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dimanche 14 avril 2024
Diomaye , Président : La main de Dieu ou la ruse de la Raison
Article de Georges Nesta
Les convulsions ont été longues et douloureuses. Les gémissements attendrissants et pénibles à entendre, mais l’heureux dénouement du 24 mars 2024 nous autorise à « prendre le risque de penser que nous n’étions pas dans une agonie mais au contraire dans un enfantement ; non pas à la fin mais au début d’un spectacle ». (Extrait du Message du Pape François pour le carême 2024)
Sublime spectacle qui configure l’aube d’une nouvelle espérance, d’une nouvelle république tirée vaillamment et même virilement des entrailles du Sénégal profond et résilient qui, comme le buisson ardent qui attira Moïse dans le désert « brûle mais ne se consume point ». Cette évocation biblique ne déplait surement pas à ceux qui, à l’instar du Ministre d’Etat Mbaye NDIAYE voient la main de Dieu dans l’issue finale de cette élection présidentielle. Les adeptes des religions d’essence Abrahamique et les férus des épopées gréco latines, ont même sûrement reconnu dans cette fétide odyssée politico-judiciaire qui a tenu en haleine tout le pays 03ans durant, des personnages bien connus de quelques-unes de leurs fresques ontologiques : un chef obnubilé par sa succession, une catine niaise et un héros imprudent
Mais pour nous autres très « terre à terre », revendiquant à peine une hypothétique intelligence théorique du mouvement de l’histoire et animés par ce que Cheikh Anta Diop appelait « le rationalisme laïque », les scabreuses péripéties de l’élection présidentielle et l’admirable consécration du « projet » qui en est sorti, procèdent tout simplement du destin particulier de ce pays.
En effet, la situation socio-politique délétère qui caractérise depuis quelques années notre sous-région nous incline à penser, que comme nos voisins, nous sommes « plombés et minés » par des enjeux de pouvoir aggravés par l’évanescence de nos Nations et la faiblesse de nos Etats. Il n’en est rien. L’élection présidentielle du 24 Mars a confirmé que la Nation sénégalaise est aujourd’hui une identité remarquable, notre Etat une forteresse institutionnelle et notre république outillée pour régler démocratiquement les enjeux de pouvoir. Nos hyperthermies ne sont pas de même nature que celles de nos voisins ; et même à y voir de plus près, s’il est vrai que le Sénégal a connu des moments chauds dans son histoire, que la fureur et la violence qui ont caractérisé les événements de ces dernières années n’étaient pas inédites, il demeure que le vacarme et le brouhaha qui ont accompagné les derniers soubresauts politiques et sociaux de ce pays, étaient particuliers et cinglants. Et comme « La nature n’a pas fait un bruit sans y mêler un Verbe », de ce Verbe créateur naquit le 24 Mars 2024, la 2éme République du Sénégal
Cette nouvelle République acte et consacre une conscience et un esprit supérieurs à l’existant en tant qu’elle a permis de « solutionner » une situation structurellement conflictuelle : « les grandes querelles ne sont jamais résolues sur leur propre plan mais sur le plan au –dessus »
Mais, en vérité, l’avènement d’une nouvelle république était inéluctable.
D’abord, parce que le souffle senghorien qui animait la Nation n’a jamais pu se renouveler après son départ, ensuite l’éducation, l’urbanisation et l’information de masse ont transformé en profondeur les rapports sociaux rendant ainsi caduques et inopérantes les structures de base de la société sénégalaise, et enfin Le modèle islamo-ouolof qui structure la société sénégalaise, s’accommodait mal d’un Etat élitiste et snob.
Ma conviction cependant, est que ces 3 facteurs susmentionnés (qui méritent plus de développement) ont tout au plus déterminé les formes d’expression et les moyens utilisés dans le cheminement et le déroulement des événements, mais sont loin d’être constitutifs d’une Histoire qui, en réalité suivait immanquablement son cours normal. Ni les atermoiements d’un régime aux abois, ni la lassitude des « compagnons de l’exode », ni même les erreurs de guidance, ne pouvaient empêcher la déferlante patriotique de s’emparer des lieux. Alors que ça criait et se battait à la surface, l’Histoire elle, conduite par la Raison creusait sous le sol de la société, un sillon inexorable vers la réalisation de son dessein pour Le Sénégal. Au demeurant, ce destin téléologique est la marque des grandes Nations. En effet, Fukuyama l’un des penseurs américains les plus influents de la fin du siècle dernier, dans une relecture croisée de Hegel et de Kojéve, nous apprend que l’Histoire des peuples est très souvent guidée et orientée par la Raison, qui pour arriver à sa fin use de la Ruse. Elle suscite la violence en se drapant ostensiblement du manteau des passions humaines, des ambitions et intérêts égoïstes. L’esprit du peuple qui conduit cette Raison forme et façonne même les hommes dont il a besoin pour porter et incarner son « projet » Ainsi, manifestement en est-il aujourd’hui du Sénégal.
Le 24 Mars 2024, commence donc fièrement l’Histoire qui va mettre en congruence l’appareil institutionnel du pays et l’esprit du peuple. Cette grande Histoire qui débute, est d’essence cumulative et progressiste car elle consacre ce bond qualitatif qui permet à la Nation de s’octroyer cette « Disponibilité logique » institutionnelle dont parlait Cheikh Anta Diop et qui en soi, est indispensable à une conscience collective en progrès et surtout en mutation.
« Le Sénégal est une promesse » clame fort pertinemment le poète Hamidou Sall. Il a donc vocation à être Grand, à être parmi les « Nations situées à la droite du Père ». Comme disait le président L.S.S. Mais là aussi l’Histoire nous apprend, qu’une Nation n’accède jamais à la grandeur impunément. Que son peuple est immanquablement soumis à une lutte pour la reconnaissance et la dignité. Si l’on sait qu’en la matière, le patriotisme est l’autre nom de la dignité, l’on comprend mieux ce qui se déroule sous nos yeux, et l’on saisit mieux la mission assignée à Diomaye Sonko Faye.
Que Dieu l’assiste et ne le laisse pas entrer en tentation de croire qu’il est Créateur alors qu’il n’est que l’instrument de l’Histoire.
Diomaye, DIOMALGNOU(Diomaye, Emerveille-nous !)
Mankaya Niaga BACAPA
.Fonctionnaire à la retraite à Tambacounda
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