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vendredi 17 mai 2013

Devoir de mémoire



LA FAMILLE D’OMAR BLONDIN EXIGE LA RENTROUVERTE DU PROCES

Devoir de mémoire

Vieux SAVANE | 16/05/2013 | 03H40 GMT
 SUDONLINE






11 Mai 1973-11 Mai 2013. Musée historique de Gorée. C'est dans ce lieu habité par les drames de l'esclavage et les violences de l'Etat néocolonial qu'a été dévoilée, samedi dernier, la plaque commémorative de la mort d'Omar Blondin Diop.

40 ans après, dans cette rotonde de l'ancien fort transformé en prison, au contact de la cellule n° 8, l'émotion était perceptible sur les visages des parents, amis, camarades présents. Pour cause, c'est là qu'Omar, un des esprits les plus brillants de sa génération, s'est vu voler la vie. Aussi, en cette journée du 11 Mai 2013, Dr Dialo Diop, son frère cadet,  a t-il exprimé au nom des siens le besoin "de faire la lumière sur les circonstances de la mort de l'ainé de la famille  Blondin". Relevant au passage qu'il y avait  encore, rangés dans les placards de la République, trop de cadavres dont les circonstances de la mort sont restés non élucidées.

Une exigence d'autant plus fondée, a-t-il souligné, qu'un des gardes pénitentiaires de l'époque venait de se prononcer pour la première fois en confortant la thèse du suicide et en récusant les suspicions du juge Moustapha Touré qui avait été en charge du dossier (voir Le Quotidien du week-end). Dr Dialo Diop a par ailleurs appelé à s'engager vers plus de transparence en vue d'ouvrir de nouvelles pages d'une démocratie enfantée  au prix d'importants sacrifices et présentement abîmée par un puissant sentiment d'impunité qui s'est cristallisé ces dernières années.

C'est pourquoi, voir cette plaque dévoilée par la famille en présence de l'adjointe du maire de Gorée, du directeur de l'Ifan et du directeur du musée Historique de Gorée, revêtait une charge symbolique inestimable. D'autant plus qu'elle a été logée dans la salle des résistants, aux côtés des Lamine Arfang Senghor, Aline Sitoe Diatta, Alboury Ndiaye (…). Des noms qui tonnent et résonnent comme un refus de la domination et de l'aliénation. Et  parce qu'Omar était un résistant, il était loisible de nourrir le sentiment de Frantz Fanon affirmant dans "Peau noire, Masque blanc" : "Chaque fois qu'un homme a fait triompher la dignité de l'esprit; chaque fois qu'un homme a dit non à une tentative d'asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte".

L'adjointe au Maire pouvait alors confier son souhait de voir les milliers d'élèves des écoles qui visitent chaque année le musée de Gorée assurer la transmission mémorielle en découvrant  la plaque commémorative dévoilant un beau visage dévorant un livre, et sur laquelle est gravée la mention suivante: "Omar Blondin Diop. Né le 18 septembre 1946 à Niamey. Mort en détention dans cette cellule dans la nuit du 10 au 11 mai 1973".

Surtout en ces périodes troubles de l'histoire du Sénégal où les prisons sont de plus en plus visitées par des locataires d'un genre nouveau à qui il est reproché non pas des velléités révolutionnaires mais plutôt des pulsions prédatrices.

C'est dire que dans l'atmosphère de cette ancienne prison de Gorée qui abritait la cellule n° 8, flottait comme une nostalgie de l'espoir, celle d'une période meublée par des défricheurs d'avenir.

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