qualité à l’école sera assurée à travers le
renforcement des matériels pédagogiques et scientifiques, l’optimisation
de l’utilisation des TIC dans les programmes d’enseignement dès le bas
âge.
La carte de la formation technique et professionnelle
sera révisée, avec la création de grands centres de formation
professionnelle spécialisés, au sein des pôles régionaux de
développement, en partenariat avec le secteur privé.
En collaboration avec les chambres de commerce, le
système d’apprentissage traditionnel et non formel sera progressivement
intégré dans le dispositif de formation professionnelle.
S’agissant de l’enseignement supérieur, la carte
universitaire sera élargie, avec la construction d’une deuxième
université entre Diamniadio et Dakar, de l’Université du
Sine-Saloum de Kaolack pour 15.000 étudiants et d’Instituts Supérieurs
d’Enseignement professionnel (ISEP) spécialisés dans les régions.
Mais il devient absolument impératif pour notre pays de
retrouver une école plus apaisée afin d’accélérer l’atteinte des OMD, et
mettre en oeuvre son nouveau système éducatif.
A cet effet, le Gouvernement organisera des
concertations nationales sur l’éducation pour bâtir, à partir d’un
dialogue sincère entre tous les acteurs, des consensus forts sur les
politiques et sur les lignes de développement du secteur, afin de créer
les conditions d’une pacification durable de l’espace scolaire public.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
Notre jeunesse a également besoin de s’épanouir par le
sport devenu un moyen de promotion économique et sociale, un outil de
formation à la citoyenneté et de promotion des valeurs de civilité. Le
sport est aussi devenu un facteur de rayonnement et d’affirmation
pacifique des pays sur la scène internationale.
Chaque performance de nos différentes équipes nationales
et de nos athlètes dans les compétitions internationales, est motif de
fierté pour tout le Peuple sénégalais, même si certaines de ses attentes
tardent encore à être satisfaites.
C’est pourquoi, conformément à la volonté du Chef de
l’Etat, dans un programme ambitieux, étalé sur plusieurs années, le
Gouvernement accompagnera la modernisation de notre sport à travers :
l’amélioration du cadre institutionnel de la pratique et de l’encadrement de l’activité sportive ;
la
poursuite du programme de construction de stades régionaux, l’érection
de l’arène nationale de lutte, l’aménagement de complexes sportifs de
proximité, et la mise aux normes des stades nationaux, pour répondre aux
exigences de l’organisation des grandes compétitions internationales.
Notre programme pour le sport prend également en compte
la formation de ressources humaines de qualité, capables d’assurer
l’encadrement de base et le suivi de toute la filière de formation du
sportif de haut niveau.
Le sport scolaire et universitaire sera redynamisé, pour
favoriser la détection et l’éclosion de talents dans toutes les
disciplines.
Mais convenons-en, les seuls moyens de l’Etat ne
suffiront pas pour financer tous les besoins du sport. Il nous faudra
donc, avec tous les acteurs, explorer des approches novatrices de
financement, en misant sur l’extraordinaire capacité de génération de
ressources du sport.
C’est l’occasion pour moi de lancer un appel au
mouvement sportif, pour que, résolument, il mène une lutte énergique
contre toutes les formes de violences et d’incivilités. Il nous faut
maintenir les compétitions sportives dans un registre strict de
convivialité et des valeurs de respect et de fair-play que promeut le
sport.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
Favoriser l’épanouissement de la jeunesse, canaliser son
énergie vers le développement, c’est aussi prendre en charge les
enfants en bas âge, en situation nutritionnelle difficile,
particulièrement ceux vivant dans les zones les plus enclavées, les plus
défavorisées ; c’est aussi protéger les milliers d’enfants dont la
présence dans les rues heurte les consciences.
Face aux différentes formes d’abus sexuels et d’exploitation dont ces enfants font l’objet, il nous faut réagir, et vite.
Réagir parce qu’il est de la responsabilité de l’Etat de
les protéger et de leur offrir d’autres alternatives que les chemins de
la délinquance, tout en rappelant les parents à leurs responsabilités.
A ce propos, les cadres de réinsertion seront renforcés,
à travers des appuis ciblés à des initiatives privées et publiques. Les
abus sur les enfants seront sévèrement réprimés.
En concertation avec les leaders religieux et à travers
des actions d’accompagnement des daaras, le Gouvernement entend mieux
lutter contre la mendicité des enfants.
De même, toutes les dispositions seront prises pour
soustraire les enfants des travaux pénibles, conformément aux
conventions ratifiées par notre pays sur les droits des enfants.
Des actions de prévention et de lutte seront également renforcées contre l’usage de toutes les formes de drogue.
La situation des personnes vivant avec un handicap retient aussi toute l’attention du Gouvernement.
A cet égard, l’Etat accélérera l’adoption des décrets
d’application de la Loi d’Orientation Sociale et l’insertion des
handicapés dans les circuits productifs.
En matière de protection sociale, le Gouvernement
poursuivra les actions en vue de la mise en place d’un socle national de
protection sociale moderne, sûr et durable.
D’autres mesures sont également prévues, notamment la
redynamisation du Plan Sésame grâce à la pérennisation de son mode de
financement, ainsi que la réforme de l’Assurance Maladie Obligatoire
dans le monde du travail.
Condition indispensable à la croissance et facteur
essentiel d’équilibre social, la santé est un droit fondamental pour
chaque citoyen.
C’est ainsi que le Gouvernement a pris l’option de
centrer ses priorités sur la prévention, le renforcement de l’offre de
soins de qualité sur l’ensemble du territoire, l’équité et
l’accessibilité des soins pour tous, sans oublier l’amélioration de la
gouvernance des structures sanitaires.
Des actions énergiques seront engagées pour une meilleure protection de
la santé de la mère et de l’enfant.
L’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) nous impose en effet d’intensifier les actions en
cours pour la réduction des niveaux élevés de mortalité maternelle et
infantile.
Des efforts plus soutenus seront également entrepris
pour la consolidation des programmes de lutte contre les maladies
transmissibles, et des maladies chroniques à soins coûteux, comme les
cancers, les maladies cardiovasculaires, le diabète, les maladies
rénales, la drépanocytose ou l’hémophilie.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
Vous avez déjà pu le noter, la gratuité des coûts des
dialyses dans les structures publiques est effective depuis juillet
2012. Un programme sera développé pour le relèvement de l’offre
technique de dialyse dans les hôpitaux, le recrutement de personnels
qualifiés, et la conclusion de partenariats avec le secteur privé, en
vue de réduire sensiblement leurs tarifs.
Un dispositif de financement plus approprié sera mis en
place, pour la prévention et la gestion des épidémies qui surviennent de
façon récurrente, avec des mécanismes de riposte mieux organisés.
L’accès aux médicaments sera assuré par le renforcement de la
disponibilité de génériques dans les officines privées et le réseau des
pharmacies régionales.
Parallèlement, l’Etat renforcera la lutte contre la
circulation des médicaments contrefaits, et encouragera la production de
médicaments au niveau national.
Les efforts consentis pour le renforcement du système de
santé produiront leurs pleins effets grâce à notre politique de mise à
disposition d’agents de santé bien formés, à tous les niveaux de la
pyramide sanitaire, en particulier dans les zones éloignées ou
difficiles d’accès.
L’Etat veillera particulièrement à ce que toutes les
nouvelles réalisations d’infrastructures sanitaires soient en priorité
destinées aux régions et districts sanitaires nouvellement créés et aux
zones défavorisées.
Je dois ajouter que tous les chantiers en cours, dont
certains ouverts il y a plus d’une décennie, seront achevés, notamment :
l’Hôpital Dalal Jamm, l’Hôpital régional de Fatick, l’Hôpital de la
Paix de Ziguinchor, l’Hôpital régional de Matam et la Maternité de
l’Hôpital Aristide Le Dantec.
Pour assainir la gestion des hôpitaux, des contrats
d’objectifs et de moyens seront désormais signés entre le Ministère et
ces établissements publics de santé.
L’Etat entend garantir un accès équitable de toutes les
catégories de la population aux soins et aux services médicosociaux. A
cet effet, le système de Couverture Maladie Universelle que j’évoquais
tantôt permettra d’assurer, en particulier, une meilleure prise en
charge des groupes vulnérables.
Toutefois, le capital santé de nos compatriotes sera
d’autant mieux préservé s’ils disposent d’un meilleur accès à l’eau
potable et à un assainissement correct, ainsi qu’à un cadre de vie sain.
Les résultats obtenus en matière d’alimentation en eau
potable confirment certes les progrès réalisés ces dernières années.
Toutefois, au moins 20% des ménages ruraux sénégalais n’ont pas accès à
l’eau potable dans des conditions acceptables. Le Gouvernement fait une
question d’honneur de la résolution de ce problème, que nous jugeons
insupportable et inacceptable.
La politique en matière d’hydraulique rurale sera donc
axée sur une gestion intégrée et plus efficace des ressources, et un
accroissement des taux d’accès à l’eau potable.
A cet effet, les programmes d’infrastructures
hydrauliques seront renforcés dans les zones les plus défavorisées. Des
améliorations seront apportées dans l’accès à l’eau, avec l’introduction
progressive de la délégation de service public et le transfert de la
maintenance des forages ruraux motorisés à des structures privées.
S’agissant de l’approvisionnement en eau potable des
zones urbaines, la priorité sera accordée à la consolidation des acquis
de la réforme de 1996, avec toutefois, un approfondissement du
partenariat public/privé de concession du service public de l’eau.
Ce partenariat se traduira par une plus forte
implication des opérateurs privés dans le financement des
investissements de production, d’exploitation, d’extension du réseau,
dans des conditions qui garantissent des prestations de qualité et des
tarifs accessibles pour la population.
A court terme, nos efforts seront principalement
orientés vers la réalisation des infrastructures de production,
permettant de sécuriser l’approvisionnement en eau des populations, en
particulier dans la région de Dakar et de la Petite Côte.
En effet, ces zones devraient enregistrer un déficit de
production de 14.000 m3/J dès 2014, si aucun investissement n’est
réalisé d’ici cette échéance.
Le Gouvernement travaille sur le règlement définitif des
problèmes d’approvisionnement en eau potable de Touba, deuxième ville
du pays de par son poids démographique. La solution à moyen terme réside
dans un transfert d’eau à partir d’un centre de captage à réaliser à
Touba Bogo.
Pour apporter des réponses durables à l’assainissement
des eaux usées de nos villes, le Gouvernement entend généraliser
l’élaboration de Plans Directeurs d’Assainissement dans tous les centres
urbains, notamment les capitales régionales et départementales.
Des solutions globales et structurelles seront engagées
pour la gestion des inondations, à travers l’élaboration de Plans
directeurs de drainage pour toutes les régions concernées.
Les programmes prioritaires, qui découleront de ces
plans directeurs d’assainissement des eaux usées et pluviales, seront
financés avec l’appui de nos partenaires, dans le cadre d’une
programmation pluriannuelle. Le programme de gestion des eaux pluviales
pour la zone périurbaine de la région de Dakar, d’un coût de près de 40
milliards de FCFA, démarre dès 2013.
Des options sont à l’étude en vue d’une
contractualisation avec le secteur privé, pour la réalisation ainsi que
la gestion des ouvrages d’assainissement des eaux usées et pluviales.
En attendant les mesures structurelles, des dispositions
transitoires seront systématiquement mises en oeuvre pour soulager les
populations victimes d’inondations.
Pour améliorer le cadre de vie de nos compatriotes, le
Gouvernement entend également mieux lutter contre l’occupation
anarchique de l’espace, la prolifération des bidonvilles et des
quartiers insalubres.
Des programmes de restructuration des bidonvilles seront
donc exécutés et prendront en compte les quartiers inondables situés
dans les bas fonds.
Au-delà des inondations, les dispositifs de protection
civile, de prévention et de gestion des catastrophes seront également
réorganisés et renforcés.
Une gestion plus rationnelle de l’espace urbain, en
cohérence avec le plan national d’aménagement du territoire permettra
d’améliorer les conditions de vie des ménages et d’atténuer
progressivement les disparités régionales.
Cette option du Gouvernement favorisera l’émergence
d’une architecture urbaine plus équilibrée, articulée à la promotion de
pôles secondaires.
La politique d’habitat social de l’Etat s’attachera à
garantir l’équité dans l’accès au logement, à travers des mécanismes de
crédits à des taux préférentiels, les programmes de la SICAP, de la
SNHLM et des promoteurs privés agréés.
A cette fin, des efforts de réorganisation seront
nécessaires pour une maîtrise des réserves foncières, une gestion plus
rigoureuse des assiettes et la rationalisation de la gestion du foncier
relevant du domaine national.
En outre, l’Etat mettra en oeuvre dans les différentes
régions du pays des lotissements administratifs et des Zones
d’Aménagements Concertés, avec une cession des parcelles à des coûts
accessibles aux populations.
A cet égard, l’Etat n’autorisera plus les marges
excessives réalisées sur le foncier par des spéculateurs à son détriment
et à celui des citoyens. Le secteur sera mieux contrôlé, notamment en
ce qui concerne la validation technique des programmes de logements et
la collecte de l’épargne des ménages.
Je le dis ici, haut et fort : le citoyen sénégalais,
étranglé par une inflation immobilière devenue insupportable, et inquiet
de finir sa vie sans connaître la satisfaction de devenir propriétaire
de son logement, ce citoyen peut compter sur le ferme appui du
Gouvernement.
Mais dans le même temps, l’application plus stricte des
dispositifs réglementaires doit garantir le respect des règles et normes
techniques en matière de construction, pour nous éloigner des
phénomènes récurrents d’effondrement de bâtiments.
C’est aussi dans ce cadre que la gestion des déchets
urbains sera prise en charge, à travers l’édification d’infrastructures
de traitement, de recyclage et de valorisation.
Les collectivités locales, auxquelles l’exercice de
cette compétence a été rendu, bénéficieront de l’appui de l’Etat pour
l’acquisition d’équipements de collecte et l’implantation de nouvelles
zones de traitement et d’enfouissement des déchets.
Enfin, des programmes spécifiques seront mis en oeuvre
pour la préservation des habitats, des installations industrielles,
touristiques et commerciales contre l’érosion marine et côtière. Pour la
préservation de notre environnement, le principe dit
« pollueur-payeur » sera strictement appliqué.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
Pour assurer l’efficacité de ses politiques publiques,
l’Etat doit garantir leur succès territorial, à travers un aménagement
équilibré de l’espace. Notre pays doit concilier une approche
territoriale qui relie aménagement et décentralisation.
Cette option en matière de décentralisation est une des
meilleures voies pour un renforcement de la démocratie locale, la
correction des disparités spatiales et des inégalités d’accès aux
services publics. C’est à travers cette option que nous ferons des
collectivités locales de véritables lieux de développement.
A cet effet, conformément aux orientations du Chef de
l’Etat, le Gouvernement va poser l’Acte III de la politique de
décentralisation, en engageant les études et les concertations
nécessaires autour du transfert de nouvelles compétences, de la
réorganisation des relations entre l’État et les collectivités locales
et de la communalisation intégrale.
La Stratégie de Développement Territorial qui
accompagnera cette réforme, devra donner une plus forte impulsion aux
initiatives à la base, pour assurer une amélioration durable des
conditions de vie des populations locales.
Elle permettra de donner un meilleur ancrage des politiques publiques au sein des régions et des localités.
A cette fin, il sera nécessaire de disposer d’un système
de planification locale harmonisé entre les différentes échelles
territoriales. Les schémas d’aménagement et de gestion des terroirs
communautaires mis en cohérence seront alors mieux articulés aux plans
stratégiques des pôles régionaux de développement.
La mise en place des structures d’intercommunalité et
l’élaboration des programmes et des projets interterritoriaux seront
favorisés, afin de permettre le partenariat et la solidarité entre
collectivités locales.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
Je voudrais, au moment où j’évoque cette question
centrale de la décentralisation et du développement local, aborder la
douloureuse question de la Casamance, cette belle région du sud,
prodigieusement dotée par la nature, véritable lieu d’osmose entre les
religions, les ethnies et les cultures traditionnelles.
Cette région est encore meurtrie par une crise qui
continue d’infliger des souffrances morales et physiques insoutenables à
de nombreuses familles et à la Nation toute entière.
Comme l’a déjà indiqué le Chef de l’Etat, le retour
définitif de la paix dans cette région constitue l’une des premières
priorités nationales.
A cette fin, le Gouvernement engagera un dialogue inclusif avec toutes
les parties prenantes.
C’est avec la paix retrouvée que cette région pourra
exprimer tout son potentiel économique et ainsi apporter sa contribution
à la prospérité nationale et au développement du pays.
Le Chef de l’Etat a donc décidé de faire de cette région
un cadre test pour la Stratégie de Développement Territorial, afin de
désenclaver définitivement la région, et d’optimiser la valorisation de
ses potentialités.
C’est l’occasion de formuler des prières ardentes à la
mémoire de toutes les vies perdues, et pour le retour définitif de la
paix dans cette partie du Sénégal.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, Honorables Députés,
La stabilité du pays et la sécurité à l’intérieur du
territoire, à nos frontières et chez nos voisins, sont des conditions
essentielles pour l’instauration de la paix, et pour le développement.
Nous pouvons tous être fiers de l’image que notre pays
renvoie au monde : elle est celle d’un pays stable avec des institutions
fortes.
Cette image, nos forces de défense et de sécurité y contribuent tous les jours.
Je voudrais donc commencer par rendre hommage à leur
vaillance, saluer leur sens élevé du devoir, magnifier les sacrifices
qu’ils consentent chaque jour, dans l’exercice de leurs missions souvent
difficiles, et parfois périlleuses.
Je salue ici, avec déférence, la mémoire de tous ceux d’entre eux tombés au champ d’honneur, à l’appel du devoir.
Le Gouvernement s’associe au Chef de l’Etat, pour
manifester toute sa compassion aux blessés et mutilés, partager la
douleur de leurs familles, et témoigner la reconnaissance et la
gratitude infinie de toute la Nation.
Un effort particulier sera fait pour la prise en charge
des personnels des armées et de leurs familles, avec en particulier des
appuis en faveur de la Fondation des Invalides et Mutilés Militaires et
de l’Agence pour la Réinsertion Sociale des Militaires.
Nous gardons également une pensée affectueuse à
l’endroit de nos forces déployées sur tous les théâtres d’opérations, en
particulier à celles basées dans la région Sud, dont nous espérons la
fin de la mission dans les plus brefs délais.
Notre pays peut s’enorgueillir d’avoir une Armée
professionnelle, dont l’Etat va accélérer la modernisation, en
renforçant son potentiel humain et ses capacités opérationnelles.
Cette modernisation prendra en compte les nouvelles
menaces liées aux réseaux terroristes et aux cartels de la drogue, avec
le renforcement du maillage du territoire par la création de nouvelles
unités des forces de défense et de sécurité.
Cela permettra de mieux prendre en charge la forte
demande sécuritaire des quartiers périurbains, des villes de l’intérieur
et frontalières, des espaces publics et des sites touristiques.
Ces efforts seront accompagnés du relèvement du niveau
de recrutement et de l’amélioration de la formation continue des
personnels de Police, de l’Armée, de la Gendarmerie et des Douanes.
Les capacités opérationnelles de nos unités spécialisées d’interventions
seront accrues, pour accentuer la lutte contre le trafic de drogue, le
terrorisme, la cybercriminalité.
Au-delà du renforcement de nos moyens internes de
sécurité, des synergies seront recherchées avec nos voisins immédiats,
les pays de la sous-région et tous les pays partenaires, pour la
définition de plans de prévention et de riposte communs, ainsi que la
recherche de solutions concertées et durables aux conflits.
Il en sera de même en ce qui concerne les politiques agricoles communes et la coopération énergétique.
Au plan régional, l’engagement panafricaniste du Sénégal
se matérialise, au premier chef, par la mise en oeuvre d’une diplomatie
de bon voisinage, visant l’intégration africaine et le renforcement
continu des relations fraternelles qui nous lient aux pays limitrophes.
Au plan mondial, notre pays sera toujours en première
ligne pour promouvoir la paix et la sécurité internationales et
continuera d’oeuvrer pour la réforme des institutions de gouvernance
mondiale.
Le renforcement de la diplomatie économique sera au
coeur de nos préoccupations, afin d’offrir des débouchés à la production
locale mais également attirer des investissements productifs.
Restés profondément attachés à leur pays, nos
compatriotes de la Diaspora, contribuent par leurs transferts de fonds à
son développement et à la stabilité de nombreuses familles. Ils
constituent un segment actif de la population qui doit être mieux
soutenu.
C’est pourquoi, l’Etat mettra en place des dispositifs
d’accompagnement adaptés à leurs besoins, pour une meilleure
valorisation de leurs initiatives, à travers l’appui à la réalisation de
leurs projets de développement, de construction d’infrastructures
sociales de base.
Il assurera également l’accompagnement à l’insertion/réinsertion des candidats au retour volontaire.
L’expérience et l’expertise accumulées par nos compatriotes seront en outre mieux capitalisées.
Un accent particulier sera mis sur une prise en charge
de leurs préoccupations, notamment en matière d’accès au logement et à
des terrains viabilisés, de gestion consulaire, de protection de leurs
droits, y compris du point de vue de la sécurité sociale.
Afin de mieux répondre à une de leurs demandes
essentielles, et pour mieux sécuriser leur séjour à l’étranger, les
mesures appropriées seront prises au niveau de nos représentations
diplomatiques pour une plus grande célérité dans la production de
passeports et titres de voyages auxquels ils ont droit.
Ces dernières recevront également de fermes directives
pour veiller à ce que tous les droits de nos compatriotes dans les pays
qui les accueillent soient respectés.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
Le programme de Gouvernement que je viens de vous
présenter, entend restaurer un cadre économique viable et un meilleur
environnement des affaires, capables d’imprimer une cadence plus
soutenue à notre croissance.
Il entend restaurer les conditions d’une gestion
vertueuse des ressources publiques avec un recentrage des politiques sur
les priorités, afin de mieux lutter contre l’injustice sociale.
Il a pour ambition de promouvoir un développement
équilibré du territoire, structuré autour de pôles, et de relancer
l’économie en s’appuyant en priorité sur une agriculture moderne.
Il tient à faire des femmes et des jeunes des acteurs du développement à part entière.
Il fera du Sénégal un pays renouant avec l’estime et le
respect du reste de l’Afrique et du monde. Un pays contribuant à la paix
dans le monde, car l’ayant d’abord retrouvée à l’intérieur de ses
frontières.
Au-delà du redressement économique et du retour à une
croissance plus forte, ce programme est aussi porteur de profondes
mutations pour la société sénégalaise, qui doit se réapproprier les
valeurs de référence constituant notre héritage culturel commun.
Il entend être générateur de nouvelles dynamiques dans
les rapports entre le citoyen et les gouvernants ; rapports de confiance
basés sur le respect des engagements, l’attachement à un discours de
vérité et de responsabilité, en toutes circonstances.
C’est un programme qui doit permettre de raffermir la
confiance et de faire renaître l’espoir chez les jeunes, en leur offrant
plus de perspectives d’emplois, une meilleure formation et des cadres
d’épanouissement.
Nous le voulons porteur d’un nouvel espoir dans les
familles, qui perçoivent bien les changements qui interviennent dans
leur quotidien.
Il a pour ambition d’insuffler une nouvelle vigueur dans
le monde de l’entreprise qui doit saisir les nouvelles opportunités qui
s’offrent, pour créer de la richesse, dans un environnement amélioré,
de compétitivité et de transparence.
Ce programme a pour ambition de faire renaître la
confiance dans le monde rural et dans les villes, par les changements
attendus dans l’amélioration du cadre de vie et la relance des activités
économiques.
Il est également porteur d’une forte ambition de
reconstruire les solidarités distendues par la crise, de restaurer
l’équité, pour une société sans exclusion.
Il a pris le parti de combattre la banalisation de
l’indiscipline, de combattre le laxisme dans l’application des
sanctions, l’impunité, le non-respect du bien et des espaces publics,
ainsi que le manque de civisme.
Il a aussi pris le parti d’inviter le citoyen à prendre
lui-même conscience des conséquences de l’occupation anarchique des
espaces publics, ainsi que des zones interdites d’habitation ou
d’activité économique.
Il a enfin pris le parti d’appeler le citoyen, usager de
la route, à prendre conscience du coût élevé pour les familles et la
Nation, des défaillances humaines et du non respect des prescriptions
techniques.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, Honorables Députés,
Avec ce programme, nous souhaitons encourager l’émergence d’une Nouvelle Citoyenneté.
D’un Citoyen sénégalais exigeant vis-à-vis de ses
gouvernants mais qui, en retour, parce que pleinement conscient de ses
devoirs, refuse de demander des passe-droits et des privilèges, refuse
de braver les interdits ; un citoyen qui respecte les lois et
l’autorité ; un citoyen qui respecte et protège son environnement, car
ayant compris qu’il ne fait que se respecter lui-même.
En effet, une société permissive où tout est accepté,
toléré, justifié ; une société qui ne trouve plus les ressorts moraux
pour s’indigner, dénoncer, sanctionner, cette société est vouée à la
déliquescence.
Pour construire un Etat centré sur les valeurs, dans un Sénégal
prospère, il faut que chaque citoyen impose les mêmes exigences de vertu
à ses gouvernants qu’à soi-même.
Il est indispensable de bâtir une éthique du bien
commun, de donner l’exemple à nos enfants et surtout de promouvoir au
sein des familles et à l’école les valeurs sociales de référence.
Pour sa part, le Gouvernement prend l’engagement de
travailler toujours, avec plus d’efficacité, plus de méthode, plus de
célérité, et dans la rigueur, pour la recherche permanente de solutions
aux préoccupations quotidiennes des sénégalais.
Il s’évertuera à plus d’anticipation et de réactivité
face aux demandes des populations. Il soumettra son programme à des
évaluations continues et périodiques.
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, Honorables Députés,
Sans l’adhésion des populations et sans une cohésion sociale, point de projet politique viable.
Les « Fora citoyens » serviront donc de cadres d’échange
et de dialogue autour des politiques publiques avec toutes les forces
vives de la Nation.
Comme en a décidé le Chef de l’Etat, le Gouvernement
continuera également à aller à la rencontre des citoyens, à travers les
Conseils interministériels et Conseil des Ministres délocalisés, pour
mieux s’imprégner des réalités des régions et de leurs urgences. Le
Gouvernement a été instruit de ne cesser d’être « présent sur le
terrain » à la recherche des contacts humains, de la proximité avec les
citoyens, sans qu’aucune région de notre beau pays ne soit oubliée.
Les espaces de dialogue et de concertation avec les
partenaires sociaux, les élus locaux, les partenaires techniques et
financiers, la société civile, seront consolidés, selon des mécanismes
et une régularité à définir.
Monsieur le Président, Honorables Députés,
Je vous le dis avec force : notre plus grand atout est cette confiance retrouvée, cet espoir qui renaît depuis le 25 mars 2012.
Nous devons bâtir sur cette confiance et cet espoir « un
Contrat de confiance, de croissance et de solidarité » qui engagerait
l’Etat, les partenaires sociaux et le secteur privé, à renforcer la paix
sociale dans les entreprises, dans l’espace et les structures
publiques, dans les écoles et universités, pour consolider les
conditions d’une croissance partagée.
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, Honorables Députés,
En me présentant devant vous ce matin, j’ai le profond
sentiment que notre pays est entré dans une ère nouvelle. Une ère de
ruptures qui annonce de nouvelles perspectives pour hisser le Sénégal au
rang des nations émergentes.
A cet instant précis, dans les endroits les plus reculés
du pays, dans toute la Diaspora, nos compatriotes qui nous écoutent
rêvent d’un Sénégal Nouveau. Ce Sénégal Nouveau, nous le construirons
ensemble, patiemment, avec ardeur, avec générosité, avec rigueur.
Nous le construirons en faisant face à tous les défis. Défis que ne sont
capables d’effacer ni les beaux discours, ni une quelconque magie, ni
les artifices de la politique politicienne.
Mais que nous nous engageons à relever par une action et
une méthode partagées, comme nous venons de le faire face à celui des
inondations. Ce sera alors pour faire renaître l’espoir d’un
redressement de notre pays dans la durée.
Nous avons confiance. Or la confiance est au coeur de la
performance, parce que réussir c’est d’abord croire que c’est possible.
Ayant pleinement pris conscience que nous n’avons choix que de réussir,
choisissons de forger notre destin.
Que Dieu, le Tout Puissant, en donne la force à chacun
de nous et qu’il répande sa Grâce infinie et sa divine Miséricorde sur
le Sénégal.
Amine.
Je vous remercie de votre bien aimable attention.