Né le 21 février 1948 à Thiarny
(Linguère) Djibo Leyti Kâ a marqué son temps. Homme politique de grande
envergure, sa vie durant, il a montré qu’il était un véritable homme du
sérail, fidèle parmi les fidèles du Président Léopold Sédar Senghor,
pour avoir été son dernier Directeur de cabinet.
Militant du
Parti socialiste (Ps) alors qu’il était très jeune, patron des jeunesses
de cette formation politique, la plus ancienne du Sénégal, celui qui
était affectueusement surnommé «Peul bou rafet» (le beau peul) a tiré sa
révérence. Décédé ce 14 septembre, jour symbolique – coïncide avec
l’anniversaire du décès de Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh et
l’installation de la treizième législature, Djibo Kâ fait partie des
hommes politiques sénégalais qui se sont faits un nom.
À la suite
de la démission du Président Senghor, il rejoint le giron des hommes de
confiance du Président Abdou Diouf. Et, de 1981 à 1995, il occupe
successivement des postes ministériels de grande importance. 1981 à 1988
– Ministre de l’Information et des Télécommunications dans le
gouvernement d’Habib Thiam, en remplacement de son oncle Daouda Sow. En
1983, il garde son poste dans le gouvernement de Moustapha Niasse ; 1988
à 1990 – Ministre du Plan et de la coopération ; 1990 à 1991 – Ministre
de l’Éducation nationale ; 1991 à 1993 – Ministre des Affaires
étrangères ; 1993 à 1995 – Ministre de l’Intérieur.
Considéré par
nombre de ses pairs comme le véritable potentiel successeur d’Abdou
Diouf, il n’avait pu digérer une pilule de forte dose lorsque ce dernier
fit d’Ousmane Tanor Dieng le patron du Parti socialiste (Ps) lors du
fameux Congrès sans débats. La suite est connue de tout le monde.
Après
plusieurs années de combat au sein de cette formation politique – au
coeur d’un courant de pensée partagé avec d’autres ténors, il
démissionne de ce parti. Nous étions en 1998. Peu de temps après, il
participe aux législatives de la même année et remporte onze sièges. La
clé du changement était passée par là sans oublier l’Union pour le
renouveau démocratique (Urd).
Cependant, après avoir demandé le
départ du Président Diouf, il le soutient au second tour de cette
élection remportée par Me Abdoulaye Wade. Confiné dans l’opposition,
Djibo Kâ rejoint plus tard le régime du Sopi en 2004 et devient ministre
de l’Economie maritime puis patron du département de l’Environnement.
Député sous la douzième législature, il décide de soutenir le Président
Macky Sall qui en fit le président de la Commission nationale du
dialogue des territoires (Cndt).
C’est dire qu’il a vécu dans
tous les régimes qui se sont succédé au Sénégal depuis 1960. Homme
d’Etat autant dans le comportement que dans les actes, « Peul bou
rafet » s’en est allé. Il part rejoindre ses pères politiques comme
Senghor, Lamine Guèye. Mais, comme disait l’autre, les morts ne sont pas
morts. Il est monté au ciel, mais son image reste à jamais dans les
esprits, ses empreintes dans les circuits de l’Etat. Il part, emportant
beaucoup de secrets jamais révélés parce qu’il est resté un
homme…d’Etat. Au vrai sens du mot.
dakarmatin
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