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vendredi 27 décembre 2019
mercredi 25 décembre 2019
vendredi 20 décembre 2019
jeudi 19 décembre 2019
CONSEIL DES MINISTRES DU 18 DÉCEMBRE 2019
Conseil des MinistresArtic
Le Président de la République, Son Excellence Monsieur Macky SALL, a présidé le Conseil des Ministres, ce mercredi 18 décembre 2019, à 10 heures, au Palais de la République.
Le Chef de l’Etat a, à l’entame de sa communication, félicité l’ensemble du Gouvernement à la suite du vote du projet de loi de finances pour l’année 2020 intégralement en mode budgets - programmes. Il a, à cet effet, demandé aux ministres de mettre en œuvre, sans délai, les projets programmés conformément aux calendriers de réalisation dans les secteurs et zones d’intervention concernés.
Il a par la même occasion félicité les députés pour la bonne tenue de la session budgétaire.
Le Président de la République a, en outre, rappelé dans le cadre de la bonne gouvernance, la nécessité de maitriser les dépenses de fonctionnement de l’Etat et d’orienter les ressources publiques, en priorité, vers l’investissement productif et les dépenses sociales indispensables pour le bien-être des populations. Il a, à ce titre, exhorté le Gouvernement à veiller à l’efficacité de la dépense publique et au recouvrement optimal des ressources publiques par la consolidation des performances des administrations financières de l’Etat.
Le Chef de l’Etat a, dans cette dynamique, souligné l’urgence d’élargir l’assiette fiscale ; de réviser le cadre des exonérations ; et d’assurer la mise en place opérationnelle et globale du cadastre fiscal. Il a, enfin, demandé au Ministre des Finances et du Budget d’accélérer l’apurement de la dette intérieure.
Le Président de la République, abordant la question de la stabilité sociale, de la gestion et du suivi des affaires intérieures, s’est incliné devant la mémoire des compatriotes disparus en mer en présentant ses condoléances aux familles des victimes. Il a aussi indiqué au Gouvernement l’impératif de renforcer la prévention et la sécurité en mer, de même que le plaidoyer contre les trafics et réseaux liés à l’émigration clandestine.
Le Chef de l’Etat a, en outre, demandé au Ministre des Collectivités territoriales de s’atteler, en rapport avec le Ministre des Finances, à la répartition rapide du Fonds de Dotation de la Décentralisation (FDD) et du Fonds d’Equipement des Collectivités territoriales (FECT) au titre de l’année 2020.
Le Président de la République a, sur un autre registre, abordé la plateforme revendicative du syndicat des médecins, pharmaciens et chirurgiens du Sénégal (SAMES) et la situation des internes des hôpitaux. Il a, sur ces questions, demandé au Gouvernement de prendre toutes les mesures appropriées afin d’assurer la stabilité sociale dans le secteur de la santé. Il a également demandé au Ministre de la Santé d’engager le processus de modernisation des statuts et d’amélioration des conditions de recrutement et d’exercice des internes des hôpitaux.
Le Chef de l’Etat a, au sujet du fonctionnement des universités, exhorté le Gouvernement, le Ministre de l’Enseignement supérieur, le Ministre des Finances et du Budget et le Ministre de la Fonction publique en particulier, de procéder au règlement urgent des diligences sociales et académiques dans les universités et établissements d’enseignement supérieur.
Le Président de la République a, au demeurant, invité le Ministre des Infrastructures et des Transports terrestres à veiller à la fluidité de la circulation dans la capitale et finaliser les points de passage au niveau du Train Express Régional, notamment à Rufisque et dans certains quartiers de Pikine et Thiaroye.
Le Chef de l’Etat a clos sa communication sur son agenda diplomatique.
Au titre des Communications :
Le Ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République a fait une communication pour rappeler aux ministres concernés la nécessité de la mise en œuvre des six (6) mesures à Gains rapides du cycle Doing Business.
Le Ministre des Finances et du Budget a rendu compte des mesures prises pour l’apurement de la dette intérieure en 2020 et du déroulement de la session budgétaire.
Le Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur a fait le point sur la situation internationale.
Le Ministre du Développement communautaire, de l’Equité territoriale et sociale a fait la situation sur les programmes de son département.
Le Ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement a fait une communication sur la modernisation et la sécurité des Transports terrestres.
Le Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération a fait le point sur le financement du « Compact with Africa », avec la coopération allemande.
Le Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural a fait une communication sur la situation agricole, notamment la campagne de commercialisation de l’arachide.
Le Ministre de l’Eau et de l’Assainissement a fait la situation du processus de clôture et de transition relatif au service public de production et de distribution de l’eau potable en zone urbaine et a rendu compte de la mise au point du contrat d’affermage avec le nouvel exploitant.
Le Ministre de la Pêche et de l’Economie maritime a fait une communication sur le projet phare » Développement accéléré de l’Aquaculture ».
Le Ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement du Territoire a fait une communication portant sur la réunion de la Commission restreinte du Conseil national de Développement des collectivités territoriales (CNDT), tenue le 17 décembre 2019, sous sa présidence, et consacrée à la répartition rapide du Fonds de Dotation de la Décentralisation (FDD) et du Fonds d’Equipement des Collectivités territoriales (FECT), au titre de l’année 2020.
Le Ministre de la Santé a rendu compte de l’état d’avancement des travaux de construction des quatre (4) hôpitaux prévus dans les localités de : Touba, Sédhiou, Kaffrine et Kolda. Il a également fait le point sur l’état de mise en œuvre du projet d’oncologie, financé par la coopération coréenne.
Le Ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique a fait le point sur l’Etat d’exécution du projet des cent mille (100 000) logements.
Le Ministre de l’Economie numérique et des Télécommunications a fait au Conseil, le point sur l’état d’avancement du projet du « Parc des Technologies numériques » (PTN).
Le Ministre auprès du Président de la République en charge du Suivi du Plan Sénégal Emergent a fait la revue des projets prioritaires.
Au titre des textes législatifs et réglementaires, le Conseil a examiné et adopté :
- le projet de loi autorisant le Président de la République à ratifier la Convention entre le Gouvernement de la République du Sénégal et le Gouvernement de la République de Turquie, en vue d’éviter les doubles impositions et de prévenir l’évasion fiscale en matière d’impôt sur le revenu, signé à Antalaya le 14 novembre 2015 ;
- le projet de loi autorisant le Président de la République à ratifier l’Accord portant création de l’Agence pour l’Assurance du Commerce en Afrique, adopté à Grand Baie, en république de Maurice, le 18 mars 2000 ;
- le projet de décret fixant les organigrammes types des Collectivités territoriales.
Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris les décisions suivantes :
- Madame Aminata SOW, titulaire d’un MBA et d’un Master II en Ingénierie financière est nommée Déléguée générale à la Protection sociale et à la Solidarité nationale, en remplacement de Madame Anta Sarr DIACKO, appelée à d’autres fonctions.
- Monsieur Alioune LECOR, Professeur d’Enseignement moyen, matricule de solde n° 634862/C, est nommé Directeur du Développement communautaire à la Direction générale du Développement communautaire et de la Promotion de l’Equité du Ministère du Développement communautaire, de l’Equité territoriale et sociale.
- Madame Oumy SYLLA NDIAYE, Analyste financier, est nommée Secrétaire général de l’Agence Nationale des Chemins de Fer (ANCF).
- Monsieur Ababacar CISSE, Economiste-financier, est nommé Secrétaire général de la Délégation générale à la promotion des pôles urbains de Diamniadio et du Lac Rose(DGPU), en remplacement de Monsieur Baye Oumy GUEYE, appelé à d’autres fonctions.
- Monsieur Theophile Edouard AMINE, Inspecteur principale du Trésor, matricule de solde n°604 125/F, Conseiller technique de département au Ministère des Finances et du Budget, est nommé Administrateur du Fonds spécial de Soutien au Secteur de l’Energie, en remplacement de Monsieur Omar CISSE, appelé à d’autres fonctions.
- Monsieur Mewlon Nzale Ange Constantin MANCABOU, Inspecteur des Impôts et des Domaines, matricule de solde n°624 515/A, précédemment Conseiller technique au Cabinet du Ministre des Finances et du Budget, est nommé Coordonnateur de la Direction général du Secteur Financier et de la Compétitivité au Ministère des Finances et du Budget, en remplacement de Monsieur Ismaila GUEYE, appelé à d’autres fonctions.
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mercredi 18 décembre 2019
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mercredi 11 décembre 2019
mercredi 4 décembre 2019
Décès de Madame Colette SENGHOR : Témoignage du Président Abdoulaye WADE
J’éprouve NGHOR.
Mes relations avec cette grande dame, aimable et discrète, datent de l’année 1951 lorsque j’étais étudiant à Paris et qu’elle était la secrétaire du député Léopold Sédar SENGHOR qui me recevait souvent à son bureau de l’Assemblée Nationale, au Palais Bourbon.
Sur l’amabilité de Mme SENGHOR, les Sénégalais apprendront que tous les jeudis à 17 heures, Colette, comme nous l’appelions affectueusement, apportait à notre Siège, Boulevard St Germain à Paris, un gouter que nous partagions avec nos camarades étudiants des autres territoires.
Il n’est donc pas étonnant que Mme SENGHOR soit connue et appréciée, au delà des frontières du Sénégal, par les étudiants africains de l’époque devenus, depuis, des responsables dans leurs pays.
SENGHOR était courageux. Alors que les autres responsables africains fuyaient les étudiants, SENGHOR, averti d’une sérieuse grogne chez les étudiants par les français demanda à venir nous voir. Il vint donc accompagné de Mamadou Dia. Il fut reçu non seulement par les Sénégalais mais aussi les autres étudiants africains.
‘’J’ai entendu dire que vous n’étiez pas contents alors je suis venu prendre la température et vous écouter’’, commença-t-il.
Les interventions fusèrent de partout, contre les députés africains qui nous représentaient au Palais Bourbon. Il y eu beaucoup de vociférations et de cris. D’un calme olympien, SENGHOR répondit aux questions, parfois agressives.
Puis, s’dressant aux vociférateurs il leur dit : ‘’Messieurs, soyezcalmes et patients, la patience est la vertu des intellectuels’’. Il fit face au brouhaha jusqu’à la fin de la réunion. Nous l’accompagnâmes jusqu’à sa voiture sous les applaudissements. On entendait dire : ‘’Vraiment SENGHOR est courageux ! Venir affronter les étudiants chez eux, quel courage ?’’
Plus tard, devenu professeur à l’Université de Dakar, je fis la même expérience en allant affronter pendant toute une soirée les étudiants qui avaient invité les professeurs dans un grand amphithéâtre. Ce fut une défection totale et je dus affronter seul la meute. Après une soirée mouvementée, la réunion se termina par des applaudissementset, comme je n’avais pas ma voiture, les étudiants, chantant et dansant, me reconduisirent jusqu’à ma maison.
Je reviens sur la France. Lorsqu’ un jour deux camarades et moi nous décidâmes de sortir de Paris, nous atterrîmes à Besançon, puis, sept ans après à Grenoble.
Successivement Président des deux sections de la FEANF, je faisais toujours passer par Colette, les résolutions dont nous bombardionsles députés africains qui siégeaient au Palais Bourbon, y compris SENGHOR. Et Dieu sait qu’elles n’étaient pas toujours tendres
Mme SENGHOR était très délicate. Je me souviens qu’un jour, me trouvant par hasard avec le couple SENGHOR dans le même avion qui nous amenait à Dakar, j’ai dit à l’hôtesse de l’air que je souhaitais aller en classe Première saluer le Président SENGHOR. Informé, il accepta. Quand je suis arrivé, Colette s’est levée pour me céder son siège en me disant très exactement ‘’Vous voulez parler à mon mari asseyez vous’’ et elle est allée s’asseoir sur un autre siège.
J’eus, à mon tour, la délicatesse d’écourter ma conversation avec le Président SENGHOR et, au bout de cinq minutes, je me suis levé pour aller remercier Mme SENGHOR et l’inviter à reprendre sa place auprès de son mari.
SENGHOR m’invita un jour à Popenguine. J’étais arrivé là-bas en fin d’après-midi. Nous parlâmes de choses et d’autres pour finir par la littérature. ’’Monsieur je Président, lui dis-je, j’ai remarqué que tous vos poèmes sont dans une ambiance clair-obscur, jamais sous le feux d’un soleil flamboyant. Cela signifie-t-il quelque chose chez vous ? Il me répondit ‘’cherchez, cherchez vous-même. Moi je ne sais pas’’. Je répondis « la poésie étant un reflet de l’âme, je présume qu’en vérité vous vivez un autre monde qui est de rêve, parallèlement au nôtre ». Il sourit et répondit ‘’Peut être’’. Je repris : mon point de vue est corroboré par l’image, dans votre poésie, de l’oncle Toko Waly. Vous écrivez, en effet : ‘’Oncle Toko Walyécoutant l’inaudible’’.
‘’Ecoutant l’inaudible !’’.
SENGHOR, existerait-il, parallèlement à notre monde, un monde qui ne serait audible que pour quelques privilégiés ? Et puis, ce n’est pas par hasard que vos premiers poèmes ont été publiés sous le titre ‘’Chants d’ombre’’.
Il me répond : sûrement ! Mais Wade, vous devriez écrire tout cela. ‘’J’écrirai, Monsieur le Président, dès que j’aurai un moment.’’.
Nous nous séparâmes sur ces mots, alors que le soleil disparaissant à l’horizon, nous laissant nous draper insensiblement du manteau duclair-obscur du crépuscule et de l’inaudible. Je quittai le président poète avec mes rêveries.
Un auteur qui avait bien compris la nature des relations et des sentiments qui me liaient à SENGHOR est le Commissaire ZUCARELLI de l’assistance technique française qui était rattachéau ministère de l’Intérieur comme assistant technique. Dans son livre sur l’UPS, pourtant parti de SENGHOR il écrit en substance : ‘’WADE et SENGHOR dialoguent au-dessus du peuple. Ils sont seuls à se comprendre’’. SENGHOR m’appelait NDIOMBOR et, pendant la campagne électorale, m’interpellait sous ce nom. La volumineuse correspondance entre lui et moi qui commence en 1951, à l’époque où j’étais étudiant, pourrait être mise à la disposition des chercheurs.
Les jeunes générations doivent savoir que c’est Colette SENGHORqui a eu l’idée de l’Ecole d’excellence de Jeunes Filles Mariama Bâ de Gorée dont elle couvait les élèves d’une maternelle affection. A ses nombreuses œuvres sociales il faut ajouter le Centre médical de Diamniadio que vous devons à la Fondation Colette SENGHOR
Au décès de SENGHOR, mon épouse Viviane qui l’estimait beaucoup, a exprimé sa compassion pour, disait-elle, ‘’cette grande dame qui se distinguait par son élégance’’.
Colette SENGHOR, bourgeoise d’origine française qui aurait pu rejoindre le caveau familial sur la terre de France, avait souhaité, à sa mort, rejoindre au cimetière de Bel Air, au Sénégal, son défunt fils unique, Philippe, qu’elle aimait tant, très tôt arraché à son amour par un terrible accident de la route et son mari SENGHOR La volonté de Madame Colette SENGHOR a été respectée. Elle repose désormais à Bel Air, aux côtés de son mari Léopold SédarSENGHOR et de son fils Philippe Maguillen. Que la terre sénégalaise qu’elle a choisie lui soit légère.
Après le départ de SENGHOR du Pouvoir, nous avons conservé nos bonnes relations et je lui rendais visite, comme lorsque j’étais étudiant à Paris, dans son modeste mais bel appartement de bon goût du 1 Square de Tocqueville à Paris. Député et ministre il avait conservé son appartement. Son bureau, la moitié du mien me paraissait trop petit pour un grand homme comme SENGHOR. Son mobilier d’époque, Louis Philippe si je ne me trompe, était de bon goût. A sa droite deux grandes baies vitrées s’ouvraient sur la courde l’immeuble alors que le mur de gauche était visiblement la bibliothèque encombrée d’ouvrages bien rangés de bas en haut.
La simplicité de sa demeure était à l’image de l’homme et de sa sobriété.
Un jour des amis du Rotary Club de la Seine Saint-Denis avec mon ami Jean Lhopiteau me firent comprendre que le Rotary aimerait recevoir en dîner de gala un intellectuel africain de haut niveau et que certains membres avaient suggéré le nom de Albert Tévoedjréque nous avons perdu récemment. Que son âme repose en paix.Tévoedjré, il est vrai, avec la parution de livre à paradoxes, ‘’La pauvreté, richesse des nations’’ avait enflammé l’opinion tiers-mondiste. Jean Lhopiteau me demanda mon avis.
Je conseillai d’inviter Tévoedjré qui était un ami étudiant militant comme moi, dans le MLN, Mouvement de Libération Nationale pour une conférence et de réserver la soirée de Gala à SENGHOR. Enthousiastes mes amis me répondirent oui, fort bien mais nous n’avons pas son contact. J’ai répondu que je pouvais faire le contact. SENGHOR accepta, bien entendu.
A la soirée de gala, j’étais le seul africain avec SENGHOR face à 250 convives rotariens.
Et c’est à cette occasion que SENGHOR fit une révélation. En vérité, dit-il, je voulais que ce soit Wade qui me succède mais il est allé créer son parti et a déjoué tous mes plans.
SENGHOR m’avait proposé le poste de Vice-Président et l’intermédiaire choisi était M. Mansour Kama Président de la CNES. Notre premier rendez-vous fut à Paris à l’hôtel Terminus de Saint-Lazare.
Les premières négociations commencèrent à Dakar dans une maison à la SICAP face à Soumbédioune. J’y allais chaque fois avec mon collaborateur Ousmane Ngom à qui je demandais de m’attendre dans sa voiture dehors devant la porte.
A mon premier rendez-vous Collin me demanda de revenir la prochaine fois avec des propositions sur la manière dont je voyais l’organisation de la Présidence de la République à mon installation.
Je rendis compte fidèlement à Ousmane Ngom.
Les rencontres suivantes ont eu lieu à l’Hôtel Balzac, Rue Balzac, Champs Elysées, Paris. J’étais accompagné, chaque fois, de mon collaborateur Alioune Badara Niang.
Il fut convenu que je serai installé Vice-Président au mois de mars, après le congrès de l’UPS, étant rappelé que nous étions en juillet (1978 ?).
Le projet n’eut pas de suite et l’histoire nous fournira les explications. En tout cas pour Collin je ne faisais pas preuve de beaucoup d’enthousiasme pour quelqu’un qui voulait être Président de la République. Le projet traîna et se perdit dans les sables de la politique avant le mois de mars.
Les conditions du départ de SENGHOR sont moins simples qu’il ne dit et je reviendrai sur cette question dans mes mémoires.
Mes relations avec cette grande dame, aimable et discrète, datent de l’année 1951 lorsque j’étais étudiant à Paris et qu’elle était la secrétaire du député Léopold Sédar SENGHOR qui me recevait souvent à son bureau de l’Assemblée Nationale, au Palais Bourbon.
Sur l’amabilité de Mme SENGHOR, les Sénégalais apprendront que tous les jeudis à 17 heures, Colette, comme nous l’appelions affectueusement, apportait à notre Siège, Boulevard St Germain à Paris, un gouter que nous partagions avec nos camarades étudiants des autres territoires.
Il n’est donc pas étonnant que Mme SENGHOR soit connue et appréciée, au delà des frontières du Sénégal, par les étudiants africains de l’époque devenus, depuis, des responsables dans leurs pays.
SENGHOR était courageux. Alors que les autres responsables africains fuyaient les étudiants, SENGHOR, averti d’une sérieuse grogne chez les étudiants par les français demanda à venir nous voir. Il vint donc accompagné de Mamadou Dia. Il fut reçu non seulement par les Sénégalais mais aussi les autres étudiants africains.
‘’J’ai entendu dire que vous n’étiez pas contents alors je suis venu prendre la température et vous écouter’’, commença-t-il.
Les interventions fusèrent de partout, contre les députés africains qui nous représentaient au Palais Bourbon. Il y eu beaucoup de vociférations et de cris. D’un calme olympien, SENGHOR répondit aux questions, parfois agressives.
Puis, s’dressant aux vociférateurs il leur dit : ‘’Messieurs, soyezcalmes et patients, la patience est la vertu des intellectuels’’. Il fit face au brouhaha jusqu’à la fin de la réunion. Nous l’accompagnâmes jusqu’à sa voiture sous les applaudissements. On entendait dire : ‘’Vraiment SENGHOR est courageux ! Venir affronter les étudiants chez eux, quel courage ?’’
Plus tard, devenu professeur à l’Université de Dakar, je fis la même expérience en allant affronter pendant toute une soirée les étudiants qui avaient invité les professeurs dans un grand amphithéâtre. Ce fut une défection totale et je dus affronter seul la meute. Après une soirée mouvementée, la réunion se termina par des applaudissementset, comme je n’avais pas ma voiture, les étudiants, chantant et dansant, me reconduisirent jusqu’à ma maison.
Je reviens sur la France. Lorsqu’ un jour deux camarades et moi nous décidâmes de sortir de Paris, nous atterrîmes à Besançon, puis, sept ans après à Grenoble.
Successivement Président des deux sections de la FEANF, je faisais toujours passer par Colette, les résolutions dont nous bombardionsles députés africains qui siégeaient au Palais Bourbon, y compris SENGHOR. Et Dieu sait qu’elles n’étaient pas toujours tendres
Mme SENGHOR était très délicate. Je me souviens qu’un jour, me trouvant par hasard avec le couple SENGHOR dans le même avion qui nous amenait à Dakar, j’ai dit à l’hôtesse de l’air que je souhaitais aller en classe Première saluer le Président SENGHOR. Informé, il accepta. Quand je suis arrivé, Colette s’est levée pour me céder son siège en me disant très exactement ‘’Vous voulez parler à mon mari asseyez vous’’ et elle est allée s’asseoir sur un autre siège.
J’eus, à mon tour, la délicatesse d’écourter ma conversation avec le Président SENGHOR et, au bout de cinq minutes, je me suis levé pour aller remercier Mme SENGHOR et l’inviter à reprendre sa place auprès de son mari.
SENGHOR m’invita un jour à Popenguine. J’étais arrivé là-bas en fin d’après-midi. Nous parlâmes de choses et d’autres pour finir par la littérature. ’’Monsieur je Président, lui dis-je, j’ai remarqué que tous vos poèmes sont dans une ambiance clair-obscur, jamais sous le feux d’un soleil flamboyant. Cela signifie-t-il quelque chose chez vous ? Il me répondit ‘’cherchez, cherchez vous-même. Moi je ne sais pas’’. Je répondis « la poésie étant un reflet de l’âme, je présume qu’en vérité vous vivez un autre monde qui est de rêve, parallèlement au nôtre ». Il sourit et répondit ‘’Peut être’’. Je repris : mon point de vue est corroboré par l’image, dans votre poésie, de l’oncle Toko Waly. Vous écrivez, en effet : ‘’Oncle Toko Walyécoutant l’inaudible’’.
‘’Ecoutant l’inaudible !’’.
SENGHOR, existerait-il, parallèlement à notre monde, un monde qui ne serait audible que pour quelques privilégiés ? Et puis, ce n’est pas par hasard que vos premiers poèmes ont été publiés sous le titre ‘’Chants d’ombre’’.
Il me répond : sûrement ! Mais Wade, vous devriez écrire tout cela. ‘’J’écrirai, Monsieur le Président, dès que j’aurai un moment.’’.
Nous nous séparâmes sur ces mots, alors que le soleil disparaissant à l’horizon, nous laissant nous draper insensiblement du manteau duclair-obscur du crépuscule et de l’inaudible. Je quittai le président poète avec mes rêveries.
Un auteur qui avait bien compris la nature des relations et des sentiments qui me liaient à SENGHOR est le Commissaire ZUCARELLI de l’assistance technique française qui était rattachéau ministère de l’Intérieur comme assistant technique. Dans son livre sur l’UPS, pourtant parti de SENGHOR il écrit en substance : ‘’WADE et SENGHOR dialoguent au-dessus du peuple. Ils sont seuls à se comprendre’’. SENGHOR m’appelait NDIOMBOR et, pendant la campagne électorale, m’interpellait sous ce nom. La volumineuse correspondance entre lui et moi qui commence en 1951, à l’époque où j’étais étudiant, pourrait être mise à la disposition des chercheurs.
Les jeunes générations doivent savoir que c’est Colette SENGHORqui a eu l’idée de l’Ecole d’excellence de Jeunes Filles Mariama Bâ de Gorée dont elle couvait les élèves d’une maternelle affection. A ses nombreuses œuvres sociales il faut ajouter le Centre médical de Diamniadio que vous devons à la Fondation Colette SENGHOR
Au décès de SENGHOR, mon épouse Viviane qui l’estimait beaucoup, a exprimé sa compassion pour, disait-elle, ‘’cette grande dame qui se distinguait par son élégance’’.
Colette SENGHOR, bourgeoise d’origine française qui aurait pu rejoindre le caveau familial sur la terre de France, avait souhaité, à sa mort, rejoindre au cimetière de Bel Air, au Sénégal, son défunt fils unique, Philippe, qu’elle aimait tant, très tôt arraché à son amour par un terrible accident de la route et son mari SENGHOR La volonté de Madame Colette SENGHOR a été respectée. Elle repose désormais à Bel Air, aux côtés de son mari Léopold SédarSENGHOR et de son fils Philippe Maguillen. Que la terre sénégalaise qu’elle a choisie lui soit légère.
Après le départ de SENGHOR du Pouvoir, nous avons conservé nos bonnes relations et je lui rendais visite, comme lorsque j’étais étudiant à Paris, dans son modeste mais bel appartement de bon goût du 1 Square de Tocqueville à Paris. Député et ministre il avait conservé son appartement. Son bureau, la moitié du mien me paraissait trop petit pour un grand homme comme SENGHOR. Son mobilier d’époque, Louis Philippe si je ne me trompe, était de bon goût. A sa droite deux grandes baies vitrées s’ouvraient sur la courde l’immeuble alors que le mur de gauche était visiblement la bibliothèque encombrée d’ouvrages bien rangés de bas en haut.
La simplicité de sa demeure était à l’image de l’homme et de sa sobriété.
Un jour des amis du Rotary Club de la Seine Saint-Denis avec mon ami Jean Lhopiteau me firent comprendre que le Rotary aimerait recevoir en dîner de gala un intellectuel africain de haut niveau et que certains membres avaient suggéré le nom de Albert Tévoedjréque nous avons perdu récemment. Que son âme repose en paix.Tévoedjré, il est vrai, avec la parution de livre à paradoxes, ‘’La pauvreté, richesse des nations’’ avait enflammé l’opinion tiers-mondiste. Jean Lhopiteau me demanda mon avis.
Je conseillai d’inviter Tévoedjré qui était un ami étudiant militant comme moi, dans le MLN, Mouvement de Libération Nationale pour une conférence et de réserver la soirée de Gala à SENGHOR. Enthousiastes mes amis me répondirent oui, fort bien mais nous n’avons pas son contact. J’ai répondu que je pouvais faire le contact. SENGHOR accepta, bien entendu.
A la soirée de gala, j’étais le seul africain avec SENGHOR face à 250 convives rotariens.
Et c’est à cette occasion que SENGHOR fit une révélation. En vérité, dit-il, je voulais que ce soit Wade qui me succède mais il est allé créer son parti et a déjoué tous mes plans.
SENGHOR m’avait proposé le poste de Vice-Président et l’intermédiaire choisi était M. Mansour Kama Président de la CNES. Notre premier rendez-vous fut à Paris à l’hôtel Terminus de Saint-Lazare.
Les premières négociations commencèrent à Dakar dans une maison à la SICAP face à Soumbédioune. J’y allais chaque fois avec mon collaborateur Ousmane Ngom à qui je demandais de m’attendre dans sa voiture dehors devant la porte.
A mon premier rendez-vous Collin me demanda de revenir la prochaine fois avec des propositions sur la manière dont je voyais l’organisation de la Présidence de la République à mon installation.
Je rendis compte fidèlement à Ousmane Ngom.
Les rencontres suivantes ont eu lieu à l’Hôtel Balzac, Rue Balzac, Champs Elysées, Paris. J’étais accompagné, chaque fois, de mon collaborateur Alioune Badara Niang.
Il fut convenu que je serai installé Vice-Président au mois de mars, après le congrès de l’UPS, étant rappelé que nous étions en juillet (1978 ?).
Le projet n’eut pas de suite et l’histoire nous fournira les explications. En tout cas pour Collin je ne faisais pas preuve de beaucoup d’enthousiasme pour quelqu’un qui voulait être Président de la République. Le projet traîna et se perdit dans les sables de la politique avant le mois de mars.
Les conditions du départ de SENGHOR sont moins simples qu’il ne dit et je reviendrai sur cette question dans mes mémoires.
Le Président Wade et Mme SENGHOR s’embrassant affectueusement.
Derrière Mme Viviane Wade
Mme SENGHOR m’appréciait beaucoup et m’avait dans son estime. Ce n’est pas révéler un secret, que de dire que lorsque SENGHOR a annoncé son départ et que les paris sur son remplaçant furent ouverts, au cours d’un diner de famille au Palais, Mme SENGHORet son fils Philippe penchèrent plutôt pour moi. Mais, par la suite, le patriarche en décida autrement.
Colette, Léopold et Philippe, dormez en paix.
Nous prions Dieu, le Tout Puissant et le Miséricordieux, d’accorder son pardon à la famille SENGHOR et de l’accueillir en son paradis.
Dakar, le 4 décembre 2019
Abdoulaye WADE
Ancien Président de la
République du Sénégal
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